Riccardo Muti est un grand chef d’orchestre italien qui a entretenu avec Benoît XVI une relation d’amitié née de leur passion commune pour la musique. En janvier 2010, il avait préfacé un album illustré consacré à Benoît XVI, « Lodate Dio con arte. Sul canto e la musica » (cf. benoit-et-moi.fr/2011-I/). Et en mai 2012, il avait dirigé un concert offert en son honneur par le président de la république Giorgio Napolitano: à cette occasion, Benoît XVI avait prononcé un éblouissant commentaire musical des morceaux interprétées (Vivaldi et Verdi), dont Riccardo Muti se souvient encore avec émerveillement (cf./benoit-et-moi.fr/2012).
A l’occasion du premier anniversaire de sa mort, il a été interviewé par La Stampa. Il nous offre aussi le récit très émouvant de sa dernière rencontre avec le Saint-Père

Riccardo Muti : « Papa Ratzinger était un géant, c’est un honneur pour moi de l’avoir connu »

« C’était un excellent pianiste ».

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Riccardo Muti, dans une interview à La Stampa, parle de sa relation avec Papa Ratzinger, un an après sa mort.

« C’était un géant. Il savait parler de sujets très élevés à tout le monde, avec une clarté et une simplicité captivantes. En l’écoutant, chacun se sentait plus intelligent. Cela m’émeut toujours de penser à lui et à notre lien ».

La passion pour la musique était commune aux deux et c’est aussi ce qui les a amenés à se rencontrer pour la première fois.
Muti raconte:

« Le rencontrer personnellement a été un honneur. J’avais énormément d’estime pour lui. C’était avant qu’il ne devienne pape. En tant que cardinal, il assistait à des concerts, nous nous sommes vus lorsqu’il est venu assister à des concerts à Salzbourg et à Munich. Mais pas seulement. J’ai eu la chance de diriger un concert en présence du souverain pontife. À la fin du concert, Benoît XVI a fait des remarques musicologiques sur les compositeurs que je venais d’interpréter, Antonio Vivaldi et Giuseppe Verdi. J’ai été impressionné ».

La relation du pape Ratzinger avec la musique était profonde, presque autant que celle de Riccardo Muti.

« C’était un amoureux extraordinaire de la musique, ainsi qu’un grand musicien, lui-même excellent pianiste et organiste. Tout comme son frère, organiste et chef de chœur. Benoît XVI a toujours été intéressé par le fait que la musique est une émanation de la présence et de la voix de Dieu dans l’univers. En parlant avec lui, un constat et une question se sont imposés : l’Église a eu des musiciens merveilleux, avec des mélodies capables d’entrer dans la sphère spirituelle, d’élever le cœur et l’esprit et de sublimer les liturgies : pourquoi avons-nous abandonné cela ? ».

Le dernier souvenir que le chef d’orchestre garde du souverain pontife est très émouvant.

« Peu avant la pandémie, j’ai été appelé parce que le pape émérite voulait me revoir. Pour un dialogue entre musiciens. La conversation a duré une heure. Benoît était recroquevillé sur une chaise, il ne voyait presque plus, mais ses yeux clairs étaient encore magnifiquement expressifs. Au moment de prendre congé, il m’a regardé fixement, comme pour me dire : « Nous ne nous reverrons plus ». Il semblait vouloir absorber l’image de la personne en face de lui et l’emporter avec lui ».

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