Un fonctionnaire de la Secrétairerie d’Etat, don Lucio Bonora, vient de signer une volumineuse biographie de Pie X (plus de 500 pages), et l’ouvrage, qui n’est pas publié à la LEV, a quand même l’insigne honneur d’être préfacé par le Pape lui-même (comme j’ai extrêmement mauvais esprit, je suppose que quelqu’un d’autre a écrit pour lui ces quelques lignes, publiées sur l’OR du 17 avril, et que d’autres encore lui ont suggéré d’associer son nom à celui du saint Pape, dans le but, peut-être, de glaner quelques sympathies du monde tradi – version charitable, mais certains auront encore plus mauvais esprit que moi). François dit qu’il aime beaucoup Pie X, et c’est peut-être vrai (après tout, il a aussi dit être un fidèle lecteur d’Hugh Benson et de son « Maître du Monde), mais il en a peu suivi les enseignements. Et il faut qu’une fois de plus, il se mette en avant, en rappelant quel maître de catéchèse fut Pie X… comme lui, peut-être? Mais avec un catéchisme bien éloigné des élucubrations de Tucho.
C’est ce que suggère ici Stefano Chiappalone dans sa rubrique Borgo Pio (souvent une vraie pépite) de la NBQ.

« JE LE SENS PROCHE »


Saint Pie X vu par François
Préface du pape à un livre consacré à son prédécesseur.

Omaggio a Pio X. Ritratti coevi, c’est le titre de l’ouvrage de Don Lucio Bonora, fonctionnaire de la Secrétairerie d’État, consacré au saint pontife qui a dirigé l’Église entre 1903 et 1914. Le pape François, qui avait fait une apparition surprise dans la basilique le 21 août 2015, pour participer à la messe de la mémoire liturgique qui était célébrée à l’autel du saint par don Bonora lui-même, signe la préface.

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Un pape que « je sens proche de moi en ce moment tragique du monde d’aujourd’hui », écrit François dans la préface, publiée par Vatican News, rappelant les pleurs de Pie X « face à la guerre mondiale, dont il était considéré comme la première victime, suppliant les puissants de déposer les armes ».

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Bergoglio a évoqué la rencontre annuelle du 21 août avec les catéchistes à Buenos Aires : « c’est une rencontre que j’ai désirée et recherchée, j’ai aimé la passer avec ceux qui font de leur mieux pour instruire les enfants et les adultes dans les vérités de la foi et Pie X a toujours été connu comme le Pape de la catéchèse ».

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Pape de la catéchèse « et pas seulement ! Un pape doux et fort. Un pape humble et clair [!!!]. Un pape qui a fait comprendre à toute l’Église que sans l’eucharistie et sans l’assimilation des vérités révélées, la foi personnelle s’affaiblit et meurt ».

Ainsi que, ajouterions-nous, le pape de la lutte contre le modernisme: et en cela aussi, saint Pie X s’avère décidément opportun.

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https://lanuovabq.it/it/san-pio-x-visto-da-francesco

A ce sujet, je me suis souvenue d’une catéchèse de Benoît XVI datant d’août 2010, à Castelgandolfo. Le Saint-Père ne se mettait pas en avant, mais ce qu’il disait avait une autre force.

Je voudrais m’arrêter aujourd’hui sur la figure de mon prédécesseur, saint Pie X, dont on célébrera samedi prochain la mémoire liturgique, en soulignant certains de ses traits qui peuvent être utiles également pour les pasteurs et les fidèles de notre époque.

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Giuseppe Sarto, tel était son nom, né à Riese (Trévise, Italie) en 1835 dans une famille d’agriculteurs, fut ordonné prêtre à l’âge de 23 ans, après des études au séminaire de Padoue. Il fut d’abord vicaire de Tombolo, ensuite curé à Salzano, puis chanoine de la cathédrale de Trévise avec charge de chancelier épiscopal et de directeur spirituel du séminaire diocésain. Au cours de ces années de riche et généreuse expérience pastorale, le futur Souverain Pontife manifesta un profond amour pour le Christ et son Eglise, ainsi que l’humilité, la simplicité et la grande charité envers les personnes les plus indigentes, qui caractérisèrent toute sa vie. En 1884, il fut nommé évêque de Mantoue et en 1893 patriarche de Venise. Le 4 août 1903, il fut élu Pape, ministère qu’il accepta après quelques hésitations, car il ne se considérait pas à la hauteur d’une charge si élevée.

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Le pontificat de saint Pie X a laissé une marque indélébile dans l’histoire de l’Eglise et fut caractérisé par un effort important de réforme, résumé dans la devise Instaurare omnia in Christo, «Renouveler toute chose dans le Christ». En effet, ses interventions bouleversèrent les divers milieux ecclésiaux. Dès le début, il se consacra à la réorganisation de la Curie Romaine; puis il lança les travaux de rédaction du Code de Droit canonique, promulgué par son successeur Benoît XV. Il promut ensuite la révision des études et de l’«iter» de formation des futurs prêtres, en fondant également divers séminaires régionaux, équipés de bibliothèques de qualité, et de professeurs bien préparés.

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Un autre domaine important fut celui de la formation doctrinale du Peuple de Dieu. Depuis les années où il était curé, il avait rédigé lui-même un catéchisme et au cours de son épiscopat à Mantoue, il avait travaillé afin que l’on parvienne à un catéchisme unique, sinon universel, tout au moins italien. En authentique pasteur, il avait compris que la situation de l’époque, notamment en raison du phénomène de l’émigration, rendait nécessaire un catéchisme auquel chaque fidèle puisse se référer indépendamment du lieu et des circonstances de vie. En tant que Souverain Pontife, il prépara un texte de doctrine chrétienne pour le diocèse de Rome, qui fut diffusé par la suite dans toute l’Italie et le monde. Ce catéchisme appelée «de Pie X» a été pour de nombreuses personnes un guide sûr pour apprendre les vérités de la foi en raison de son langage simple, clair et précis et de sa présentation concrète.

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Il consacra une grande attention à la réforme de la Liturgie, en particulier de la musique sacrée, pour conduire les fidèles à une vie de prière plus profonde et à une participation plus pleine aux sacrements.

Dans le Motu proprio Parmi les sollicitudes (1903), première année de son pontificat, il affirma que le véritable esprit chrétien a sa source première et indispensable dans la participation active aux sacro-saints mystères et à la prière publique et solennelle de l’Eglise. C’est pourquoi, il recommanda de s’approcher souvent des sacrements, encourageant la pratique quotidienne de la communion, bien préparés, et anticipant de manière opportune la première communion des enfants vers l’âge de sept ans, «lorsque l’enfant commence à raisonner»..

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Fidèle à la tâche de confirmer ses frères dans la foi, saint Pie X, face à certaines tendances qui se manifestèrent dans le domaine théologique à la fin du XIXe siècle et aux débuts du XXe siècle, intervint avec décision, condamnant le «Modernisme», pour défendre les fidèles de conceptions erronées et promouvoir un approfondissement scientifique de la Révélation, en harmonie avec la Tradition de l’Eglise.

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Le 7 mai 1909, avec la Lettre apostolique Vinea electa, il fonda l’Institut pontifical biblique. Les derniers mois de sa vie furent assombris par les grondements de la guerre. L’appel aux catholiques du monde, lancé le 2 août 1914 pour exprimer «la douleur aiguë» de l’heure présente, était le cri de souffrance d’un père qui voit ses fils se dresser l’un contre l’autre. Il mourut peu après, le 20 août, et sa réputation de sainteté commença à se diffuser immédiatement au sein du peuple chrétien.

Chers frères et sœurs, saint Pie X nous enseigne à tous qu’à la base de notre action apostolique, dans les différents domaines dans lesquels nous œuvrons, doit toujours se trouver une intime union personnelle avec le Christ, à cultiver et à accroître jour après jour. Ceci est le noyau de tout son enseignement, de tout son engagement pastoral. Ce n’est que si nous aimons le Seigneur, que nous serons capables de conduire les hommes à Dieu et de les ouvrir à son amour miséricordieux et ouvrir ainsi le monde à la miséricorde de Dieu.

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https://benoit-et-moi.fr/ete2010
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