Notre bon père Jorge Gonzalès Guadalix, ex-« curé madrilène » et bien connu depuis très longtemps des lecteurs de ce site (grâce à Carlota) s’est infligé le pensum de la lecture de la dernière auto-célébration du pape, sortie à la hâte pour le moment seulement en espagnol. Il utilise une expression idiomatique dont je suis incapable de trouver un équivalent aussi coloré dans notre langue et qu’il a peut-être inventée mais dont la lecture de l’article nous fournit le sens: « beaucoup de fru fru et peu de miriñaque » [miriñaque désigne semble-t-il une crinoline], qu’on pourrait traduire par « beaucoup de fumée mais peu de braise »…, enfin, c’est l’idée, mais c’est bien mieux dans les mots du père Jorge.

Le nouveau livre de François. Beaucoup de fru fru et peu de miriñaque

Père Jorge Gonzalès Guadalix
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Le père Jorge Guadalix

Je viens de faire une première lecture rapide du livre de Javier Martínez Brocal “Papa Francisco. El sucesor. Mis recuerdos de Benedicto XVI”, qui se présente comme le fruit de longs entretiens avec le pontife. Mon impression est que, comme le disait ma grand-mère, « beaucoup de fru fru et peu de miriñaque« , autrement dit, beaucoup d’apparence et un contenu pauvre.

Trois éléments me semblent se détacher.

Tout d’abord, la volonté de nous faire voir que la relation entre François et Benoît XVI était merveilleuse, de totale collaboration, à tel point que François aurait été l’un des électeurs et promoteurs du vote pour Ratzinger au conclave. C’est l’impression que l’on retire de l’ensemble du livre, comme si le but de tout ce que l’on lit était de faire comprendre l’idée d’une relation merveilleuse entre les deux. Ce n’est certainement pas l’impression qu’ont les fidèles.

Benoît XVI était un pape « d’autrefois » en ce sens qu’il avait un sens total de l’Église, qu’il savait être discret depuis sa démission du ministère pétrinien et qu’il portait dans son ADN la finezza vaticana, tout en étant parfaitement conscient que François était le pape et qu’il était un serviteur obéissant. Nous savons que quelqu’un a un jour suggéré à Benoît de prendre position sur les décisions de François. Il ne l’aurait jamais fait. Il a tout juste laissé échapper un petit quelque chose qui disait ce qu’il disait sans dire ce qu’il ne disait pas. J’insiste : sens des responsabilités et finesse.

Le seul aujourd’hui à savoir vraiment qui était Benoît XVI en tant que pape en exercice puis à la retraite, c’est Monseigneur Georg Gänswein, qui a été aux côtés de Benoît XVI pendant vingt ans et à qui il a consacré toute sa vie.

Le deuxième élément à noter est l’attaque contre Monseigneur Gänswein. Monseigneur Georg Gänswein, comme le confirment tous ceux qui l’ont connu, est un homme cordial, amical, totalement fidèle à Benoît XVI. Connaissant le pape Ratzinger, le fait qu’il l’ait gardé à ses côtés pendant vingt ans, qu’il lui ait confié sa vie, parle de la qualité humaine, chrétienne et morale de cet homme. C’est pourquoi l’amertume de François à son égard est incompréhensible, et ne peut s’expliquer que comme une façon de saper son prestige en attendant qu’il [Gänswein] clarifie ses déclarations. Il est le seul à pouvoir le faire, et s’il maintient son silence, ce sera sans doute un service supplémentaire rendu à Benoît et une preuve évidente de sa discrétion et de son bon travail à ses côtés.

Enfin, le troisième élément, le plus curieux pour les fidèles, ce sont les révélations sur les deux derniers conclaves. Nous savons tous que les cardinaux sont soumis au secret pontifical, mais, dit François, « pas le pape ». Et là, il nous raconte comment s’est déroulé le vote pour élire Ratzinger et même qu’il en a été le promoteur, en lui donnant son vote et en rompant toute autre stratégie pour faire émerger un autre candidat possible. Il nous offre également quelques aperçus du conclave au cours duquel il a lui-même été élu.

Et c’était vraiment comme ça, exactement comme ça ? Eh bien, on peut y croire ou pas, car comme les seuls qui pourraient éclaircir, préciser ou ne pas être d’accord sont soumis au secret pontifical, il n’y a et ne peut y avoir qu’une seule version.

Un ajout, car dans une partie du livre il parle de l’Espagne et on lui demande expressément « vous avez dit que vous viendriez ‘quand il y aurait la paix et qu’ils arriveraient à un accord’ « , de qui parlait-il : des Espagnols, de leurs hommes politiques ou de l’Église espagnole elle-même ? Ce devait être une sortie spontanée, une réponse informelle dans une allée de l’avion. Je ne me souviens pas…

Il n’y a pas de nouvelles spéciales ou quoi que ce soit qui n’était pas déjà connu.

Tu comprendras mieux maintenant ce qu’est le fru fru et le miriñaque. Le fru fru parce qu’on parle du livre, même si ce n’est pas beaucoup. Le miriñaque parce que le contenu n’est pas très révélateur, il n’apporte pas beaucoup de nouvelles et l’impression est qu’il y a plus de rêves éveillés que de réalités.

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