En marge de la présentation du dernier document émis par le dicastère de la doctrine, Dignitas Infinitas, le préfet n’a pas pu s’empêcher de souligner l’extraordinaire intérêt qu’aurait suscité selon lui le document précédent ouvrant à la bénédiction des couples homosexuels (sur les réseaux sociaux!!), et la réaction favorable de l’ « opinion » certifiée par les sondages. Comme très souvent, je pense à Benoît XVI, ou plutôt au jeune archevêque de Münich, le cardinal fraîchement nommé Joseph Ratzinger qui en 1978, dans l’homélie prononcée lors d’une messe en mémoire de Paul VI, à peine disparu, déclarait:

Un pape qui, aujourd’hui, ne subirait pas la critique manquerait à son devoir devant l’époque.  Paul VI a résisté à la télécratie et à la démoscopie, les deux pouvoirs dictatoriaux d’aujourd’hui. Il a pu le faire parce qu’il ne prenait pas comme paramètre le succès et l’approbation, mais la conscience, qui se mesure sur la vérité, sur la foi.

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https://benoit-et-moi.fr/2013-II/benoit/une-homelie-inedite-de-joseph-ratzinger.html

Petite note personnelle:

Dignitas Infinitas ne marque apparemment pas une révolution, rien qui puisse faire bondir les médias (étonnamment discrets, le Pape a cessé de les intéresser), la défense de la vie affichée ici est une bonne chose (ne boudons pas notre plaisir en chipotant sur des détails qui seront ignorés par 99% des fidèles), mais elle vient un peu tard, alors que l’Eglise a perdu une grande partie de sa crédibilité et que le Pape lui-même a « démonétisé » son ministère à travers l’inflation d’une parole irréfléchie. Et surtout parce qu’elle a été précédé de nombreux signaux de signe opposé de la part de Sainte Marthe.
Le Pape et son homme de confiance ont compris qu’il fallait faire profile bas, il y a des frontières que même un jésuite argentin, progressiste/conservateur par intermittence au gré du vent, sans autres convictions que la trace qu’il laissera dans l’histoire, ne peut pas franchir. Tant mieux. Ne dit-on pas que Dieu écrit droit sur des lignes courbes?

Vatican : « Il faut décriminaliser les crimes liés à l’homosexualité ».

Puis Fernandez révèle les sondages en faveur de la bénédiction des couples gays.

Franca Giansoldati (Il Messaggero)

Les sondages semblent donner raison au pape François qui a « décidé d’élargir le concept de bénédiction en dehors du contexte liturgique pour en développer la richesse pastorale ». Les sondages sur l’approbation de la bénédiction des couples homosexuels montrent des pourcentages proches de 75 % chez les jeunes de moins de 35 ans. Seul un très faible pourcentage s’y oppose. Après des mois de vives critiques internes à l’Église pour la publication de la très contestée Fiducia Supplicans, le cardinal Manuel Fernandez, préfet du dicastère de la foi, a voulu secouer quelques cailloux de sa chaussure lors de la conférence de presse de présentation d’un nouveau document papal, consacré cette fois aux droits de l’homme, pour souligner que jamais un document papal n’avait fait l’objet d’autant d’attention.

Fiducia Supplicans, en effet, a atteint un record de quelque 7 milliards de vues sur le web ces derniers mois. « Combien d’autres documents dont nous ne nous souvenons même pas du nom ? » a-t-il répété.

Fernandez n’a pas voulu révéler par qui les sondages ont été réalisés. Il a coupé court : « ils ont été réalisés par des agences extérieures au Vatican et ils les ont partagés ».

Les bénédictions accordées aux couples homosexuels, a-t-il ajouté, « ne justifient, ne sanctifient, n’approuvent ni ne consacrent quoi que ce soit : il s’agit simplement d’une prière du ministre pour exprimer l’aide de Dieu à ces personnes afin qu’elles puissent continuer à vivre ».

Ces bénédictions pastorales, qui se situent en dehors d’un contexte liturgique, ne nécessitent pas de perfection morale pour être reçues. Bien que l’application pratique puisse être différente, selon les différents évêques, ce que nous sommes appelés à soutenir cependant, c’est qu’il y a ces types de bénédictions qui n’ont pas les mêmes exigences que le contexte liturgique’.

À propos de la polémique :  » Cela ne plaît pas à certains ministres, souligne-t-il, mais le pape François a voulu élargir notre compréhension, et il a le droit de le faire. C’est une question mineure, comparée à celles contenues dans la Déclaration que nous présentons aujourd’hui, mais c’est quelque chose qui n’était pas explicite dans le Magistère ». Bien sûr, le pape « ne parle jamais ex cathedra, et il ne veut pas créer un dogme de foi ou une déclaration définitive », a assuré Fernandez. Au contraire, « il veut seulement guider et éclairer l’Église, comme cela fait partie de son rôle ».

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