Si les Français étaient des Italiens (connaissant un peu l’histoire récente), ils n’auraient pas manqué de faire le rapprochement entre les décisions loufoques et contradictoires de l’inénarrable ministre de l’orthodoxie de François et les hilarantes vignettes satiriques de Gianni Guarreschi (qui n’est certes pas QUE) le père de don Camillo (qui n’est pas non plus QUE le héros d’une gentille farce connue en France à travers le personnage incarné par Fernandel).
.
Sous le titre « Contre-ordre camarades« , sous-titre « Obéissance aveugle, prompte, absolue », elles se moquaient – pas méchamment – des communistes italiens, dans les années 50, au temps de Togliatti, fondateur et alors secrétaire général du PCI (voir Annexe).
.
Nous en avons parlé récemment (Contre-ordre, camarades. Le DDF publie une mise au point sur Fiducia Supplicans) et j’avais apparemment tapé dans le mille, comme en témoigne cette lettre d’un lecteur d’AMV (j’adorerais savoir dessiner pour représenter la scène décrite ici):

J’imagine la caricature avec un pauvre sacristain courant en agitant un papier et criant au prêtre sur le point de bénir une union irrégulière :

Contrordine fedeli, la phrase de Fiducia supplicans selon laquelle « on peut comprendre la possibilité de bénir des couples en situation irrégulière et des couples de même sexe » contient une coquille et doit donc être lue « on peut comprendre la possibilité de bénir des personnes en situation irrégulière et des personnes de même sexe ».

Contre-ordre, fidèles!

Fiducia Supplicans ne dit pas ce qu’elle dit

Le pontife, lors de la récente audience aux participants à l’assemblée plénière du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, a averti de la nécessité de clarifier, en ce qui concerne les bénédictions prévues par Fiducia supplicans, que « lorsqu’un couple s’approche spontanément pour en faire la demande, on ne bénit pas l’union, mais simplement les personnes qui, ensemble, l’ont demandée. Non pas l’union, mais les personnes, en tenant compte naturellement du contexte, des sensibilités, des lieux où l’on vit et des manières les plus appropriées de le faire ».

Un petit retour en arrière qui aurait sûrement chatouillé Giovannino Guareschi. J’imagine la caricature avec un pauvre sacristain courant en agitant un papier et criant au prêtre sur le point de bénir une union irrégulière :

Contrordine, fedeli, la phrase de Fiducia supplicans selon laquelle « on peut comprendre la possibilité de bénir des couples en situation irrégulière et des couples de même sexe » contient une coquille et doit donc être lue « on peut comprendre la possibilité de bénir des personnes en situation irrégulière et des personnes de même sexe ».

Il est dommage que les caricatures de Guareschi portaient sur des hypothèses dans lesquelles le contre-ordre était donné aux camarades communistes dans une situation clairement inventée et surréaliste à propos de la déformation de phrases contenues dans L’Unità, alors qu’aujourd’hui il est donné aux catholiques à propos d’affirmations réellement contenues dans des documents officiels de l’Église.

Nous plaisantions, c’est le message qui ressort ; peut-être pour voir l’effet qu’il produit.

Le pontife a également souligné dans son discours que le dicastère est « tellement engagé dans l’intelligence de la foi face au changement d’époque notre temps ». C’est sans doute pour récompenser l’auteur d’une telle sagesse qu’il a donc également nommé il y a quelques jours le préfet du dicastère comme membre du dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens [cf. Ils font main basse sur l’Eglise] : quel meilleur candidat que celui qui a largement fait ses preuves en publiant Fiducia supplicans, divisant les catholiques à l’autre bout du monde et s’attirant de vives critiques de la part des chrétiens orthodoxes ! Le pontife veut-il en voir l’effet là aussi ?

En vérité, la tentative de changer la doctrine en faisant comme si rien n’avait changé, mais en introduisant des changements plus ou moins importants (à préciser et à rectifier en cas de scandale excessif) qui permettront d’élargir toujours plus la fenêtre d’Overton ouverte par la néo-église sortante. Le « changement d’époque qui caractérise notre temps » fera le reste, rendant tôt ou tard des concepts en réalité incompatibles avec le catholicisme (du moins avec le catholicisme qui nous a été transmis il y a encore une dizaine d’années) acceptables par tous ou presque.

Avec Fiducia supplicans, ils ont voulu ouvrir une nouvelle porte qui a été (au moins partiellement) colmatée par de nombreux prélats et fidèles qui ont refusé de défendre l’indéfendable. Qui sait quelles seront les prochaines tentatives : le pape a anticipé le fait que le Dicastère pour la doctrine de la foi travaille sur un document qui concernerait la « primauté de la personne humaine » et la « défense de sa dignité au-delà de toute circonstance ». Je tremble à la simple idée de ce que le Dicastère et son préfet pourraient produire sur le sujet, à moins que ne soit prochainement entendu le plaidoyer de nombreuses personnes pour une disposition papale en faveur du préfet intitulée Abdicatio implorans.


Annexe:

« Contre ordre, camarades »

(Nombreux échantillons ici: https://www.facebook.com)

Aucune description de photo disponible.
Contre-ordre frontagni [militants du Front Démocratique populaire]. La phrase publiée sur le communiqué de L’Unità « après le comité, on formera un cortège qui défilera avec la fanfare in cesta [dans un panier] » contient une coquille, et doit donc être lue « qui défilera avec la fanfare in testa [en tête] »

. . . . . .


Contre-ordre, camarades. La phrase publiée dans l’Unità « A l’occasiion de la venue de l’Honorable (député) Togliatti, tous les camarades doivent se suicider (ammazzare) devant le Siège du Parti », contient une coquille et doit se lire « doivent se masser (ammassare) devant le Siège du Parti »



Share This