« Les fidèles simples et naïfs sont convaincus que François est le Pape de la miséricorde, ceux qui vivent chaque jour autour de Bergoglio ont un témoignage bien différent ». Le blog italien Silere non possum, (nous l’avons croisé à propos de l’affaire Rupnik, on devine qu’il est géré au moins en partie par des ecclésiastiques évoluant dans les milieux romains) dresse le portrait d’un Pape animé par l’idéologie la plus sectaire, et qui choisit son entourage en conséquence. Un portrait à charge qui ne peut paraître partisan qu’à ceux qui ne le connaissent pas, et qui trouve une nouvelle confirmation dans le motu proprio Tradionis Custodes et ses suites.

Traditionis Custodes: les évêques ont la terreur de parler


Silere non possum
Quelle image!!!

Alors que dans les paroisses, les fidèles simples et naïfs sont convaincus que François est le Pape de la miséricorde, ceux qui vivent chaque jour autour de Bergoglio ont un témoignage bien différent. C’est, une fois de plus, le grand pouvoir de la communication que le Pape a complètement asservi à lui-même.

En ce qui concerne le Motu Proprio « Traditionis Custodes » et le rescrit qui s’y rapporte aussi, il y a beaucoup à dire et le discours se fait très ample. Alors que François se dit miséricordieux et accueillant envers tous, il montre qu’il ne supporte absolument pas ceux qui célèbrent l’Eucharistie selon un rite qui lui est incompréhensible. De plus, le Pape ne s’est pas du tout demandé comment les fidèles vivent ce moment au sein de l’Eglise, où ils voient le Pape ne plus célébrer le Divin Sacrifice.

La perplexité est grande et les gens sont scandalisés. Ce n’est pas une question de « forme » mais de « fond ». Surtout ceux qui ont été habitués à voir Jean-Paul II, qui était vraiment malade et mourant, célébrer l’Eucharistie.

De nombreuses questions se posent donc lorsque le Pape choisit de se lever pour recevoir des personnes en audience ou pour échanger le signe de paix. Pendant l’épiclèse, il ne se lève pas, mais lorsqu’il doit donner la paix au célébrant, il le fait. S’il faut baiser les pieds du puissant du Sud Soudan, il se jette à terre, mais pendant la consécration il ne fait pas de génuflexion.

Oui, l’ambiguïté est la devise de ce pontificat. Nous l’avons vu à de nombreuses reprises. Ceux qui ont à cœur la figure du Pape continuent cependant à appeler les fidèles à l’obéissance et à la prière. En fait, il y a beaucoup de gens dans l’Église aujourd’hui qui font l’éloge du Pape et disent qu’ils sont obéissants parce qu’il est le Pape. Il suffirait cependant de faire un petit retour en arrière pour revenir en 2011, lorsque ces personnes insultaient le Pontife.

La question n’est pas du tout anodine, bien au contraire. Aimer Bergoglio est une chose, aimer le Pape en est une autre. Celui qui aime le Pape, l’aime quel qu’il soit. Celui qui aime Bergoglio en viendra bientôt à détester le Pape. Les journalistes, tous sans exception, sont des amoureux de Bergoglio et non du Pape.

Ceux qui aiment le successeur de Pierre, par contre, sont critiques précisément parce qu’ils se soucient du Pape et de l’Eglise. Cela, pourtant, ne plaît pas à François, car alors qu’il dit que les autres sont idéologiques, il montre qu’il est imprégné d’idéologie.

Nous l’avons vu lors de l’audience générale du mercredi 22 février 2023. François s’en est pris à ceux qui lui reprochent d’avoir choisi de signer le Rescriptum qui donne au Saint-Siège une compétence exclusive sur l’autorisation de célébrer selon le Vetus Ordo.

« Faites attention, a dit le pape a braccio, que l’Évangile n’est pas une idée, l’Évangile n’est pas une idéologie : l’Évangile est une proclamation qui touche votre cœur et vous fait changer de cœur, mais si vous vous réfugiez dans une idée, dans une idéologie qu’elle soit de droite ou de gauche ou du centre, vous faites de l’Évangile un parti politique, une idéologie, un club de personnes ».

Tous les collaborateurs de ce site participent à la célébration de l’Eucharistie selon le Missel de Saint Paul VI, et certains participent aussi aux célébrations Vetus Ordo. Personne n’a jamais songé à considérer un rite comme meilleur ou pire que l’autre. Diaboliser un rite ou, pire encore, les fidèles qui sont attachés à ce rite, n’est certainement pas une démonstration d’amour pour le peuple saint de Dieu.

François, lors de son voyage au Sud-Soudan, a dit aux évêques :

« J’ai dit ‘soyez miséricordieux’. La miséricorde. Pardonnez toujours. Quand un croyant vient se confesser, il vient demander le pardon, il vient demander la caresse du Père. Et nous, avec un doigt accusateur : ‘Combien de fois ? Et comment l’as-tu fait ?…’. Non, pas cela. Pardonnez. Toujours. ‘Mais je ne sais pas…, parce que le code [de droit canonique] me dit…’. Le code, nous devons le respecter, parce qu’il est important, mais le cœur du pasteur va plus loin ! Prends le risque. Pour le pardon, tu risques. Toujours. Pardonne toujours dans le sacrement de la réconciliation. Et ainsi tu sèmeras le pardon pour toute la société ».

Le Pape devrait nous expliquer pourquoi nous devons accueillir et pardonner une personne impénitente et qui n’a pas à cœur le salut de son âme, mais nous ne pouvons pas célébrer le Divin Sacrifice selon un rite qui appelle à la prière et au recueillement ?

À quoi servirait le sacrement de la réconciliation si nous absolvions tout le monde sans critères ? Ce serait une moquerie, pour nous et pour le pénitent lui-même. Le Pape dit : prenez des risques ! Je réponds: « Non, Votre Sainteté, je ne ‘risque’ pas mon âme et celle de mes pénitents, car il y va du salut ou de la damnation éternelle. Si je me tenais devant le Seigneur et que je disais que vous m’avez dit d’absoudre les impénitents, le Père éternel me demanderait un compte rendu de ce que j’ai médité dans l’Écriture ».

Il ne s’agit pas, comme François veut malheureusement nous le faire croire, d’être puritains. On ne refuse presque jamais l’absolution au confessionnal, mais quand c’est nécessaire, on doit le faire. Souvent, ce sont précisément les pénitents qui ont besoin de l’absolution.

Bien souvent, ce sont les pénitents eux-mêmes qui demandent à être accompagnés spirituellement. Bien sûr, il serait beaucoup plus simple d’absoudre, de quitter le confessionnal et de retourner à ses « affaires ». Mais ce n’est pas ce que l’on attend de nous. L’accompagnement spirituel est beaucoup plus « guérissant » que l’absolution donnée sans repentir. Notre tâche, en fait, est de sortir le fidèle de la situation de péché et non de l’y laisser.

Traditionis Custodes

Précisément parce que nous n’agissons pas par idéologie, il serait utile que le Pape commence à être transparent. On parle souvent de transparence, non ? Commençons maintenant.

François, dans sa Lettre aux évêques du monde pour présenter le Motu Proprio « Traditionis Custodes » sur l’usage de la liturgie romaine d’avant la Réforme de 1970 écrit :

« Les réponses reçues ont révélé une situation qui me chagrine et me préoccupe, confirmant la nécessité pour moi d’intervenir ».

Que ces réponses soient rendues publiques et puissent être consultées! Combien d’évêques ont signalé qu’il y avait des problèmes ? Quels étaient ces problèmes ? Qu’ont fait ces évêques pour corriger ces réalités qui niaient la validité du Concile?

Une confrontation avec plusieurs évêques montre que les lettres envoyées à Rome étaient tout à fait positives et non pas comme le prétend le Dicastère.

Il est clair que, si le travail est confié à Arthur Roche [le préfet du Culte divin] et Vittorio Viola [le secrétaire], la question n’est certainement pas traitée par des personnes « neutres » ou « libres » sur le sujet. Ce sont des personnes formées dans un athénée purement idéologique [l’Institut Saint-Anselme, très marqué à gauche]. Si vous ouvrez un dictionnaire et que vous cherchez « idéologie », vous trouverez une photo de Saint-Anselme.

L’intention de St Jean Paul II et de Benoît XVI était la communion. Avec Summorum Pontificum, Benoît XVI n’a pas agi avec l’intention de s’adresser à la Fraternité saint Pie X. Bien sûr, il l’a fait aussi pour cela, mais il a surtout été guidé par la volonté d’apporter la paix également au sein de l’Église catholique. Il existe de nombreux rites et personne n’a jamais offensé ou enlevé quelque chose à un autre. Où est le problème ? Le problème est uniquement idéologique. Le Pape qui dit accueillir tout le monde, devient ainsi une source de contradiction et chasse ceux qui célèbrent selon un rite qu’il ne conçoit pas.

Oui, parce que François ne comprend pas vraiment le vetus ordo. La messe [pour lui] doit être un moment de fête, où tous participent et l’aspect sacrificiel est supprimé. Lors de la célébration eucharistique du jeudi 23 février dans la basilique de Sainte-Sabine, le pape s’est déshabillé alors que le chant final n’était pas encore terminé. Il a retiré ses vêtements dans le presbytère, devant tous les fidèles. Il est monté dans son fauteuil roulant et a traversé toute la basilique.

Dans nos paroisses, nous passons beaucoup de temps à éduquer les fidèles au recueillement. Nous apprenons aux célébrants à rendre grâce et à ne pas enlever immédiatement leurs vêtements liturgiques. Et ensuite, ils allument la télévision et ils voient cela ? Quel exemple leur donnons-nous ? Croyons-nous en ce que nous professons ?

Tout cela est une source de scandale pour les fidèles. Le Christ n’est plus au centre, c’est le Pape qui l’est. Ce narratif est le moteur du pontificat de François depuis dix ans: « L’Eglise est laide et mauvaise, je l’ai améliorée », « les prêtres sont mauvais, les évêques désobéissants et moi pas ».

Les évêques sont terrifiés

Nous ne voulons certainement pas minimiser la question liturgique, mais l’attitude utilisée par François avec l’ancienne messe est utilisée avec d’autres questions de gouvernance. Il suffit de penser au Motu Proprio Mitis Iudex Dominus Iesus concernant les causes de nullité matrimoniale. Quand François a vu que sa réforme n’était pas mise en œuvre, il a immédiatement nommé ceux qui devaient superviser et intervenir pour s’assurer qu’elle se déroule selon sa volonté.

Quand Benoît XVI a publié le Motu Proprio Summorum Pontificum en 2007, l’épiscopat n’a eu aucun problème à intervenir pour dire au Pape qu’il n’était pas d’accord. Les positions étaient diverses et n’étaient en aucun cas voilées ou cachées. L’évêque de Sora-Aquino-Pontecorvo, heureusement devenu émérite, Luca Brandolini, a déclaré : « C’est un jour de deuil, non seulement pour moi, mais aussi pour tous ceux qui ont vécu et travaillé pour le Concile Vatican II ». Benoît XVI n’avait en aucun cas éliminé le novus ordo, mais avait ouvert et donné plus de possibilités. Brandolini, qui ne jouit pas d’une grande intelligence, a oublié que Ratzinger a vécu lui-même le Concile œcuménique et l’intention des Pères du Concile.

Alessandro Plotti, le grand promoteur des pires épiscopats toscans à l’époque de Jean-Paul II, a même déclaré que, malgré le Motu Proprio, dans l’archidiocèse de Pise, les prêtres devaient encore demander la permission à l’évêque. Que reste-t-il de ces évêques ? Seulement leur idéologie et ses fruits, des diocèses qui ont des séminaires vides et qui se dirigent vers l’abîme.

L’évêque Sebastiano Dho parlait d’une Église parallèle. Et l’évêque de Côme, qui nous a montré aujourd’hui sa diligence dans les cas d’abus, a pris la peine de dire que nous devons être prudents. Pour la Messe ancienne prudence, pour lancer des enquêtes contre les abuseurs, non. Ce sont les mêmes évêques qui reçoivent les journalistes dans leur salon en survêtement.

A juste titre, certains fidèles disent : « Mais pourquoi les évêques ne disent-ils rien aujourd’hui ? ».

Nous aussi, nous nous posons cette question depuis un certain temps. Il faut beaucoup de courage, car Plotti, Coletti, Brandolini, Dho, etc. sont restés dans leurs diocèses et ont continué à vivre paisiblement. Benoît XVI n’a jamais mis personne à la porte, même lorsqu’ils le critiquaient de manière aussi mesquine. François, en revanche, a mis à la porte ses proches collaborateurs pour bien moins que cela. Les exemples sont nombreux. L’un d’eux est le bon archevêque Jorge Carlos Patrón Wong. Le prélat mexicain s’est toujours distingué par son humanité, même envers de nombreux séminaristes qui avaient des difficultés financières ou familiales. Bergoglio l’a convoqué en novembre 2021 et lui a dit : « Merci pour ton travail, très bien, mais maintenant j’ai besoin de toi à Jalapa ». L’évêque a pâli et a été surpris. « Très bien Votre Sainteté, le temps de terminer le semestre et je retourne au Mexique », lui a-t-il dit. Le pape a pris un air sombre et a dit : « Non, non. Maintenant ! À Noël, tu dois y aller ! » Le jour de la fête de l’Immaculée Conception, il lui a fait publier la nomination et l’a renvoyé au Mexique. Les raisons ? Aucune. Même ici, au Vatican, le prélat était très aimé et a laissé un très bon souvenir. Mais le système est celui du provincial jésuite : « Je commande, tu obéis ». Et, comme un bon provincial, François veut tout savoir sur tout le monde.

Si tel est le système, les évêques disent à juste titre : « Qui m’oblige à le faire? Le pape te dit de le corriger en face, mais ensuite il t’expédie au Kenya. Ou pas ».

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