Voici un autre commentaire (cf. Même dans sa sépulture, il faut qu’il se démarque), paru sur Il Giornale, plutôt bien vu. L’auteur cherche à se rassurer (et à rassurer les catholiques perplexes, sinon inquiets), ou bien c’est juste une concession formelle, obligée pour ne pas passer pour un bergogliophobe primaire, lorsqu’il dit que parmi les options possibles expliquant le choix du Pape de se faire enterrer à Sainte-Marie-Majeure, celle qu’il préfère est la dévotion mariale. Une dévotion d’ailleurs pas si étonnante, car Marie est vénérée aussi par les musulmans, même si c’est pour des raisons qui n’ont rien de « catholique »

La piste mariale pour la dernière « rupture » de Bergoglio

Il n’y a jamais de paix, avec le pape François. Même son repos éternel réussit à provoquer en moi un petit stress intellectuel.

Camillo Langone
www.ilgiornale.it/

Il n’y a jamais de paix, avec le pape François. Même son repos éternel réussit à provoquer chez moi un certain stress intellectuel.

Après l’interview dans laquelle il a exprimé ses souhaits funéraires, je suis là à me demander pourquoi il a décidé d’être enterré, quand Dieu le voudra, à Sainte-Marie-Majeure et non à Saint-Pierre, comme tous ses prédécesseurs immédiats. Pourquoi nous inflige-t-il une nouvelle, une énième, rupture avec la tradition ? La compagnie du pape Benoît XVI et du pape Jean-Paul II (et Jean-Paul I et Paul VI…) ne lui convenait-elle pas ?

Bien sûr, il n’y a rien à redire à Sainte-Marie-Majeure, une « archibasilique papale » qui n’est pas le Vatican mais presque, bénéficiant d’un statut extraterritorial spécial. Proche de la Stazione Termini, elle est également plus facile à visiter. Et elle est presque aussi monumentale que Saint-Pierre : située sur la colline de l’Esquilin, somptueuse à l’extérieur comme à l’intérieur, elle est aussi peu franciscaine qu’on puisse l’imaginer.

Ce choix ne semble donc pas relever de l’humilité.

J’ai lu des hypothèses. En voici une : saint Ignace de Loyola, le fondateur des jésuites, a célébré sa première messe à Sainte-Marie-Majeure, ce qui, pour un jésuite comme Bergoglio, pourrait être un rappel. Alors pourquoi ne pas être enterré dans l’église du Gesù [l’église jésuite de Rome] où repose la dépouille du saint espagnol ?

La présence d’une icône mariale très ancienne et très importante, la Vierge Salus Populi Romani devant laquelle François s’est recueilli en prière à de nombreuses reprises, semble plus déterminante.

En revanche, j’exclurais un lien avec un grand pontife du XVIe siècle enterré là, le pape Pie V. Car par rapport au pape actuel, Papa Ghislieri est tout le contraire : c’est le pape de la bataille de Lépante (alors que Bergoglio est œcuménique, voire carrément islamophile) et c’est le pape du missel latin (que Bergoglio combat vigoureusement, pour ne pas dire persécute, en imposant partout la messe dans la langue locale).

Non, ce n’est certainement pas la raison.

Finalement, j’ai choisi de prendre au pied de la lettre l’hypothèse de la dévotion mariale, parce que j’ai moi aussi une dévotion [spéciale] de la Vierge et parce que c’est l’hypothèse qui me rassure le plus, faisant de cette nouvelle une rupture seulement apparente.

Si seulement toutes les ruptures du pape François étaient ainsi.

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