Evidemment la question est de pure forme, et à moins d’être aveugle, la réponse saute aux yeux. Ce remarquable article d’Eugenio Capozzi (professeur d’histoire contemporaine à l’université de Naples, le spécialiste de géopolitique de la Bussola) ne nous apprend donc rien de nouveau, mais nous aide à réfléchir et à mobiliser nos défenses immunitaires en soulignant des évidences qu’il est bon de rappeler encore et encore. Et NON, ce n’est pas du complotisme.

Les gouvernements ont tendance non seulement à présenter les crises et les restrictions comme un fait indiscutable, mais aussi à investir lourdement les citoyens qu’ils gouvernent d’une responsabilité éthique à cet égard, essayant de les convaincre que la racine des crises elles-mêmes et la condition première de leur résolution résident dans leur comportement privé individuel.

Pandémie, climat et gaz : trois crises créées par l’Occident

Eugenio Capozzi, 5 septembre 2022
lanuovabq.it/it/pandemia-clima-e-gas-tre-crisi-create-dalloccidente

Le confinement face à un virus qu’on a fait passer pour la peste noire, le renoncement aux énergies fossiles pour contrer une urgence climatique indémontrable, les sanctions contre la Russie qui ne font que nuire à nos peuples : voilà comment on détruit notre économie et notre vie sociale. Mais ce ne sont pas des crises tombées du ciel, ce sont des choix idéologiques qui conduisent à une verticalisation autoritaire.

Un lien très étroit de continuité logique et de causalité relie la très grave crise énergétique dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui aux politiques de « transition écologique », aux restrictions/mesures coercitives « pandémiques » et à la guerre russo-ukrainienne.

La réduction massive et accélérée des combustibles fossiles – non compensée par des sources alternatives et concurrentielles – et le dramatique goulot d’étranglement de la demande généré par les lockdowns, les fermetures, les laisser-passer vaccinaux, suivi d’une soudaine reprise à partir de 2021, ont produit une disproportion colossale et contre nature entre les matières premières disponibles et les besoins des pays industrialisés.

Les sanctions adoptées par le G7 et l’UE à l’encontre du gaz russe, alors même que la quasi-totalité de l’Europe continuera à en être dépendante pendant des années, ont donné le coup de grâce à une situation déjà très difficile, plaçant brutalement les pays du Vieux Continent devant le spectre du rationnement, de la paralysie économique et d’une récession catastrophique.

Mais qu’ont en commun ces trois phénomènes – « décarbonisation », verrouillage, sanctions contre Moscou ? Le fait qu’il ne s’agit pas de calamités tombées du ciel, d’événements naturels ou imposés par des circonstances extérieures, mais au contraire de décisions conscientes des classes politiques, prises par elles en toute responsabilité. Des décisions prises comme si elles étaient inéluctables, comme s’il n’y avait pas d’alternatives. Mais ce n’était pas et ce n’est pas vrai. Il s’agissait au contraire de choix fondés sur des dogmes idéologiques.

  • Si les gouvernements occidentaux (et d’autres, qui se comportent toutefois différemment dans la pratique) ont décidé de réduire de manière drastique les combustibles fossiles au risque de laisser leurs peuples sans énergie, sans industrie, sans connexions, cela s’est produit exclusivement parce que ces gouvernements ont propagé comme une vérité apodictique la thèse – non prouvée, non prouvable, largement réfutée par la théorie et les faits – d’une « crise climatique » catastrophique en cours, causée par la civilisation humaine, et plus particulièrement par les émissions de dioxyde de carbone.
  • Si les gouvernements occidentaux et ceux d’autres nations industrialisées et peuplées (notamment la Chine) ont, pendant des mois et des mois, contraint les populations à restreindre toute interaction sociale, forcé la fermeture de la plupart des entreprises et des industries de services, empêché la circulation des personnes, ont coupé de la vie sociale tous ceux qui n’acceptaient pas les thérapies à l’efficacité et à la sécurité douteuses imposées par les pouvoirs publics et les grandes multinationales pharmaceutiques – cela s’est produit exclusivement parce qu’ils ont aveuglément épousé la thèse selon laquelle un virus de la famille de la grippe représentait une menace égale à celle des fléaux des siècles passés, et ne pouvait être arrêté que par l’enfermement, l’isolement, le « gel » de la vie collective, la contrainte d’une inoculation plus ou moins universelle avec des vaccins jamais utilisés dans l’histoire.
  • Si, enfin, les gouvernements de l’UE ont décidé, sous la pression des États-Unis, d’adopter des sanctions économiques extrêmement sévères à l’encontre de la Russie et de réduire brutalement, du jour au lendemain, leurs achats de gaz russe, dont ils dépendaient depuis des décennies, c’est uniquement parce qu’ils avaient repris, presque sans sourciller, la ligne de l’administration Biden et des sommets de l’OTAN selon laquelle la Russie de Poutine est le danger public numéro un pour les démocraties occidentales, que la rupture des relations commerciales avec elle est un outil nécessaire pour mettre fin à ses visées impérialistes, et qu’une telle rupture anéantirait rapidement son économie.

Bien sûr, comme de nombreux observateurs de l’économie l’avaient vu dès le début, l’économie russe n’a pas fait faillite, car les matières premières qu’elle ne vend pas à l’Occident, elle peut facilement les vendre à d’autres (la Chine et l’Inde en premier lieu), auxquelles Moscou est d’ailleurs de plus en plus liée, tandis que les économies européennes (beaucoup moins des États-Unis, qui, au moins en ce qui concerne l’énergie, sont autosuffisants, voire exportateurs) vont de plus en plus vite vers l’abîme.

Pourtant, politique, institution, médias en réseau pratiquement unifié, continuent imperturbablement à nier l’évidence, à décrire les pénuries et le rationnement comme s’il s’agissait d’une fatalité déterminée par les étoiles, auquel on ne peut faire face qu’en économisant, en réduisant la consommation et en diversifiant les approvisionnements à moyen et à long terme ; et ils continuent à proclamer haut et fort que, grâce à ces sacrifices, nous « briserons les reins » de l’envahisseur brutal, qualifiant d’agent de l’ennemi quiconque exprime du scepticisme ou des critiques à ce sujet [voir chez nous le récent #SegoleneGate].

Dans les trois cas, nous sommes donc confrontés à des crises créées artificiellement par les classes politiques, qui découlent presque entièrement d’axiomes imposés bon gré mal gré à l’opinion publique, en prétendant qu’il n’y a pas de discussion à leur sujet et en dé-légitimant radicalement ceux qui osent s’y engager : avec une tendance de plus en plus marquée, dans ce qu’on appelle encore des démocraties, à l’abolition du pluralisme, du gouvernement par la discussion, en fait, et à la verticalisation autoritaire du pouvoir. Dans les trois cas, avec des effets qui s’amplifie en s’additionnant l’un l’autre, nous avons affaire à des choix qui entraînent l’appauvrissement, la décroissance (malheureuse par définition, car la thèse d’une décroissance heureuse est l’une des pires tromperies de notre époque), la récession.

Surtout, dans les trois cas, les gouvernements ont tendance non seulement à présenter les crises et les restrictions comme un fait indiscutable, mais aussi à investir lourdement les citoyens qu’ils gouvernent d’une responsabilité éthique à cet égard, essayant de les convaincre que la racine des crises elles-mêmes et la condition première de leur résolution résident dans leur comportement privé individuel. La tendance croissante à la verticalisation du pouvoir cherche à trouver une base de consensus culturel populaire à travers une propagande éthique qui fait appel au sentiment de culpabilité qui pèse sur les individus, et à l’aspiration de ces derniers à « expier » leurs « péchés » en se conformant à des « pénitences » imposées d’en haut par des autorités incontestables (une classe politique de plus en plus imprégnée de prétentions scientifiques et technocratiques), au point d’être, grâce à ces sacrifices, « purifiés » et rachetés.

En résumé, il est clair qu’en Occident (il en va différemment pour les sociétés plus continuellement hiérarchisées et fondées sur le devoir individuel, comme la société chinoise), la verticalisation autoritaire, coercitive et décroissante est surtout déclenchée par une demande éthico-religieuse diffuse, qui prend la forme d’obsessions et de culpabilité liées aux conséquences matérielles des comportements et des styles de vie, car elle naît pour combler le vide gigantesque laissé par l’éclipse d’un sentiment religieux authentique, celui fondé sur le Dieu créateur et transcendant, typique de la civilisation hébraïco-chrétienne.

Le débat démocratique se dégrade, les injonctions gouvernementales sont de plus en plus subies passivement, les crises provoquées artificiellement par les mythes idéologiques se succèdent et sont trop peu remises en cause car plus la sécularisation radicale, relativiste, nihiliste progresse, plus le besoin fondamental de sens, de salut, de lien avec l’origine et le destin de la vie s’accroît détournée de son objet propre – le Dieu transcendant qui fonde la rationalité du monde – se décharge dans un sentiment apocalyptique irrationnel et envahissant, marqué par des fautes obscures et irrémédiables, dans des superstitions de plus en plus paradoxales, dans une crédulité généralisée, dans une attitude obsessionnelle/compulsive fondée sur l’anxiété de se sauver en observant des « règles » méticuleuses, sur la validité desquelles on renonce désormais à s’interroger.

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