Il est particulièrement courageux, en ces temps, de prendre position sur un conflit (ou même d’en parler) qui se déroule, les uns diront loin de nous, les autres diront à nos portes, selon le point de vue adopté, et de toute façon dans une zone hautement sensible, mais qui n’est pas le nôtre, en tout cas pas le mien, et sans doute pas celui de la plupart des gens qui vivent ici. Je salue donc Giuseppe Nardi, qui, dans le sillage du néo-cardinal Pizzaballa ([1]), patriarche latin de Jérusalem (en l’occurrence impeccable), nous indique l’attitude catholique, loin des cris des médias, des politiciens et des va-t-en guerre de salon.

Le parti de la Terre Sainte

Keine einseitigen und falschen Parteinahmen, wenn es um das Heilige Land geht

Giuseppe Nardi
11 octobre 2023
katholisches.info

Nous, chrétiens, ne sommes pas le parti du Hamas, mais nous ne sommes pas non plus le parti d’Israël : nous sommes le parti de la Terre sainte. Ceux qui prétendent le contraire se sont probablement perdus.

Chacune des parties au conflit au Proche-Orient tente depuis longtemps de rallier les chrétiens à sa cause, pour des raisons aussi compréhensibles que transparentes, et déploie à cet effet de gros efforts de propagande, souvent difficiles à identifier. Mais ce faisant, la division se propage au sein de la chrétienté. Les chrétiens rivalisent dans la rhétorique de l’indignation et s’attaquent mutuellement parce que les uns prennent parti pour les juifs, les autres pour les musulmans. Les chrétiens s’opposent soudain de manière très émotionnelle pour une cause qui n’est pas la leur. Cela ne devrait pas être le cas. Ils contribuent ainsi à introduire des conflits étrangers chez nous, ce qui se produit de toute façon déjà dans nos pays avec la migration de masse.

L’Eglise catholique, les organisations catholiques et les médias catholiques (…), devraient refuser toute récupération et retrouver la sobriété nécessaire et une vision claire de ce qui leur est propre. Le ton et le zèle dont certains – qui ne se sont même pas retournés lors du conflit du Haut-Karabakh il y a trois semaines, par exemple – ont fait preuve ces derniers jours pour prendre un certain train en marche, ont quelque chose de déconcertant.

La cruauté est la cruauté, le meurtre est le meurtre, l’injustice est l’injustice, quel que soit le côté ou le prétexte. Il n’y a pas de bonne cruauté ni de bonne inhumanité. La plupart des chrétiens d’Occident n’ont guère d’idée des injustices que les deux parties au conflit ont accumulées en Terre sainte et aussi contre les chrétiens.

Le patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, qui était auparavant déjà depuis de nombreuses années le custode franciscain de Terre Sainte et qui est l’un des meilleurs connaisseurs de la situation difficile, voire complexe, en Terre Sainte, adopte une position catholique dans cette situation. Cela seul est approprié et devrait servir de guide aux représentants de l’Eglise. Il condamne les crimes, prie pour la paix, mais évite toute prise de parti dans un conflit qui n’est pas du tout aussi unidimensionnel que beaucoup le présentent actuellement.

Par principe, il est conseillé de se méfier particulièrement lorsque le mainstream pousse de grands cris et veut dicter ce qui doit être pensé. On ne voit et n’entend que ce qui nous est présenté de manière sélective, on ne voit et n’entend pas le reste.

Mais surtout, ce n’est pas notre conflit. Cela n’a rien à voir avec l’indifférence, même si actuellement certains insinuent volontiers le contraire avec l’index levé d’un moralisme « de posture » trompeur. Ce n’est pas non plus une question de sympathie personnelle ou de manque d’empathie, mais cela signifie que notre devoir est de prier pour la paix, d’apporter une aide humanitaire, mais sans brandir unilatéralement le drapeau d’une des parties au conflit ou d’en pavoiser des bâtiments.

Le cas échéant, il est de notre devoir, lorsque cela est possible, de désescalader et d’intervenir en faveur de la paix par le biais d’une médiation, mais : pas de cri pour les armes, pas de cri pour la vengeance et les représailles, pas de cri pour la destruction et pas de prise de parti bruyante pour la cause des autres.

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Ndt

[(1)] En prolongement de leur article du 9 octobre ( L’ambassadeur d’Israël près le Saint-Siège attaque Pie XII ), Silere non possum a publié le lendemain une mise au point:

« Le message des patriarches est parti alors que nous n’étions pas encore pleinement conscients de ce qui se passait. Nous comprenons l’état d’esprit des Israéliens face à l’horreur et à la barbarie dont nous ne prenons conscience que maintenant. Peut-être ont-ils réagi trop vite, mais l’heure n’est pas à la polémique. La situation est très grave, nous devons travailler à nous comprendre ».

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Ce sont les mots que Sa Béatitude le Cardinal Pierbattista Pizzaballa, O.F.M., confie au Quotidiano Nazionale [site d’information italien] après que l’Ambassade d’Israël auprès du Saint-Siège a publié un communiqué honteux dans lequel elle attaque les responsables des Eglises de Jérusalem parce qu’ils n’ont pas clairement défini, à son avis, qui est le méchant et qui est le bon.

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« Peut-être la colère d’Israël vient-elle du fait que les patriarches n’ont pas nommé le Hamas dans le communiqué », demande le journaliste.

« Oui, c’est le problème, mais ce sont des entités politiques. Il est clair que nous ne pouvons pas utiliser leur langage. Nous allons essayer de comprendre leurs raisons, mais ce ne sont pas eux qui déterminent ce que nous disons« , répond le cardinal qui est arrivé il y a quelques heures à Jérusalem et précise : « La situation actuelle montre clairement que la question palestinienne n’est pas résolue ».

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https://silerenonpossum.com/pizzaballa-non-sara-israele-a-determinare-quello-che-diciamo-noi/
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