L’Afrique et l’Asie, sont la preuve vivante que l’opposition, contrairement à ce qu’affirme le pape, n’est pas le fait de petits groupes isolés. La déclaration autorisant la bénédiction des unions « gays » a mis en évidence les profondes fractures qui divisent l’Eglise et la dérive de l’Occident ex-chrétien. Tandis que dans la vieille Europe, la foi et la culture chrétiennes dépérissent, la réalité vitale de l’Église se déplace vers l’est et s’épanouit en Afrique et en Asie.
L’analyse de Mgr Aguer, archevêque émérite de La Plata, qui tire la sonnette d’alarme.

Les évêques africains ont ouvertement exprimé leur désaccord avec Fiducia supplicans : ‘Les couples homosexuels ne seront pas bénis en Afrique’. C’est cette adhésion à la vérité et au bon sens qui explique l’épanouissement de l’Église sur le continent : des familles chrétiennes avec de nombreux enfants, des vocations sacerdotales et religieuses abondantes, des séminaires pleins et une présence évidente de l’Église dans la société.

Attention, il ne bénit pas le couple

Voilà comment les réactions à « Fiducia supplicans » ont mis en évidence les divergences au sein de l’Église.

Mgr  Héctor Aguer

La déclaration Fiducia supplicans et les réactions qu’elle a suscitées révèlent la division qui existe dans l’Église à l’échelle continentale : en Europe, l’approbation ; en Afrique et en Asie, la répudiation. Il ne s’agit donc pas de quelque chose de marginal, ni de « groupes idéologisés », comme le prétend le pontife.

Le phénomène ecclésial auquel nous sommes confrontés est le suivant : dans la vieille Europe, la foi et la culture chrétiennes dépérissent. Les familles n’ont pas d’enfants, seulement des animaux domestiques (chiens et chats) ; les séminaires sont vides et les instituts religieux, dépeuplés, survivent à peine avec très peu de membres ou ferment. La société civile et les gouvernements, profondément sécularisés, balaient les valeurs de l’ordre naturel, comme s’ils ignoraient toute influence du christianisme. Si les choses continuent ainsi, dans quelques décennies, les belles cathédrales, reliques de l’Occident chrétien, seront converties en mosquées. Le siège papal est une île qui tente de continuer à régner sur l’univers catholique. La réalité vitale de l’Église se déplace vers l’est et s’épanouit en Afrique et en Asie. Je le dis avec regret : je suis petit-fils d’Européens et la culture qui m’a nourri est européenne, mais l’esprit de la Révolution a balayé la culture chrétienne. La crise s’exprime dans le progressisme ecclésiastique, complice d’une Révolution qui liquide l’ordre naturel de la Création.

Je lis dans La Prensa :  » L’Église italienne défend la bénédiction des couples homosexuels « . En effet, le cardinal Matteo Zuppi, président de la Conférence épiscopale italienne (CEI), a réussi à aligner les évêques pour soutenir le document Fiducia supplicans, publié par le Dicastère pour la doctrine de la foi présidé par le cardinal argentin Víctor Manuel Fernández dit Tucho (ou comme beaucoup l’appellent déjà, Trucho [truite, en espagnol?]), un document approuvé par le pape lui-même. Le cardinal Zuppi se lance dans les arguments éculés de « l’horizon de la miséricorde » et du « regard d’amour de l’Église sur tous les enfants de Dieu, sans porter atteinte aux enseignements du Magistère ». Encore une fois, une contradiction flagrante. L’exemple de « bénédiction » de Fernández s’étend à « l’aide mutuelle des membres du couple », ce qui signifie que les unions homosexuelles sont approuvées. Zuppi poursuit : « Dieu veut que tout le monde soit sauvé ; il est donc du devoir de l’Église de prendre soin de chaque personne. Nous ne pouvons pas oublier que tous les baptisés jouissent de la pleine dignité d’enfants de Dieu et qu’à ce titre, ils sont nos frères et sœurs’. Il est dit que « le sens du sacrement du mariage n’est pas remis en question ; la doctrine traditionnelle de l’Église sur le mariage est maintenue, n’autorisant aucune bénédiction de type rite liturgique qui pourrait créer une confusion ».

Une autre contribution est celle du cardinal Betori [archevêque de Florence, fait cardinal par Benoît XVI en 2012], dans une interview au quotidien Avvenire : il ne s’agit pas, soutient-il, d’une extension du concept de mariage, mais d’une application concrète de la conviction de foi que l’amour de Dieu n’a pas de frontières, et que son œuvre cherche à surmonter les situations difficiles dans lesquelles l’homme se trouve ».

Ces prélats pensent que nous, catholiques fidèles, sommes des imbéciles. Dieu veut certainement que tous les hommes soient sauvés, et c’est précisément pour cela qu’ils doivent abandonner le péché. La pratique d’actes homosexuels, qui sont intrinsèquement malhonnêtes, est-elle un péché ou non ? L’amour du Père n’a pas de limites, et il peut donc bénir une personne homosexuelle, en l’appelant à vivre la chasteté, mais il ne peut pas se complaire dans son union permanente avec une autre personne du même sexe, qui est un péché permanent. Il fait allusion au « lien étroit entre la volonté salvifique de Dieu et la condition historique de l’homme ». Mais ce lien même exige la conversion à Dieu et l’abandon du péché. Dieu aime la vertu et invite l’homme à vivre vertueusement. Zuppi insiste : « La valeur pastorale de la vérité chrétienne tend toujours vers le salut ». Tout est à l’envers.

Dans le même temps, des évêques africains ont ouvertement exprimé leur désaccord avec Fiducia supplicans : ‘Les couples homosexuels ne seront pas bénis en Afrique’. C’est cette adhésion à la vérité et au bon sens qui explique l’épanouissement de l’Église sur le continent : des familles chrétiennes avec de nombreux enfants, des vocations sacerdotales et religieuses abondantes, des séminaires pleins et une présence évidente de l’Église dans la société. La prédication confuse du pape Bergoglio est ici répudiée dans les faits. La Providence du Seigneur de l’Histoire a ouvert une nouvelle voie pour la mission de l’Église. Dans cette réalité consiste le Mystère de la Volonté Divine, qui rajeunit et embellit le visage de l’Église.

Sur le continent asiatique également, l’attachement à la Tradition de l’Église conduit à ne pas soutenir le projet Bergoglio-Fernández visant à semer la confusion dans l’esprit des catholiques. Là aussi, l’Église prospère, elle est l’accomplissement d’une loi : l’efficacité de la Vérité, de l’Amour de Dieu et de l’homme qui conduit au salut. L’Église s’est déplacée de l’Europe vers l’Orient, où se trouve l’avenir.

Comme nous le savons, ces dernières semaines, un livre du dottore Trucho a été redécouvert, que l’on tente aujourd’hui de cacher. Il s’intitule La Passion mystique, mais il ne traite pas de la théologie mystique illustrée par les docteurs de l’Église, les saints qui ont fait l’expérience de l’union mystique avec le Dieu trinitaire et qui nous ont légué leur expérience. Dans le livre, l’héritage mystique est complètement dénaturé dans un sens réducteur, à travers une lecture en clé sexologique qui témoigne de l’ignorance et de la confusion. Et c’est le même arrière-plan qui se cache dans les plis de Fiducia supplicans.

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