Alors que la méga-campagne de vaccination commence péniblement chez nous (les médias craignent visiblement qu’elle ne tourne au flop face à la méfiance – et à la résistance – des cobayes humains qu’on voudrait faire de nous), Riccardo Cascioli revient sur la note de la CDF qui rendrait licite, aux yeux de l’Eglise, l’utilisation de matériel issu d’avortements (cf. Pourquoi les vaccins provenant de fœtus avortés sont inacceptables)… Et pendant ce temps là, l’inénarrable Paglia « trinque » au succès du vaccin dans les colonnes de La Repubblica.

Vaccins issus de fœtus avortés: Mgr Paglia est pour.

Vaccin et fœtus avortés, la trahison du Vatican

Riccardo Cascioli
La NBQ
28 décembre 2020
Ma traduction

Au Vatican aussi, on a distribué un vaccin dont les essais ont nécessité l’utilisation de lignes cellulaires issues de fœtus avortés. Hier encore, le président de l’Académie pontificale pour la vie, Mgr Vincenzo Paglia, trinquait au Vaccination Day, parlant d' »une lumière qui s’allume dans un tunnel qui était jusqu’à présent très sombre ». C’est une campagne vacciniste dans laquelle il faut encadrer la décision de ne pas vouloir démentir l’interprétation que tous les médias ont donnée du document de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, c’est-à-dire le revirement de l’Église qui accepte les vaccins fabriqués à partir de cellules de fœtus avortés. Un choix très grave, qui aura des répercussions dramatiques sur la défense de la vie.

Résumons : le 21 décembre, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF) a publié une « Note sur la moralité de l’utilisation de certains vaccins anti-Covid-19 ». Cette note est la réponse aux questions reçues à propos des vaccins « développés en recourant, dans le processus de recherche et de production, à des lignées cellulaires provenant de tissus obtenus à partir de deux avortements advenus au siècle dernier ».

La CDF résume ce qu’elle-même et l’Académie Pontificale pour la Vie avaient déjà expliqué dans le passé : l’utilisation de ces vaccins est licite en cas de nécessité et s’il n’existe pas d’alternatives éthiquement irréprochables, sans préjudice de la condamnation de l’avortement et de l’opposition morale à « l’utilisation de lignées cellulaires provenant de fœtus avortés ». Et sans préjudice de la demande faite aux entreprises pharmaceutiques et aux agences gouvernementales de santé de trouver des vaccins éthiquement acceptables. Point.

Après, on peut certainement discuter de la façon dont ce document est rédigé, on peut discuter des priorités exprimées par cette note par rapport aux documents précédents et du contexte différent dans lequel elles se présentent; il faut également noter que pour la première fois un document du Vatican indique explicitement que l’obligation de la vaccination n’est pas admissible.

Mais laissons un instant tout cela de côté. Voyons plutôt un autre aspect très important, c’est-à-dire comment le document a été reçu et communiqué: sur les médias du monde entier, le message passé est qu’il y a eu un revirement dans l’Église, qui « juge désormais moralement admissibles les vaccins développés à partir de cellules de fœtus avortés ».
Un message très grave, même s’il ne concerne que la question des vaccins anti-Covid : il légitimerait de fait l’utilisation de ceux qui sont éthiquement inacceptables même sans l’état de nécessité et en attendant l’autorisation d’autres vaccins qui ne présentent pas le même problème (on trouvera ici la liste des entreprises qui développent des vaccins anti-Covid et l’utilisation ou non de cellules provenant de fœtus avortés).

Mais la chose est encore plus grave si l’on tient compte du fait que plusieurs médicaments utilisant des lignées cellulaires provenant d’autres fœtus avortés sont à l’étude pour la recherche, et qu’il existe une forte pression pour libéraliser la recherche sur les embryons (ce qui se produit déjà en partie). Le message qui a émergé – en dehors de ce qui est réellement écrit dans la Note – constitue donc le renversement de ce que l’Eglise a toujours soutenu et un véritable désastre en ce qui concerne la défense de la vie.

S’il s’agissait vraiment de résumer ce que l’Église a toujours dit sur cette question, un démenti immédiat – face à une énorme manipulation et une instrumentalisation d’un document -, rapide et clair qui ne laisse aucune place au malentendu serait évident. Mais cela n’a pas été le cas. Du Saint-Siège, de la CDF, seulement le silence. Et à vrai dire, ce n’est même pas la première fois que cela se produit.

Mais les implications de ce silence sont très graves : tous, y compris les croyants, sont désormais tenus de penser que le Saint-Siège – et le Pape lui-même, qui a approuvé la publication de la Note – avait effectivement l’intention de légitimer l’utilisation de cellules de fœtus avortés à des fins médicales. Tous sont en droit de penser qu’à présent, la loi « la fin justifie les moyens » s’applique également au Vatican. Et cela n’a certainement pas échappé au responsable de la communication du Vatican, puisqu’il s’agit d’un journaliste expert [Andrea Tornielli]. Le silence dans ce cas – de la part de tous les organes compétents – ne peut être que de la complicité avec ceux qui conçoivent les fœtus et les embryons uniquement comme du matériel biologique à utiliser à leur guise, de la complicité avec ceux qui s’attaquent à la vie.

Mais il n’y a pas que cela, malheureusement : toute cette histoire s’insère en fait dans une campagne vaccinale martelée du Vatican qui dure depuis des mois et qui est menée par le pape François en personne, une campagne qui a grandement contribué à revêtir de messianisme l’attente du vaccin. Hier, Vaccination Day pour toute l’Union européenne, un triomphant Mgr Vincenzo Paglia, président de l’Académie pontificale pour la vie, a parlé d' »une lumière qui s’allume dans un tunnel jusqu’ici très sombre » et d' »un jour historique qui met en évidence la responsabilité de la science, de la politique, de la morale et de la justice ».

Les interventions répétées du Pape ont par ailleurs déplacé la discussion sur l’aspect moral du vaccin, de la modalité de mise en œuvre, de la sécurité et de l’efficacité, à la modalité de distribution. C’est-à-dire que l’important est qu’il soit distribué à tous, surtout aux pauvres, aux vulnérables. Il l’a encore répété le jour de Noël, dans le message Urbi et Orbi, lorsqu’il a déclaré que les vaccins sont des « lumières d’espoir » s’ils sont « accessibles à tous », en particulier « pour les plus vulnérables et les plus nécessiteux dans toutes les régions de la planète ».

Ainsi, en janvier, le Vatican lui aussi commencera la vaccination – a déclaré à Vatican News le directeur de la santé du gouvernorat, le professeur Andrea Arcangeli, – avec le produit de Pfizer, qui est précisément l’un de ceux pour lesquels les lignées cellulaires incriminées dans la phase de test du vaccin ont été utilisées. Sans attendre l’arrivée d’autres vaccins « éthiquement irréprochables » et sans même soulever le moindre doute sur le besoin réel ou la sécurité et l’efficacité réelles.

Et devant les faits, les belles paroles ne servent à rien (le parole lasciano il tempo che trovano).

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