La rumeur concernant la nomination de l’évêque allemand Heiner Wilmer, aux positions clairement hétèrodoxes, s’amplifie, suscitant l’inquiétude des milieux ”conservateurs” et même de cardinaux. La première décision post-Benoît serait une rupture nette, et un signe fort de François en direction de ses sponsors,
Les conservateurs en ébullition devant la crainte du choix d’un jeune évêque progressiste pour l’ex Saint-Office
Franca Giansoldati
Il Messagero
Certains disent qu’il est un théologien brillant, moderne et courageux. D’autres, au contraire, avertissent le Pape : « Ce serait désastreux pour l’Église ». Il ne semble pas y avoir de demi-mesure pour évaluer le candidat numéro un à l’ex Saint-Office, le jeune évêque allemand de Hildesheim, Heiner Wilmer.
Parmi les cardinaux, le dernier en date qui se serait activé en coulisses avec beaucoup de sollicitude et de prudence pour faire remarquer au pape François que dans ce rôle crucial – à la tête du Dicastère pour la doctrine de la foi – il faudrait peut-être une figure de garantie était le doyen du Collège des cardinaux, Giovanni Battista Re. Fort de sa grande expérience et certainement préoccupé par les conséquences possibles, il semble s’être exprimé plein de doutes.
Son avis, cependant, n’est qu’un des nombreux avis recueillis en ce moment historique à Sainte Marthe, le Souverain Pontife étant sur le point de rompre la réserve sur qui placer à la tête du Dicastère pour remplacer le Cardinal Ladaria, sortant pour raison de la limite d’âge.
Il semble avoir été suggéré de plusieurs côtés que le critère de choix du futur préfet serait une expérience théologique longue et éprouvée, la capacité de savoir cultiver le dialogue et en même temps d’éviter les ruptures doctrinales traumatisantes. Les craintes de divers cercles ultraconservateurs ont même conduit à la publication sur internet d’une lettre implorant le Souverain Pontife d’écarter le nom du jeune et talentueux évêque allemand, compté parmi les partisans les plus passionnés de réformes qui se heurteraient inévitablement à la doctrine de l’Église, provoquant de nouveaux ébranlements et déchirures internes.
Depuis plus d’un mois, le front conservateur est en ébullition après l’hypothèse selon laquelle François aurait une promotion prête pour Heiner Wilmer, parmi les plus progressistes d’un épiscopat dominé par les progressistes. Le théologien Eugen Drewermann – déjà suspendu a divinis par le Vatican pour ses thèses, jusqu’à sa sortie de l’Église – le considère comme un authentique outsider, ainsi que son dauphin préféré.
Depuis cinq ans à la tête du diocèse de Hildesheim, Wilmer, 61 ans, religieux dehonien et ancien supérieur général des Prêtres du Sacré-Cœur, a pourtant à plusieurs reprises fait preuve d’un grand courage. Par exemple, au plus fort de l’épidémie de Covid et des restrictions gouvernementales qui empêchaient la fréquentation des églises en Allemagne, il n’hésita pas à s’insurger contre « l’interdiction des assemblées ». Il a également vivement critiqué l’approche systémique du Vatican, a déclaré à plusieurs reprises que les abus de pouvoir sont dans l’ADN de l’Église, et il est un fervent partisan de la cause environnementale et verte. Dans une interview, il a même exprimé son admiration pour le travail de Roberto Saviano en matière de lutte contre le crime organisé.
Il est certain que ses approches ouvertes sur le sacerdoce féminin ou l’abolition du célibat ne font pas dormir sur ses deux oreilles la grande et vaste tranche de l’Église qui est résolument plus traditionaliste et qui aimerait avoir un théologien moins radical et plus dialoguant à la tête de l’ancien Saint-Office. Les inquiétudes sont allées jusqu’à amener les franges les plus conservatrices à rédiger une lettre diffusée sur internet. Le site Messainlatino.org a envoyé un appel au pape et aux cardinaux du Sacré Collège pour leur faire part de ses craintes concernant la candidature de Wilmer. « Ce serait tout simplement désastreux. Nous vous écrivons le cœur sur la main pour que soit évitée une telle catastrophe pour l’Église ».