C’est de l’humour, bien sûr. Encore que… Par certains côtés ce n’est pas si invraisemblable, surtout si François réussit son plan de créer une succession à son image. D’autant plus que le titre de son dernier chef-d’œuvre éditorial, El Sucesor, fait vraiment penser à celui d’un reality show (autres suggestions: Popestars, ou encore La grande imposture, on n’a que l’embarras du choix).
Cette dystopie inversée (par son côté canular, absent dans les vraies dystopies) est issue de l’imagination d’un lecteur d’AM Valli. Bravo!!
Chroniques du futur
Le nouveau pape ? Élu par télévote. Dans le cadre d’une émission de téléréalité
Voici quelques anticipations exclusives de la prochaine réforme des règles sur le conclave.
Il paraît que le pape, insatisfait des projets reçus par la commission du Vatican spécialement créée, ait miséricordieusement envoyé les membres sur une île reculée du Pacifique et qu’il ait finalement décidé de s’en remettre à l’intelligence artificielle. Il semblerait que les images d’une femme pape produites il y a quelques semaines par Gemini [concurrent Google de ChatGPT] aient été très appréciées de l’autre côté du Tibre et interprétées comme un signe d’inclusivité, probablement inspiré par l’esprit (du monde).
Il a donc été demandé à l’intelligence artificielle de proposer une réforme du conclave conforme à la théologie de François et, si possible, propre à rétablir les finances en difficulté du Vatican.
Le programme s’est immédiatement mis au travail en étudiant la théologie du peuple, mais surtout en examinant les interviews, les encycliques et les déclarations papales, sans oublier les révélations faites sur le conclave de 2005. En vérité, au désappointement mal dissimulé du pape, le matériel s’est avéré assez simple à examiner et en l’espaces de quelques secondes, dans un trait de génie, l’intelligence artificielle a trouvé la solution pour répondre aux besoins de la néo-église sortante : une émission de télé-réalité.
Ci-dessous la description (encore non définitive, puisque les ajustements et les affinements demandés par le pontife sont encore en cours) du format, dont le titre est néanmoins déjà définitif, peut-être banal mais certainement impressionnant : El sucesor.
1- Les cardinaux électeurs se réuniront au Vatican, suivis par des caméras fixes et mobiles (une pour chacun) qui filmeront chaque instant de l’événement, de jour comme de nuit. Aucun moment de vie privée ne sera autorisé car la transparence prime : les manœuvres dangereuses dénoncées par le pape dans le passé seront ainsi évitées.
2- La théologie du peuple dictera ensuite que le choix se fasse par télévote : tous les spectateurs auront le droit de voter, avec quelques précisions et exceptions :
- au nom de l’inclusivité et de la protection de la création, les migrants, les transgenres et les écologistes dits radicaux auront droit à 4 voix ;
- pour favoriser les quotas roses, les femmes auront droit à 3 voix ;
- pour favoriser le multiculturalisme religieux et le dialogue, les non-catholiques et les francs-maçons auront droit à 2 voix ;
- 2 voix également aux athées qui seraient autrement discriminés ;
- Les catholiques auront droit à une voix ; pas tous : les catholiques conventionnels seront privés de leur droit de vote.
- Ceux qui appartiennent à plusieurs des catégories ci-dessus pourront additionner leurs voix (ainsi une migrante musulmane ou athée aura droit à 9 voix).
3- À la question de savoir comment empêcher les catholiques conventionnels de voter, la réponse a été fulminante : ces allocconi [crétins] croient encore à l’Église et à l’Évangile ; il suffit de déclarer que s’ils votent, ils seront excommuniés latae sententiae et ils s’abstiendront de voter.
4- Chaque jour, par télévote, il y aura une élimination jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que deux.
5- Pour le dernier épisode, les candidats restants devront s’affronter, au nom de la pop-théologie, dans un concours de chant avec des chansons du répertoire classique : de Destinazione Paradiso de Gianluca Grignani à Stairway to Heaven de Led Zeppelin. Le vainqueur sera proclamé El sucesor.
Il semble que le pontife – il a dit cela pour ménager le suspense (les mauvaises langues habituelles prétendent au contraire qu’il ne fait pas tellement confiance au peuple, surtout quand il pense différemment de lui) -, ait exigé que, seulement pour la première édition, le pape sortant soit autorisé à confirmer ou infirmer le résultat en remettant une enveloppe scellée avec le nom de son successeur à un notaire en qui il a confiance avant son départ. L’enveloppe serait ouverte après la clôture du télévote et avant la proclamation.
On s’attend à ce que l’émission soit suivie par des milliards de téléspectateurs et puisse être vendue à des prix qui rétabliront les finances du Vatican et assureront la survie plus que décente de l’institution jusqu’à la prochaine édition ; sans parler du merchandising. Si toutefois de nouveaux financements s’avéraient nécessaires, le règlement exige que le Sucesor démissionne rapidement afin qu’une nouvelle saison puisse commencer immédiatement.
Bien entendu, le Sucesor, même en cas de démission, se verra garantir des contrats éditoriaux à vie et, toujours en cas de démission, le titre de « Grand-père sage émérite ».
Il ne reste qu’un seul problème à résoudre. La signature du décret papal risque d’être quelque peu retardée, car nous attendons de voir comment l’IA peut être physiquement reçue par le pontife pour approbation ex audientia die.
Mots Clés : Humour