Je reprends tel quel ce titre (excellent) de Riccardo Cascioli qui réagit à l’audience accordée hier par le Pape aux représentants du Consortium de médias catholiques « Catholic Fact-checking ». Pour replacer son éditorial dans son contexte, il faut rappeler que, se sentant attaqué, le site Aleteia, le principal protagoniste de l’initiative côté catho s’était défendu d’une quelconque dépendance de mouvements ennemis de l’Eglise, et avait nommément mis en cause Church Militant, à l’origine de l’info, et différents sites et blogs catholiques qui, à travers le monde, l’avaient relayée. Dont, en Italie, La Bussola. Voici donc la réponse de son directeur.

Journalistes catholiques ou VRP en vaccins?

Riccardo Cascioli, 29 janvier 2022
https://lanuovabq.it/it/giornalisti-cattolici-o-piazzisti-di-vaccini

Le Consortium de médias catholiques « Catholic Fact-checking », a reçu hier une reconnaissance solennelle du pape François, qui lui a accordé une audience. C’est la consécration d’un engagement sans précédent pour la diffusion des vaccins, mais on ne peut s’empêcher de se demander si telle est la mission de l’Église.

Combattre les fake news, mais respecter les personnes. C’est l’un des messages lancés hier par le pape François dans l’audience réservée aux participants à la rencontre promue par le Consortium international de médias catholiques « Catholic fact-checking ». Il va sans dire que les fake news sont tous ces articles qui mettent en doute la valeur salvatrice du vaccin et le projet de vaccination de masse. Par ailleurs, la vaccination de masse, au nom de la lutte contre les inégalités – le concept est répété une fois de plus dans le discours du pape François – doit également couvrir tous les pays pauvres, où, pourtant, le Covid est tout sauf une urgence alors que les véritables maladies à combattre sont autres.

En tout cas, l’audience accordée et le texte du discours du Pape constituent une incitation claire aux activités et aux objectifs de ce consortium, dirigé par le site multilingue Aleteia et impliquant une trentaine de publications, certaines italiennes, dont le mensuel Madre et d’autres petites entités.

Mais plus que sur l’intervention du Pape, nous voudrions nous attarder sur l’entité à laquelle elle s’adresse, le consortium « Catholic fact-checking », dont nous avons parlé il y a quelques jours parce qu’il a reçu des fonds de Google – plus précisément de la Google News Initiative – et utilise comme support scientifique deux instituts qui – selon une enquête du site Church Militantont reçu de l’argent des fondations Soros et Bill et Melinda Gates. Le site Internet Aleteia, chef de file du Consortium, a réagi très durement à ces informations, établissant par ailleurs des liens – dans le site en langue italienne et de manière tout à fait incorrecte – entre La Nuova Bussola Quotidiana et Church Militant. Le démenti d’Aleteia touche en fait toute une série d’aspects secondaires contenus dans l’article de Church Militant, mais ne peut nier les seules questions qui nous intéressent et que nous avons reprises dans la Bussola : les fonds recueillis directement de Google et le partenariat avec des institutions financées par le duo Soros&Gates.

Surtout, le soutien direct de Google est intéressant et le fait est rapportée sur le site de Catholic Fact-checking lui-même, même s’ils se gardent bien de préciser le montant des sommes reçues, un sujet qu’Aleteia évite également d’aborder dans sa réponse, tout en admettant que Google News Initiative a pris en charge « les coûts de développement du Consortium ». Grâce au site web de Google, nous savons cependant que Catholic Fact-checking a partagé un gâteau de 3 millions de dollars avec dix autres projets choisis par Google parmi les 309 qui avaient participé au concours. Pas vraiment de la menue monnaie.

Quoi qu’il en soit, le fait est là : le fact-checking est désormais une forme de propagande qui se fait passer pour du journalisme de vérification, et Google investit d’énormes ressources, tant économiques que technologiques, pour orienter l’information selon les canons du politiquement correct. Prétendre pouvoir sortir des clous en étant à la solde de Google est pour le moins naïf. Par ailleurs, il est évident que les activités du Consortium servent les objectifs de Google, et vont exactement dans la direction souhaitée par Google, c’est-à-dire réfuter les arguments de toute personne du monde catholique qui soulève des objections à la vaccination de masse.
Ce n’est pas une coïncidence si nous ne les avons jamais vus s’inquiéter des personnes qui souffrent de réactions indésirables graves aux vaccins : il ne faudrait pas qu’ils soulèvent des questions chez les gens et découragent l’objectif du « tous vaccinés » apportant de l’eau au moulin des « no vax » détestés. En outre, il s’agit également d’une vieille stratégie : chaque fois que les Seigneurs du Monde visent un objectif – contrôle des naissances, avortement, euthanasie, genre, homosexualité, écologisme – ils financent ponctuellement quelque acronyme « catholique » afin de vaincre toute résistance de l’Église.

De plus, même si l’on ne met pas en doute la bonne foi, il est certainement velléitaire de prétendre garantir la véracité scientifique d’informations concernant un débat en constante évolution, où il y a peu de données certaines et où les intérêts économiques et industriels sont énormes. Un seul exemple : ceux qui ont écrit il y a un an que les personnes vaccinées seraient de toute façon susceptibles de contracter le virus, et de le transmettre ont été insultés et qualifiés de colporteurs de fake news ; aujourd’hui, c’est tellement évident qu’on ne peut plus le nier. Il y a un an, ceux qui prédisaient l’efficacité limitée des vaccins et le risque d’inoculations répétées étaient cloués au pilori ; nous voyons maintenant comment les choses se passent. Et nous pourrions continuer encore et encore. Comment, dès lors, les médias peuvent-ils s’arroger le droit d’établir avec certitude la vérité ?

Comment, dès lors, un média peut-il s’arroger le droit d’établir avec certitude la vérité scientifique ? Mais surtout, est-ce la tâche de l’Église ?

Et nous en arrivons au point le plus important pour nous : il est évident qu’une publication catholique doit également informer et donner son avis sur la pandémie, les vaccins, la gestion des urgences, etc. Mais investir des ressources importantes dans un projet qui réunit le plus grand nombre possible de journaux pour réaliser un travail d’information à sens unique sur les vaccins (même si c’était avec le maximum d’objectivité, cela ne changerait pas grand-chose au discours), le tout avec la bénédiction du Saint-Siège, est quelque chose qui fait réfléchir.

On pourrait s’attendre à ce que les journaux catholiques se mobilisent pour défendre l’Église contre les diverses légendes noires qui ont été construites au fil du temps pour la discréditer et qui sont désormais entrées dans l’imaginaire collectif, ou pour encourager la circulation d’informations sur les communautés chrétiennes persécutées dans de nombreuses régions du monde, ou pour donner la parole aux chrétiens du Moyen-Orient, où la présence catholique est réduite à peau de chagrin, ou pour d’autres objectifs liés à la mission de l’Église, qui est le salut des âmes.

Au lieu de cela, un réseau est mobilisé et créé pour promouvoir les vaccins, en évacuant même toute préoccupation morale quant à l’utilisation de lignées de cellules fœtales issues d’avortements procurés. Il faut dire que ce n’est pas nouveau, et c’est un motif qui revient particulièrement depuis deux ans : la santé d’abord, c’est la ligne ; une préoccupation toute terrestre qui n’implique pas du tout la perspective de la vie éternelle. Au contraire : l’Evangile, les paroles de la foi, sont un prétexte pour justifier des objectifs totalement terrestres. Et en suivant ce fil, on suit inévitablement le pouvoir du monde. Ce n’est pas nouveau, comme nous le disions, et pourtant nous ne pouvons nous empêcher de nous sentir déconcertés et amers.

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