Pour Luisella Scrosatti, le document « surréaliste » publié hier par le DDF (cf. Contre-ordre , camarades. Le DDF publie une mise au point sur Fiducia Supplicans) dans le but de « clarifier » la désormais fameuse Déclaration de Tucho Fernandez a au contraire pour effet d’embrouiller encore plus les fidèles, d’humilier encore plus profondément l’Église catholique et de ridiculiser à l’extrême le Dicastère pour la Doctrine de la Foi.

Fernández humilie l’Église aux yeux du monde entier et la justice et le respect voudraient qu’il soit démis de ses fonctions de préfet du DDF. Et ce, le plus rapidement possible.

Communiqué surréaliste sur Fiducia Supplicans, Tucho est une calamité

Contradictions, phrases illogiques et rites chronométrés : sur les bénédictions pour les couples irréguliers, un nouveau document incroyable signé par le cardinal Fernandez. Qui, pour le bien de l’Église, devrait être écarté.

Luisella Scrosatti
La NBQ
5 janvier 2023

Non, nous ne sommes pas dans Scherzi a parte [ndt: « blague à part »; émission de télévision italienne du genre caméra cachée]; nous ne sommes pas non plus confrontés à l’opération d’un hacker farceur. Le communiqué de presse d’hier porte la signature du cardinal Victor M. Fernández et de Mgr Armando Matteo (respectivement préfet et secrétaire du dicastère pour la doctrine de la foi) ; cette fois sans aucun ex audientia de la part du pape. Un communiqué qui aurait pour hypothétique objectif de « contribuer à clarifier l’accueil de Fiducia supplicans » et qui, au contraire, a pour conséquence certaine d’embrouiller encore plus les fidèles, d’humilier encore plus profondément l’Église catholique et de ridiculiser à l’extrême le Dicastère pour la Doctrine de la Foi.

Avant de le lire, il faut s’asseoir, respirer profondément et avoir du carbonate d’ammonium à portée de main, en cas d’éventuels malaises. Face au soulèvement de nombreuses conférences épiscopales aux périphéries de l’Église, auxquelles il serait ridicule d’adresser l’accusation commode de ne pas être pastorales, Tucho tente de faire marche arrière, tout en essayant de ne pas déplaire à ces évêques, clairement concentrés dans l’espace germanophone, qui à leur tour sont loin d’être disposés à obéir à un « contre-ordre, camarades » !

Tucho ressemble à ces nouveaux-conducteurs (parfois pas tout à fait « nouveaux ») qui veulent garer une voiture trop longue dans un espace trop petit, et qui, engagés dans des manœuvres sans fin, parviennent finalement à s’écraser devant et derrière !

Et de fait, face aux évêques africains, qui ne veulent pas entendre parler d’unions de couples irréguliers ou homosexuels, et face aux Allemands, qui veulent au contraire bénir ces mêmes couples, Fernández parvient à écrire noir sur blanc un chef-d’œuvre de contradiction.

Dans la section 2 (« Réception pratique »), il écrit:

« La Déclaration contient la proposition de bénédictions pastorales brèves et simples (non liturgiques ou ritualisées) de couples irréguliers (et non d’unions) ».

Dans la section 4 (« La véritable nouveauté du document »), il affirme exactement le contraire :

« La véritable nouveauté de cette Déclaration, celle qui exige un généreux effort de réception et dont personne ne devrait se déclarer exclu, n’est pas la possibilité de bénir les couples irréguliers ».

Donc, la proposition est de bénir les couples irréguliers, mais la nouveauté du document n’est pas de bénir les couples irréguliers. C’est clair, non ?

Propositions d’explications pour ce délire ?

  • Hypothèse 1 : Fernández souffre d’un certain conflit avec la logique ;
  • Hypothèse 2 : les deux paragraphes ont été écrits par des auteurs différents, qui avaient chacun compris la Déclaration « très claire » à leur manière (et il n’y a manifestement pas eu de révision finale)
  • Hypothèse 3 : la première déclaration a été écrite dans le document adressé aux évêques allemands, la seconde dans celui adressé aux évêques africains, mais à la fin, un sous-secrétaire a mis le tout ensemble.

D’autres idées ?

Quoi qu’il en soit, nous nous trouvons maintenant dans la situation paradoxale où non seulement le dicastère s’est contredit dans deux documents différents (Responsum de 2021 et Déclaration FS), mais aussi dans le même document. Et comme le pire n’a pas de fin, nous attendons une prochaine « Note de clarification sur la Déclaration FS », dans laquelle la contradiction est également soulignée dans le même paragraphe.

Le deuxième aspect tragi-comique de ce Communiqué hilarant réside dans la tentative de Tucho de

« distinguer deux formes différentes de bénédictions : ‘liturgique ou ritualisée’ et ‘spontanée ou pastorale’ « .

Attention à l’ « explication » :

« Puisque certains ont soulevé la question de savoir à quoi pourraient ressembler ces bénédictions, voyons un exemple concret : imaginons qu’au milieu d’un grand pèlerinage, un couple divorcé engagé dans une nouvelle union dise au prêtre : « S’il vous plaît, donnez-nous une bénédiction, nous ne trouvons pas de travail, il est très malade, nous n’avons pas de maison, la vie devient très lourde : que Dieu nous vienne en aide ! ».

Avant d’en venir à la « solution », rappelons au lecteur qu’il ne s’agit ni d’une interview a braccio de Tucho, ni d’une lettre expliquant les « bénédictions pastorales » aux enfants de la crèche, mais d’un document officiel émanant d’un dicastère de la Curie romaine.

Donc,

« dans ce cas, le prêtre peut réciter une simple prière comme celle-ci : « Seigneur, regarde ces enfants, accorde-leur la santé, le travail, la paix et l’entraide. Libère-les de tout ce qui contredit ton Évangile et accorde-leur de vivre selon ta volonté. Amen ». Et il conclut par le signe de croix sur chacun d’entre eux. La durée est de 10 ou 15 secondes« .

Ah bon, selon la langue utilisée? C’est clair, non ? La bénédiction pastorale est une bénédiction rapide, une bénédiction version Speedy Gonzales : 10-15 secondes, pas plus.

Par conséquent, selon le dicastère, la différence entre les deux bénédictions réside dans le fait que « ce sont des bénédictions de quelques secondes, sans Rituel et sans Bénédictionnal« .

Mais le temps pris, ainsi que le « dispositif scénique » qui ne doit pas faire penser à un mariage, ou le lieu où ces bénédictions sont données, ne concernent pas l’essence, ce qu’est une bénédiction, mais des éléments accidentels. Et donc, la bénédiction pastorale, étant une bénédiction, est un sacramental à tous points de vue, ni plus ni moins que la bénédiction rituelle ou liturgique. Et c’est précisément pour cette raison qu’il n’est pas possible de bénir un couple irrégulier ou homosexuel ; et donc FS tombe en contradiction ouverte avec le Responsum et la logique d’un sacramental.

De plus, la prétendue distinction entre union et couple est tout simplement spécieuse. Jamais, en effet, dans le texte, le terme paire n’est utilisé comme synonyme de couple, ce qui permettrait de penser au simple fait qu’il s’agit de deux personnes qui se présentent, pas nécessairement unies par des liens sexuels. Il va sans dire que, dans le cas de deux personnes homosexuelles, il n’est même pas possible de parler de « couple », puisque le couple exige une complémentarité sexuelle.

Mais, comme si cela ne suffisait pas, Tucho parvient à embrouiller encore plus les idées et à prouver au monde entier que la Déclaration est un fourre-tout de contradictions. Immédiatement après l’exemple d’oraison dans le communiqué de presse, nous trouvons écrit : « Et il [le ministre] conclut par le signe de la croix sur chacun des deux« .

Récapitulons : selon le Communiqué, FS propose la bénédiction pastorale des couples irréguliers ; immédiatement après, cependant, il précise qu’il ne s’agit pas de bénir les couples irréguliers ; et à la fin, il demande de bénir chacun des deux. Donc chacun individuellement. Mais quelle était la nécessité de faire un document pour dire que le prêtre peut bénir des individus, même si deux, trois ou cent se présentent ?

On se demande alors avec quel courage Tucho, face aux réactions suscitées par ce document, admet « différentes manières de l’appliquer, mais pas un refus total ou définitif de ce chemin proposé aux prêtres » ; avec quelle prétention il exige « le respect dû à un texte signé et approuvé par le Souverain Pontife lui-même, en cherchant d’une certaine manière à accueillir la réflexion qui y est contenue ». Le premier à manquer de respect à un document qui porte la signature du Pape, c’est lui-même, faisant preuve d’une incapacité totale à atteindre une simple cohérence logique et d’une incompétence théologique encore plus marquée.

Quel assentiment peut-il exiger des fidèles si l’on ne comprend même pas ce que l’on est censé approuver ? Couples oui, couples non, couples, mais un à la fois : Fernández humilie l’Église aux yeux du monde entier et la justice et le respect voudraient qu’il soit démis de ses fonctions de préfet du DDF. Et ce, le plus rapidement possible.

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