Après Stefano Fontana hier, c’est au tour du Père Guadalix de s’étonner de l’année de promotion de l’encyclique écoloGISTE (!!) décrété à l’occasion du cinquième anniversaire de sa publication. Lui, en tant que curé de base et porte-parole des « catholiques de bout de banc » , il a d’autres idées, d’autres causes urgentes à défendre, bref, d’autres chats à fouetter.


Un an pour l’encyclique Laudato si.

Envie de faire l’autruche

Père Jorge González Guadalix
« De profesion, cura« 
24 mai 2020
www.infocatolica.com/blog/cura
Traduction de Carlota

Bien. Encore une remarque. L’envie de nous consacrer à ce qu’il y a de moins important,  peut-être parce que  nous ne savons pas, nous ne voulons pas, nous n’osons pas, on ne nous laisse pas, ou nous ne pouvons pas, mieux vaut ne pas entrer dans le pourquoi, nous consacrer à des choses qui en tant qu’Église, me semblent d’une extraordinaire importance.

Consacrer une année entière à quelque chose suppose qu’il s’agit d’une affaire d’une importance et d’une gravité extraordinaires, et que c’est quasiment une question de vie ou de mort que tout le monde prenne conscience d’une réalité qu’il est désormais indispensable de changer. Mais c’est une autre chose que, comme Église, nous n’ayons rien de plus urgent que l’écologie intégrale.

Bien au contraire. Rafaela, sans aller plus loin, et comme elle Joaquine et tous les braves gens de Braojos, Gascones et la Serna (ndt les trois villages dont l’auteur est le curé) prennent soin de l’environnement, elles recyclent, elles séparent les restes mieux que personne : les cendres de la cheminée, le carton, le plastique, le verre, les piles électriques, les détritus organiques. Il n’y a pas une seule annonce qui ne nous parle d’écologie, d’économies d’énergie, du respect du milieu ambiant. Les lois vont dans le même sens, nous avons des agents forestiers qui prennent soin de notre environnement et un SEPRONA de la Garde Civile pour la même chose (ndt Service de Protection de la Nature créée au sein de la Gendarmerie espagnole en 1988). L’ONU et je ne sais combien d’organismes internationaux misent sur l’écologie.

Je ne crois pas que nos paroisses et nos communautés, à quelques exceptions très rares près, puissions être pointés du doigt comme arboricides, terroristes de la nature, indifférents sur le sujet, bien au contraire. C’est pourquoi il me semble qu’il n’y a pas besoin d’une année pour continuer à insister là-dessus. Bien sûr, il peut toujours y avoir une amélioration, mais l’impression est que le sujet avance plus que bien, avec pratiquement toute l’humanité qui en est consciente, et évidemment l’Église. Consacrer une année entière à cette affaire, je crois que c’est employer des forces qui seraient mieux sur d’autres questions.

Votre serviteur, à la basse hauteur de vue de ses trois villages de la montage, emploierait mieux cette année dans l’une de ces trois directions.

Peut-être que la plus urgente serait de consacrer une année à Veritatis splendor. Je dis cela parce si y a quelque chose qui s’est faufilé jusqu’à dans la moelle de l’Église c’est le relativisme moral, conséquence du relativisme dogmatique, par lequel nous sommes passés des disciples du Christ, chemin, vérité et vie, aux disciples de Pilate: qu’est-ce que la vérité ? Nous le voyons tous les jours. En fonction du confesseur, du directeur spirituel, du prédicateur, les choses peuvent être blanches, noires, vertes, fuchsias ou simplement ne pas l’être ou l’être apparemment, ou peut-être qu’elles le sont. C’en est fini de l’Église, et loin d’y remédier, l’on y encourage, l’on y consent. J’ai à l’occasion écrit que te trouver face à des interprétations plutôt divergentes en provenance des conférences des évêques sur la morale chrétienne est simplement affligeant.

Une autre possibilité qui me vient à l’esprit serait de consacrer une année à la défense de l’enfant non né. En Espagne, selon les chiffres officiels, près de cent mille avortements par an (ndt en France le double, Espagne environ 47 millions d’hts, France 67 millions). Dans le monde, plus de cinquante-cinq millions. Au sein de l’Église l’on parle peu de cela, si peu qu’il y a de nombreux catholiques qui sans le justifier entièrement, l’excusent. Qu’ils sachent pourtant que le péché de l’avortement est quelque chose de tellement grave  qu’il amène à la peine d’excommunication. Cela ne mériterait-il un an d’étude, de réflexion, de prédication, de prise de conscience ?

La troisième suggestion serait de consacrer une année à la pastorale et à la morale de la famille. En Espagne le nombre de mariages diminue année après année. En  1981, on célébrait 5,3 mariages pour 1000 habitants. Aujourd’hui, on dépasse à peine les trois mariages et sur ces mariages seulement 20% sont des mariages selon le droit canon (ndt environ 15% en France). L’on est passé de la fécondité de 14,1 enfants pour 1000 habitants en 1981 à 9, à peine, actuellement [?… ces chiffres ne correspondent pas à ce que nous appelons taux de fécondité, soit 1,34 enfant par femme en Espagne en 2017, voir à ce sujet lefigaro.fr/espagne-pourquoi-la-fecondite-est-au-plus-bas-depuis-vingt-ans…]. Un autre chiffre intéressant est que plus de 40% des enfants naissent hors mariage. Je continue avec des chiffres espagnols: six mariages sur dix se terminent par une rupture.

Nous pourrions suggérer d’autres possibilités encore. Je laisse le soin à mes lecteurs.

Ce que je dis c’est qu’une église installée dans le relativisme qui perd ainsi des fidèles, dans un monde qui subit chaque année des millions d’assassinats d’enfants dans le ventre de leurs mères et dans lequel la famille, église domestique, est soumise à une crise gravissime, consacrer une année d’une manière particulière à l’écologie me semble une façon de nous tromper.

Cela dit, je vais en parler avec Rafaela et voir ce que l’on peut faire.

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