Le pontificat bergoglien s’épuise dans les polémiques et les provocations sans fin, entre gestes inédits, pour ne pas dire inouïs (audiences du pape à un groupe LGBT+), attaques à peine subliminales à la doctrine (Synode, Tucho), opposants humiliés et réduits au silence (Mgr Gänswein), nominations suspectes, ingérences politiques déplacées notamment en Argentine, et aussi dans le domaine hyper-sensible de l’immigration, etc., sans parler de l’âge du Pape et de ses limitations physiques.
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il n’est donc pas surprenant qu’il soit de plus en plus question du prochain conclave, et les vaticanistes sont déjà lancés dans le jeu du « totopapa ». Sans doute vain, mais intéressant, ne serait-ce que pour mesurer les tendances au sein du Sacré Collège, même si Bergoglio l’a tellement « pulvérisé » – en promouvant à la pourpre des hommes venus du « bout du monde », qui se connaissent à peine et qui n’ont aucune vue d’ensemble sur la situation de l’Eglise -, qu’il est impossible de faire des pronostics fiables.

Le site britannique (sérieux et très bien informé) « The Pillar » proposait ces jours-ci deux portraits de papabili possibles. Ils ont en commun d’être italiens, ce qui peut être un atout… et un handicap.

Premier volet, Pierbattista Pizzaballa, Patriarche latin de Jérusalem, 58 ans, faisant partie de la dernière fournée de cardinaux nommés par François, et qui est en ce moment sous le feu, plutôt flatteur, des projecteurs, pour son attitude dans le conflit israélo-palestinien en cours.

Pierbattista Pizzaballa : "Nous devons travailler à la cessation des  hostilités".

Pizzaballa, dans l’oeil du cyclone

Luke Coppen
https://www.pillarcatholic.com/p/pizzaballa-a-cardinal-in-the-eye

Le cardinal Pierbattista Pizzaballa n’a reçu le chapeau rouge qu’il y a quelques semaines. Mais il est déjà devenu l’un des cardinaux les plus en vue au monde.

Sa visibilité mondiale s’est considérablement accrue lundi quand il a fait l’une des propositions les plus saisissantes d’un membre du Collège des cardinaux de mémoire récente.

Le patriarche latin de Jérusalem, qui dessert les catholiques de rite latin à Chypre, en Jordanie, en Israël et en Palestine, a déclaré le 16 octobre qu’il était prêt à être échangé contre des otages israéliens détenus à Gaza par le groupe islamiste Hamas.

Lors d’une séance d’information en ligne avec des journalistes, il a déclaré : « Si je suis prêt à un échange ? N’importe quoi, si cela peut conduire à la liberté et ramener ces enfants à la maison, pas de problème. Pour ma part, je suis tout à fait disposé à le faire ».

Ce commentaire a fait la une des journaux du monde entier, rehaussant instantanément le profil du cardinal, tant dans le monde catholique qu’à l’extérieur.

Mais qui est le cardinal Pizzaballa ? Son offre d’échange d’otages sera-t-elle acceptée ? Et si ce n’est pas le cas, quelle différence – si tant est qu’il y en ait une – sa proposition fera-t-elle ?

Qui est le cardinal Pizzaballa ?

Pierbattista Pizzaballa est né en 1965 à Cologno al Serio, l’une des plus anciennes villes d’Italie, située dans la province septentrionale de Bergame.

Son prénom est une combinaison de Piero (Pierre) et Battista (Baptiste). Son nom de famille serait spécifique à la région de Bergame. Malheureusement, il ne semble pas être lié à la pizza. Selon une source, il proviendrait d’un terme archaïque du dialecte lombard, signifiant « quelqu’un de bavard » ou « qui suscite des discussions ».

À l’âge de 19 ans,Pizzaballa a reçu l’habit de l’Ordre des frères mineurs (franciscains) et a fait sa profession solennelle en 1989. Il a été ordonné prêtre un an plus tard, à Bologne, et transféré à Jérusalem, où il est resté pendant les trois décennies suivantes.

Bien qu’il ne connaisse pas les langages locaux, il a supervisé la publication du Missel romain en hébreu cinq ans seulement après son arrivée. Il a également été le vicaire général du patriarche latin de Jérusalem pour la pastorale des catholiques de langue hébraïque en Israël.

En 1999, Pizzaballa a officiellement commencé à servir dans la Custodie de Terre Sainte, le nom donné à la province des Franciscains basée à Jérusalem. Cinq ans plus tard, à l’âge de 39 ans, il a été nommé Custode de Terre Sainte, le Supérieur majeur des Frères Mineurs au Moyen-Orient. Il a occupé ce poste pendant 12 ans et a été reconduit deux fois dans ses fonctions.

C’est à ce moment que le pape François a commencé à lui témoigner une grande faveur, en le nommant d’abord administrateur apostolique du Patriarcat latin de Jérusalem, à la suite du départ à la retraite du patriarche Fouad Twal. Au terme d’un mandat de quatre ans en tant qu’administrateur apostolique, au cours duquel il a remanié la gestion financière du patriarcat, Pizzaballa a été nommé patriarche latin.

Au début du mois, à l’âge de 58 ans (encore jeune en termes ecclésiastiques), il a reçu le chapeau rouge des mains du pape François, devenant ainsi le premier cardinal résident de l’histoire de Jérusalem et le dixième membre le plus jeune du collège des cardinaux.

Quelles sont les qualités qui ont propulsé Pizzaballa dans la hiérarchie de l’Église ?

Mgr Tino Scotti, prêtre bergamasque qui a travaillé à la Secrétairerie d’État du Vatican, le décrit comme une « excellente personne ».

« Il n’est pas du genre tape-à-l’œil, à rechercher les applaudissements, mais c’est un homme fin et respectueux, un intellectuel qui a une grande expérience du monde du Moyen-Orient, en particulier du monde juif », a dit Mgr Scotti.

« En Israël et en Palestine, il est très apprécié parce qu’il a toujours été à la hauteur, à la fois en tant que Custode et en tant que Patriarche. Alors que d’autres voient dans son ascension une reconnaissance de ses qualités de dirigeant, Pizzaballa lui-même considère son élévation comme « un signe d’attention de l’Église de Rome envers l’Église mère, l’Église de Jérusalem ».

Son offre sera-t-elle acceptée ?

Le Hamas est-il susceptible d’accepter l’offre de Pizzaballa d’être échangé contre des enfants saisis dans le sud d’Israël ?

Selon le Times of Israel, la réponse est non. « Il est peu probable que l’offre soit prise en compte par le Hamas », a-t-il affirmé le 16 octobre.

Le journal n’a pas donné les raisons de cette conclusion. L’une d’entre elles pourrait être que l’organisation se prépare à une guerre totale avec Israël et qu’elle ne peut ou ne veut donc pas envisager une telle offre.

Si l’Iran a laissé entendre que le Hamas libérerait les quelque 200 otages en échange de l’arrêt des frappes aériennes israéliennes, il n’est pas certain que le Hamas lui-même ait posé des conditions à leur libération.

Dans cette situation incertaine et en évolution rapide, le geste de Pizzaballa pourrait tout simplement ne pas être pris en compte par le Hamas.

S’adressant aux journalistes lundi, le cardinal a fait remarquer que ni lui ni son bureau n’avaient eu de contact direct avec le groupe.

« Vous ne pouvez pas parler au Hamas. C’est très difficile », a-t-il déclaré, selon Reuters.

L’offre changera-t-elle quelque chose ?

S’il est peu probable que la proposition de Pizzaballa soit acceptée par le Hamas, elle pourrait être appréciée en Israël.

Si c’est le cas, ce serait important, car les diplomates israéliens ont vivement critiqué Pizzaballa pour une déclaration publiée le jour de l’attaque du Hamas contre Israël par les patriarches et chefs des Églises de Jérusalem, un organisme œcuménique auquel il appartient.

Lundi, lors d’une rencontre avec des journalistes, Pizzaballa aurait déclaré qu’il n’était pas responsable de la rédaction de ce document, qui a contribué à déclencher une crise dans les relations entre le Vatican et Israël.

« Le ministère israélien des affaires étrangères est très irrité et je comprends son raisonnement », a-t-il commenté.

Son offre d’échange d’otages pourrait peut-être contribuer à apaiser les tensions.

L’incident diplomatique met en lumière les conditions extrêmement délicates dans lesquelles Pizzaballa exerce ses fonctions de patriarche latin. Le fait qu’il soit largement considéré comme le représentant du pape en Terre sainte amplifie ses remarques et signifie qu’elles ont un impact sur les relations entre le Vatican et Israël.

Malgré la nécessité de peser ses mots, le cardinal reste plus accessible aux médias que nombre de ses confrères, ce qui est peut-être conforme à la prétendue étymologie de son nom : « quelqu’un qui est bavard » ou « qui suscite des discussions ».

Quelle est la suite des événements ?

L’émergence de Pizzaballa en tant que voix catholique majeure sur la scène mondiale est un développement notable.

Comme l’historien et commentateur Massimo Faggioli l’a écrit cette semaine, « Le fait que le patriarche de Jérusalem soit maintenant cardinal signifie qu’il y aura une relation plus forte entre Rome et Jérusalem, et une voix plus forte pour l’Église de Jérusalem à la fois à Rome et dans l’Église mondiale ».

Faggioli affirme que l’émergence de Pizzaballa « ne pouvait pas arriver à un moment plus délicat », non seulement en raison de la guerre entre Israël et le Hamas, mais aussi en raison d’un « changement dans les narratifs historiques » qui pourrait avoir un impact profond sur les relations entre catholiques et juifs.

« Bien que les relations entre Jérusalem et Rome se soient renforcées, elle se produit alors que la mondialisation du catholicisme a conduit à un rétrécissement du ‘prisme juif’ dans la compréhension historique et théologique du christianisme », écrit-il.

En tant que patriarche latin de Jérusalem, Pizzaballa contribuera à façonner la réponse de l’Église à ce changement d’époque, tout en supervisant une communauté catholique divisée dans un point névralgique mondial.

Pizzaballa occupe l’une des fonctions les plus difficiles de l’Église catholique après celle de pape. Pourrait-il donc, à terme, assumer ce rôle ?

À son âge actuel, il peut être considéré comme trop jeune, même si Jean-Paul II avait 58 ans quand il a été élu. Le cardinal italien a toutefois l’avantage d’être bien connu des ecclésiastiques du monde entier, dont beaucoup l’ont rencontré lors de visites en Terre sainte (ou à Rome, où il se rend régulièrement).

Quand le moment sera venu, les commentateurs seront probablement divisés sur la question de savoir si sa nationalité est un atout ou un inconvénient. La proportion d’Italiens parmi les cardinaux électeurs s’est réduite à seulement 12 % sous le pape François. Mais il est impossible d’exclure que les participants à un futur conclave favorisent une renaissance italienne.

Tout cela est purement hypothétique, mais ce qui semble certain, c’est que Pizzaballa est confronté au plus grand défi de leadership de sa vie – et quand cette crise prendra fin, d’autres l’attendront sûrement.

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