Il a montré à travers l’expérience « grandeur nature » de son désastreux pontificat l’urgence de réformer la papauté. Luis Badilla après l’avoir soutenu avec bec et ongles, le « lâche » aujourd’hui en arrêtant son blog, qui était pourtant depuis le début une source précieuse d’informations sur le Saint-Siège, même s’il était orienté (j’en reparlerai). La goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été l’issue du procès Becciu (que je n’ai pas suivi)

On me permettra de ne pas partager en totalité son analyse (très loin de là), la papauté telle qu’elle a été exercée par Benoît XVI et par les papes qui l’ont précédé n’avait rien d’une dictature, et n’avait pas besoin d’être « réformée » dans le sens entendu ici. Et il est clair que Badilla, un homme de gauche, règle des comptes avec ses compatriotes, notamment avec le prédécesseur de François sur le trône de Buenos Aires, le cardinal « réactionnaire » Quarracino. Mais François a exacerbé jusqu’à la caricature le pire de la papauté, tout en faisant croire à ceux qui voulaient la « démocratiser » qu’il travaillait pour eux.
Et Luis Badilla arrive en partie à la même conclusion que la frange conservatrice de l’Eglise: finalement, François pourrait permettre, paradoxalement, de crever l’abcès

La plus grande contribution du pape François :

Avoir fait comprendre qu’il y a un besoin urgent de réformer la papauté

Luis Badilla,
Rédaction de Il Sismografo
ilsismografo.blogspot.com
17 décembre 2023

La primauté du Successeur de Pierre, sa mission et son ministère ne sont pas en cause. Ce qu’il faut réformer, c’est l’exercice du pouvoir du pontife, qui ne peut plus être absolu et à vie. C’est là la vraie grande réforme.

La manière, le style et les méthodes – ainsi que le discours narratif – avec lesquels le pape Bergoglio a exercé son ministère suprême de pasteur universel, d’évêque de Rome et de successeur de l’apôtre Pierre, ont clairement montré qu’un seul homme à la tête de l’Église du Christ – qui plus est souverain absolu et à vie – est une forme de gouvernance qui est désormais grossièrement inadéquate, déficiente et risquée. C’est une histoire qui traîne depuis des décennies et sur laquelle le cardinal Bergoglio a beaucoup insisté lors des réunions pré-conclaves de mars 2013.

Mais aujourd’hui, avec le pape François, cette crise s’est sérieusement aggravée et les excès et l’arbitraire ont atteint des limites intolérables qui nuisent à la crédibilité et à l’autorité du Saint-Siège.

Il est vrai que cette question est très délicate et complexe et qu’elle n’est pas facile à suivre sur le plan technique. Mais le devoir de simplification, sans schématisations pressantes, nous oblige à être le plus clair possible.

Disons donc tout de suite que la nature et la mission du Successeur de celui à qui le Christ a confié le gouvernail de son Église ne sont pas en question.

La question est autre : jusqu’à quand, au XXIe siècle et au-delà, le gouvernement de l’assemblée des fidèles catholiques composée de près de 1,4 milliard de personnes – le désormais célèbre « peuple saint et fidèle de Dieu » – peut-il être confié à une seule personne sans le consentement de laquelle pas une seule feuille ne bouge ? Pourquoi chaque décision, importante et décisive, est-elle confiée au secret le plus hermétique possible, sans réelle transparence, au point qu’il n’y a guère que des miettes de vérité ?

La question apparaît encore plus délicate si l’on ajoute à ces interrogations celles concernant la sénilité, étape naturelle de la vie, insidieuse pour les forces physiques comme pour les forces mentales. Pourquoi traiter ces questions avec la pudeur hypocrite habituelle ou dans des coins de couloirs ou à travers des récits au nom de la fantaisie ?

Les échecs de cette forme et de ce mode de gouvernance absolue durant ces presque 11 années de pontificat du Pape Bergoglio ont été constatés.

La question doit maintenant être posée : comment l’Église est-elle gouvernée et jusqu’à quand ? Comment le pontife exerce-t-il le pouvoir et jusqu’à quand l’exerce-t-il ?

Voilà deux questions d’une grande pertinence qui ont été mises en lumière par le pape François, sans qu’il le veuille.

Personne ne s’attendait à ce que le pape élu Bergoglio ait un pontificat progressiste [ah bon?], comme l’ont répété ad nauseam la cour des carriéristes et la cour des journalistes. Le père Bergoglio n’a jamais fait partie du clergé progressiste d’Argentine ou d’Amérique latine, bien au contraire. Le père Bergoglio est entré dans la hiérarchie épiscopale parce qu’il était désiré et protégé jusqu’au bout par le cardinal le plus réactionnaire de l’Amérique latine, Antonio Quarracino, dont nous avons entendu dire que « Monseigneur Oscar Romero était un demi-sorcier succube des Jésuites décentralisés et des communistes salvadoriens ».

Le pape François a involontairement renouvelé le besoin urgent de réformer l’exercice du pouvoir du pape, de la primauté pétrinienne, la conception de son service à l’Église en tant que « serviteur des serviteurs ».

Le pape François a le mérite, avec sa manière d’être pape, d’avoir tiré la sonnette d’alarme pour l’avenir de l’Église et pour le prochain conclave.

Au cours de ces presque onze années de pontificat, le pape François a commis de nombreuses erreurs, comme tous les papes [ne mélangeons pas tout! ndt], mais sa manière spécifique d’être l’a embourbé dans des erreurs très graves telles que le manque de transparence, l’opacité autoritaire et une relation désinvolte avec la vérité.

Le prochain évêque de Rome devrait être un homme de loi, un pasteur capable de lire le monde et l’ensemble de l’humanité – et son époque – avec des catégories de pensée religieuse et spirituelle, un penseur capable de passer au crible de la foi les réalités et les défis socio-économiques et politico-géostratégiques, et non l’inverse.

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