Le cardinal chinois persécuté par le régime et marginalisé par El Papa ne s’était pas exprimé officiellement jusqu’à présent. Aujourd’hui, c’est fait. L’évêque émérite de Hong Kong ne ménage pas ses critiques à l’égard de la Déclaration et de son auteur. Il condamne la déclaration et demande la démission de Tucho.
Sa note critique (argumentée, mais en termes simples) est publiée sur son blog personnel olyosef . En chinois, malheureusement (je ne parle pas chinois!!! mais le traducteur deepl donne des résultats tout à fait convaincants)

Le 13 janvier, le cardinal célébrait son 92eme anniversaire

Le cardinal Zen condamne les bénédictions homosexuelles et réclame la démission de « Tucho » Fernández.

L’évêque émérite de Hong Kong, symbole pro-liberté religieuse, qualifie « Fiducia supplicans » d’acte de mépris du préfet envers les évêques.

Nico Spuntoni
Il Giornale
21 janvier 2024

Un peu plus d’un mois après sa publication, Fiducia supplicans ne cesse de secouer l’Église. Bien que le pape ait défendu la Déclaration comme invité de l’émission Che tempo che fa de Fabio Fazio, cette semaine, les non possumus n’ont pas manqué de la part de divers évêques. Une exception toutefois : la conférence des évêques de la région d’Afrique du Nord, qui a pris position en faveur de la bénédiction des couples de fait et des couples de même sexe. Outre la disproportion du nombre d’églises et de fidèles avec le reste de l’Afrique, le fait que les évêques du Maroc, de l’Algérie, de la Tunisie, de la Libye et du Sahara occidental soient tous européens pèse lourd dans la balance. Plutôt qu’une aide à Rome, donc, cette fuite solitaire des très rares évêques missionnaires de la petite Église nord-africaine pourrait s’avérer être un boomerang face au choix compact de l’écrasante majorité des évêques autochtones, surtout dans un pontificat qui a tant insisté sur le concept d’inculturation.

Le rejet du cardinal persécuté

Un rejet autorisé de Fiducia Supplicans est intervenu ces dernières heures. L’évêque émérite de Hong Kong a laissé passer un mois, puis a décidé d’intervenir dans le débat car, bien qu’il n’ait « plus rien à voir avec l’administration du diocèse, j’ai toujours la responsabilité de maintenir la doctrine de l’Église ».

Le cardinal Zen, fervent opposant au communisme chinois, a qualifié de « problématique » la déclaration fortement défendue par son confrère Víctor Manuel Fernández. Reprenant ce que le préfet argentin avait dit dans son communiqué du 4 janvier sur l’accueil de Fiducia supplicans, qui reconnaissait la « nécessité d’une période plus longue de réflexion pastorale », le cardinal chinois a soutenu que « cela revient à dire que le texte du 18 décembre est provisoirement invalide ».

Fernández a écrit que le prêtre, confronté à une demande de bénédiction de la part d’un couple en situation irrégulière, pouvait invoquer sur eux « la lumière et la force de Dieu pour pouvoir accomplir pleinement sa volonté ». Ce point de Fiducia supplicans, selon l’analyse de Zen, présente une contradiction car [selon FS] le prêtre n’est pas tenu de vérifier si ceux qui demandent une bénédiction ont effectivement cette intention : « si le prêtre n’est pas sûr qu’ils ont cette intention, ou a des raisons de soupçonner qu’ils n’ont pas du tout cette intention, comment peut-il donner une bénédiction? », a écrit le cardinal dans sa note critique.

La déclaration du dicastère insiste beaucoup sur la charité pastorale, mais le cardinal Zen – Saintes Écritures en main – conteste son interprétation en rappelant le passage biblique qui exhorte les bergers à rendre fortes les brebis faibles, à guérir celles qui sont blessées et à ramener celles qui sont dispersées, et en citant Jésus qui, dans l’Évangile, guérit en disant que les péchés sont pardonnés, montrant ainsi qu’il a pour principale préoccupation de libérer les gens de leurs péchés. Pour Zen, « si le prêtre n’est pas sûr que le ‘couple’ devant lui a l’intention d’adhérer pleinement au style de vie prescrit par Dieu, ou s’il a des raisons de soupçonner qu’il n’en a nullement l’intention, il doit faire preuve d’une ‘attitude charitable’ en leur présentant la volonté divine.

Contre Fernández

Dans la conclusion de sa note, l’évêque émérite de Hong Kong n’a pas ménagé ses critiques à l’égard de la Déclaration et de son auteur. « La Déclaration souligne à plusieurs reprises la nécessité d’éviter de créer la confusion, mais les bénédictions encouragées (…) vont en fait inévitablement créer la confusion », a noté Zen.

Les différentes réactions d’un diocèse à l’autre et d’une conférence épiscopale à l’autre, ainsi que la nécessité d’un communiqué de presse pour tenter de clarifier ce qu’ils ont dit ne pas vouloir clarifier davantage, semblent lui donner raison jusqu’à présent.

Ce mois-ci, plusieurs évêques ont contesté la présentation de la déclaration par les médias. Le cardinal chinois adopte cependant un point de vue différent, déclarant que « les médias séculiers ajoutent certainement intentionnellement de la confusion, mais n’est-ce pas les pasteurs pro-LGBTQ au sein de l’Église comme le père James Martin, SJ ou Sœur Jeannine Gramick qui causent intentionnellement de la confusion? ». De même, Zen s’est demandé si ce ne sont pas aussi certains diocèses, par exemple en Allemagne, qui sèment la confusion sur cette question. Enfin, le cardinal a souligné ce qu’il estime être les responsabilités du préfet Fernández, qui avant de publier cette déclaration ne pouvait ignorer les difficultés de réception des évêques de ce que François aime appeler les « périphéries » du monde.

Mais pour le salésien chinois que Benoît XVI a créé cardinal, le « plus grave » de la Déclaration réside dans ce qu’elle implique, à savoir que « même le comportement sexuel dans les relations homosexuelles a du bon en soi ». Ceci, selon Zen, était déjà présent dans une réponse aux dubia dont il était l’un des cinq initiateurs l’été dernier.

Comme il l’a déjà fait par le passé, le cardinal chinois réitère dans la nouvelle note qu’il estime que c’est Fernández et non le pape qui a répondu aux dubia. Zen remet en cause le paragraphe « a » de la deuxième réponse, sur les unions homosexuelle [www.vaticannews.va , ndt], qui établit une analogie entre l’amour sexuel entre personnes de même sexe et l’amour conjugal [ndt, selon cette réponse, « L’Église a une conception très claire du mariage: une union exclusive, stable et indissoluble entre un homme et une femme, naturellement ouverte à la procréation d’enfants. Seule cette union peut être appelée «mariage». Les autres formes d’union ne le réalisent que de manière partielle et analogique et ne peuvent donc pas être strictement appelées mariage « ] . En vérité objective, ce comportement est un péché grave et ne peut jamais être bon, écrit le cardinal.

À la lumière de ces propos, l’évêque émérite de Hong Kong demande : « Si le préfet du dicastère pour la doctrine de la foi définit comme ‘bien’ un crime grave, ne commet-il pas une hérésie ? Le préfet ne devrait-il pas démissionner ou être renvoyé ? ».

Le cardinal, enfin, souligne le caractère contradictoire d’un document venu d’en haut alors qu’un synode est encore en cours. « On espère que lors de la réunion d’octobre, les évêques pourront enfin discuter de ces questions de manière autonome (pas nécessairement guidés par des facilitateurs) et être guidés par l’Esprit Saint pour parvenir à des conclusions unanimes », espère Zen, qui accuse le dicastère pour la doctrine de la foi d’avoir fait « une déclaration préventive, ce qui constitue un grave mépris pour la fonction des évêques (successeurs des apôtres, frères du Pape) ».

Autres réactions

Pendant ce temps, Fiducia supplicans encaisse d’autres refus à travers le monde. Étonnamment, le dernier refus de faire bénir des couples homosexuels est venu de la Conférence des évêques des Pays-Bas dans une déclaration qui limitait les possibilités à une prière pour des croyants individuels dans une relation irrégulière. Ceci, soit dit en passant, était déjà prévu avant même Fiducia supplicans. De l’autre côté de l’océan, en revanche, Mgr Gabriel Malzaire, archevêque de Castries et administrateur apostolique du diocèse de Roseau, sur l’île de Sainte-Lucie, a interdit à ses prêtres d' »accorder une bénédiction à toute union peccamineuse ».

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