En juillet dernier, un évêque diocésain brésilien, Mgr José Negri, avait formulé des dubia sur la possibilité pour les transsexuels et les homosexuels (rebaptisés, si j’ose dire personnes homoaffectives) de participer aux sacrements du baptême et du mariage. Tucho Fernandez, nouveau préfet de la DDF a répondu par une lettre du 31 octobre, approuvée par le Pape ex audentia, qui a été rendue publique hier. Le préfet a pris soin de citer le magistère antérieur et les pères de l’Eglise, mais en les tronquant, pour les « plier » le cas échéant à ses propres intentions. Comme lorsqu’il se réfère à Jean-Paul II.


La réponse du préfet de la DDF aux nouveaux dubia
(https://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_ddf_20231031-documento-mons-negri.pdf)
Les homosexuels sont désignés sous un nouveau vocable pudique, destiné à enrichir le dictionnaire de la novlangue: « personnes homoaffectives »

LES PERSONNES TRANSSEXUELLES PEUVENT RECEVOIR LE BAPTÊME

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Un document du dicastère pour la Doctrine de la foi signé par le préfet Mgr Victor Manuel Fernandéz et approuvé par le Pape lors de l’audience du 31 octobre exprime un avis positif « s’il n’y a pas de scandale parmi les fidèles ». Rien ne s’oppose à ce qu’elles soient témoins d’un mariage. Oui au baptême des enfants de couples homosexuels même s’ils sont nés d’une gestation pour autrui.

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Les personnes transsexuelles, même si elles ont subi un traitement hormonal ou une chirurgie de réassignation sexuelle, peuvent recevoir le baptême «s’il n’y a pas de situations dans lesquelles il existe un risque de scandale public ou de désorientation des fidèles». Les enfants de couples homosexuels peuvent recevoir le baptême même s’ils sont nés d’une mère porteuse, à condition qu’il y ait un espoir fondé qu’ils soient éduqués dans la foi catholique. C’est ce qu’affirme le dicastère pour la Doctrine de la foi dans une note signée par le préfet Victor Manuel Fernandéz, approuvée par le Pape le 31 octobre.

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Les questions d’un évêque brésilien

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En juillet dernier, Mgr José Negri, évêque de Santo Amaro au Brésil, avait demandé des éclaircissements sur la possible participation aux sacrements du baptême et du mariage des personnes transsexuelles et homosexuelles. Les réponses «reproposent, en substance, le contenu fondamental de ce qui a déjà été affirmé dans le passé à ce sujet par ce dicastère».

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https://www.vaticannews.va/fr/vatican/news/2023-11/les-personnes-transsexuelles-peuvent-recevoir-le-bapteme.html

Comment le Dicastère pour la Doctrine de la Foi manipule et mystifie la pensée de Jean-Paul II

Une réflexion sur le document tout récent [en italien ici] publié par le Dicastère pour la Doctrine de la Foi dans une réponse signée par le préfet Fernández, approuvée par le pape le 31 octobre.

Le texte concerne, entre autres, la possibilité pour les personnes transgenres de recevoir le baptême et d’être parrain ou marraine lors d’un baptême ou témoin lors d’un mariage. Je laisse de côté les références en forme d’excusatio non petita au fait que les « réponses suivantes reproposent, en bonne substance, le contenu fondamental de ce qui a déjà été affirmé dans le passé par ce Dicastère », ainsi que les références à la nécessité de ne pas créer de scandale (plus rien ne nous scandalise aujourd’hui de toute façon).

Je ne dispose pas d’un bagage théologique suffisant pour commenter le document (qui, en tant que simple croyant, me semble toutefois inqualifiable). Je voudrais seulement souligner le point où il est dit que

« même lorsque des doutes subsistent sur la situation morale objective d’une personne ou sur ses dispositions subjectives à l’égard de la grâce, il ne faut jamais oublier cet aspect de la fidélité de l’amour inconditionnel de Dieu, capable d’engendrer même avec le pécheur une alliance irrévocable, toujours ouverte à un développement qui est aussi imprévisible. Cela est vrai même lorsque le but de l’amendement n’apparaît pas de manière pleinement manifeste chez le pénitent, car souvent la prévisibilité d’une nouvelle chute ‘n’ébranle pas l’authenticité de l’intention’« .

La citation sur « l’authenticité de l’intention », se référant à saint Jean-Paul II (note 7), m’a laissé incrédule : est-il possible que saint Jean-Paul II ait approuvé la possibilité de pardonner au pécheur même si « chez le pénitent un dessein d’amendement n’apparaît pas de manière pleinement manifeste » ?

Je suis donc allé vérifier la citation complète de la lettre de Jean-Paul II au cardinal William W. Baum, disponible sur le site du Vatican [en italien ici].

La lettre dit :

« Il faut cependant rappeler que l’existence d’une intention sincère est une chose, le jugement de l’intelligence sur l’avenir en est une autre : il est en effet possible que, même dans la fidélité à l’intention de ne plus pécher, l’expérience du passé et la conscience de la faiblesse présente fassent naître la crainte de nouvelles chutes ; mais cela ne préjuge pas de l’authenticité de l’intention, lorsque cette crainte est unie à la volonté, soutenue par la prière, de faire ce qui est possible pour éviter le péché ».

N’en déplaise au préfet (et au pape qui a approuvé le document), saint Jean-Paul II n’a jamais affirmé que dans le doute, et même quand la volonté de repentir du pénitent n’est pas manifeste, le baptême ou l’absolution doivent être accordés.

Au contraire, dans la lettre au cardinal Baum, il est explicitement indiqué:

« Il est également évident en soi que le fait de s’accuser de ses péchés doit inclure l’intention sérieuse de ne pas les commettre à nouveau à l’avenir. Si cette disposition de l’âme faisait défaut, il n’y aurait en fait pas de repentir : il s’agit en effet du mal moral en tant que tel et, par conséquent, ne pas prendre position contre un éventuel mal moral reviendrait à ne pas détester le mal, à ne pas avoir de repentir ».

De même, il est évident que malgré « l’authenticité de l’intention », nous sommes toujours pécheurs et malheureusement toujours exposés à de nouvelles chutes.

Je constate avec regret que toute pudeur est désormais abandonnée: nous ne nous contentons pas de cautionner la nouvelle théologie, mais nous prétendons même la légitimer en manipulant et en mystifiant jusqu’à la pensée des saints.

Que le Seigneur nous vienne en aide.

Vincenzo Rizza

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