Juste après que j’aie tenté ici de « décrypter » la méthode Bergoglio à travers sa réponse au 2ème dubium des cinq cardinaux – celui sur la bénédiction des unions homosexuelles -, je lis chez AM Valli cet article formidable, signé d’un prêtre, qui lui aussi décrypte la méthode Bergoglio, mais infiniment mieux que moi.

La réponse du pape aux nouveaux dubia, et le triomphe du maancheismo (*)

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(*) Mot-valise formé sur les deux mots ma -anche (mais – aussi)
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(…) après une longue période d’absence du monde virtuel, je reviens pour commenter les dubia 2.0 que des cardinaux ont adressés au Saint-Père.

Par où commencer ? Depuis dix ans, le peuple catholique vit au quotidien avec un pontife qui, au lieu de résoudre les questions qui surgissent peu à peu sur le chemin de l’Église, alimente ses conflits à l’infini, avec le résultat décourageant de voir ses enfants s’entre-déchirer, détournant leurs meilleures énergies de la véritable urgence, qui est de rechristianiser un monde devenu païen et oublieux de la moindre connaissance de la foi.

Aujourd’hui, je voudrais m’attarder sur la méthode systématiquement utilisée par Bergoglio, que je définirais comme le « maanchismo », ce « oui, mais aussi » avec lequel il parvient d’une part à échapper aux accusations d’hérésie, tout en contribuant d’autre part à creuser une division toujours plus profonde parmi les fidèles, se révélant en cela un véritable princeps fragmentorum (comme les médiévaux appelaient Satan).

En lisant la réponse de Bergoglio aux nouveaux dubia, la même façon d’argumenter émerge dans les cinq points : la première ligne confirme la vérité catholique, tandis que les points suivants ouvrent la voie à la solution opposée.

Pour ceux qui n’ont pas eu le temps ou l’envie de les lire, je voudrais résumer les réponses en montrant la présence constante du maanchisme.

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Question 1 : la Révélation divine doit-elle être réinterprétée en fonction des changements culturels et anthropologiques du moment ?

Le pape répond que la Révélation divine est immuable et toujours contraignante, mais qu’elle est aussi affectée par le conditionnement du temps, et qu’il faut donc distinguer entre ce qui « a été révélé pour le salut de tous » et les choses secondaires.

Par conséquent, la Révélation divine est éternelle, mais elle doit aussi être interprétée.

Le pape fait ici semblant d’ignorer que toutes les questions théologico-anthropologiques à l’ordre du jour du Synode sont essentielles à notre foi et ne sont pas des choses secondaires.

Question 2 : est-il possible de bénir les couples homosexuels ?

Le pape répond immédiatement en rappelant que l’Eglise a une conception précise du sacrement du mariage, c’est pourquoi elle ne peut accepter celui entre deux personnes de même sexe. Il précise qu’il ne s’agit pas d’utiliser une terminologie spécifique pour éviter les confusions, car il s’agit de deux réalités différentes et qu’il faut donc éviter les rites alternatifs. Cependant, immédiatement après, il se contredit en ouvrant la possibilité de donner une bénédiction (à l’individu ou au couple) avec des procédures/rites qui, cependant, ne devraient pas être officiellement reconnus.

Parmi les dubia, je crois que c’est dans cette deuxième question que le court-circuit maximal a été atteint, déterminé par le fait de ne pas vouloir réitérer le simple jugement qui considère l’exercice des actes homosexuels comme un péché, qui a toujours été jugé ainsi par l’Écriture et la Tradition de l’Église. Il ne s’agit donc pas de savoir si l’Église peut « marier » ou seulement « bénir » les couples homosexuels, puisque c’est la nature mauvaise des actes qui empêche les deux solutions.

En tout cas, la conclusion du Pape, difficile à résumer avec un brin de logique, semble être la suivante : le mariage sacramentel n’est qu’entre un homme et une femme, mais même une bénédiction de couples n’est pas à exclure, à condition qu’elle se fasse sans chrême officiel… todos, todos !

Je laisse de côté la 3ème question car le pape n’a pas compris le contenu objectif de la question et a répondu autre chose.

Question 4 : l’ordination sacerdotale des femmes

Au début, le pape répète que l’interdiction est définitive, mais immédiatement après, il affirme que l’Église n’a pas encore de doctrine claire sur ce qu’elle entend par « déclaration définitive ». Pour cette raison, l’éventuelle ordination de femmes à la prêtrise ne peut pas être enseignée publiquement, mais le sujet peut encore être discuté dans le cadre de la recherche théologique.

En résumé : l’interdiction de l’ordination sacerdotale des femmes est définitive, mais elle ne l’est pas non plus, car nous ne savons pas ce que l’Église entend par « définitive »…Très bien !

Vivre (et souffrir) dans cette Église, c’est comme être constamment ballotté entre un hôpital – pas un hôpital de campagne, mais un hôpital psychiatrique ! – et l’Accademia della Crusca.

Question 5 : possibilité d’absolution sans repentir

Le pape répond que le repentir est nécessaire pour l’absolution sacramentelle, mais il ajoute ensuite qu’il y a de nombreuses façons d’exprimer le repentir, et comme pour certaines personnes plaider coupable est une torture, il vaut mieux ne pas leur demander des buts d’amendement trop précis.

Donc : le repentir est nécessaire, mais il est aussi bon de ne pas le demander de manière spécifique pour ne pas heurter la sensibilité du pénitent.

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Que dire? C’étaient des questions si simples, et pourtant aucune n’a reçu de réponse. Mais on ne demandait pas la lune! Au moins sur l’ordination des femmes prêtres… Incroyable.

Je termine par cette question : pourquoi le maanchisme est-il préjudiciable à la foi ?

Parce qu’il empêche chacun de nous de faire le choix définitif de Dieu. C’est un peu comme le baptême : avant de le recevoir, nous devons explicitement renoncer au mal ; le maanchisme empêche ce détournement des voies perverses et nous convainc que nous menons une vie conforme à l’Évangile, alors qu’en fin de compte, si nous sommes sincères jusqu’au bout, nous ne faisons que vivre selon nos propres goûts, souvent conditionnés par les pouvoirs de ce monde. Le maanchisme devient ainsi le grand alibi avec lequel nous pouvons continuer à faire ce que nous voulons, même en nous croyant particulièrement intelligents, car « il faut tenir compte de la complexité de la vie ».

En écoutant et en lisant les paroles du pape François, je me souviens toujours de l’avertissement de Jésus :

« Que votre discours soit oui oui, non non, tout le reste vient du malin ».

L’esprit qui corrompt l’intelligence et le cœur de nombreux pasteurs qui agissent dans l’illusion qu’ils peuvent se moquer de tous les fidèles et, surtout, de Dieu me semble aujourd’hui plus qu’évident: horrendum est incidere in manus Dei viventis ! [Ndt – « C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant », Heb 10,31]

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