Edward Pentin, apporte d’intéressants compléments à l’article que j’ai publié avant-hier, en particulier le témoignage de l’archevêque de Mossoul (qui nous apprend que l’exemple des chrétiens a conduit à des milliers de conversions), celui, très émouvant, d’un évêque nigérian qui en 2015 a eu la vision d’une épée se transformant en chapelet; la brève mais percutante intervention de la princesse Gloria von Thurn und Taxis. Et une question (qui n’incrimine pas forcément l’administration Trump): où est passé l’argent des américains?

L’Archevêque chaldéen Najib Mikhael Moussa

L’archevêque chaldéen de Mossoul: la persécution des chrétiens a conduit à des millers de conversion

Le gouvernement hongrois parraine une conférence qui a réuni ceux qui sont en première ligne pour protéger les chrétiens du monde entier.

Edward Pentin
National Catholic Register
3 décembre 2019
Ma traduction

BUDAPEST – La persécution des chrétiens en Irak a conduit des « milliers » de musulmans à se convertir à la foi dans le pays, selon le nouvel archevêque de Mossoul.

Mgr Najib Mikhael Moussa, archevêque chaldéen, un dominicain originaire de Mossoul, nommé dans l’ancien archidiocèse occupé par l’ISIS (DAESCH) en janvier, a dit que « des milliers de musulmans ont découvert la personne de Jésus Christ » après les « violences » que les chrétiens y ont subies et qui ont conduit les fidèles à devenir « plus forts » dans leur foi.


« Oui, nous avons tout perdu sauf notre foi en Jésus-Christ « , a déclaré Mgr Moussa aux participants de la deuxième Conférence internationale sur la persécution chrétienne à Budapest. ISIS a occupé Mossoul de 2014 à 2017, période au cours de laquelle ils ont commis de nombreuses atrocités et chassé presque tous les chrétiens de l’ancienne ville jadis majoritairement chrétienne. Seule une poignée de chrétiens sont revenus depuis.
Pour aider les persécutés, a poursuivi Mgr Moussa, « il faut d’abord aider les persécuteurs », en « libérant » les islamistes qui sont « prisonniers, véritables esclaves de l’idéologie », en leur donnant l’Évangile pour qu’ils puissent « découvrir le Dieu d’amour et les aider à échapper à la mort et la violence ».
Il a également souligné l’importance de préserver le patrimoine chrétien de la région qui remonte à 2000 ans – « la foi, la liturgie, l’histoire, notre langue maternelle, nos manuscrits, notre documentation » – sinon « l’arbre mourra s’il est séparé de ses racines ».

Favoriser la collaboration

Le rassemblement des leaders religieux et civils, des diplomates et des volontaires, organisé et parrainé par le gouvernement hongrois du 26 au 28 novembre, visait à encourager la collaboration entre ceux qui travaillent à protéger les chrétiens de la persécution et à offrir aux persécutée de la solidarité dans un monde dans lequel ils se sentent largement oubliés – y compris au sein de l’Église catholique.
Cette rencontre, qui a attiré deux fois plus de participants que la première conférence en 2017, résulte du fait que le gouvernement hongrois est devenu le premier du genre à mettre en place un ministère gouvernemental pour les chrétiens persécutés, apportant une aide tangible en aidant directement les chrétiens persécutés à travers son programme « Hungary Helps« .
Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a ouvert la conférence en expliquant pourquoi son pays se sent particulièrement appelé à aider les chrétiens persécutés.
« Nous sommes en train de semer une graine, a-t-il dit, en donnant aux persécutés ce dont ils ont besoin et en recevant d’eux la foi chrétienne, l’amour et la persévérance ».

Au cours de la conférence, il a été fréquemment demandé aux dirigeants du monde d’élever la voix en faveur des chrétiens persécutés qui, dans de nombreuses régions du monde, continuent de subir d’horribles attaques, discriminations et autres violations des droits de l’homme pour leur foi.
Le Patriarche Ignace Aphrem II de l’Eglise Syriaque Orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient a déploré que « depuis cinq ans que nous sonnons l’alarme, beaucoup n’ont pas entendu nos cris » et que « très peu de mesures concrètes aient été prises pour contrer cette menace réelle pour notre existence en tant que peuple autochtone sur la terre de nos ancêtres ».
Notant qu’au cours des deux dernières décennies, 90% des chrétiens ont quitté l’Irak et 50% la Syrie, il a souligné que ce qui se passe au Moyen-Orient n’est « rien de moins qu’un génocide ». Il a salué « l’héroïsme » de nombreux fidèles chrétiens et a félicité la Hongrie pour son aide, mais il a appelé les Etats-Unis et l’Union européenne à lever les sanctions contre des pays tels que la Syrie, car ils « ne font que nuire aux gens ordinaires ».
Ce dont les chrétiens ont besoin, a-t-il ajouté, c’est que leurs droits humains soient respectés, « une citoyenneté égale », les mêmes « droits et obligations » que les autres, et qu’ils ne se sentent pas « de seconde classe ». Il a également appelé au « dialogue entre toutes les parties ».

Le cardinal Péter Erdo

Les dirigeants hongrois, quant à eux, ont appelé les leaders mondiaux, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Eglise, à faire plus.
Le cardinal Péter Erdo, primat de Hongrie et archevêque d’Esztergom-Budapest, a déclaré que le monde « ne doit pas garder le silence sur les persécutés, ni considérer les attaques physiques comme si de rien n’était », mais doit attirer l’attention sur ces actions si elles se produisent.
« Nous devons effectivement élever la voix en faveur de ceux qui sont persécutés, afin que les dirigeants du monde n’acceptent pas de telles actions », a-t-il dit. Les persécutés « méritent aide et soutien » et « doivent pouvoir retourner dans leur pays d’origine et recevoir de l’aide pour pouvoir recommencer leur vie et reprendre leur travail ».

Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Sziijártó, a déclaré que chaque fois qu’il soulève la question des chrétiens persécutés lors des réunions des ministres de l’UE, ils l’invitent à parler de « minorités religieuses ».
« Eh bien, moi, je veux dire ‘chrétiens persécutés’, a-t-il dit sous les applaudissements.
Le gouvernement hongrois « rejette » l’approche de la communauté internationale qui considère comme « acceptable » toute forme de sentiment anti-chrétien, a-t-il dit.
Depuis le début de l’année, 2625 chrétiens ont été arrêtés sans aucune base légale et plus de 1200 églises ont été attaquées dans le monde entier, a noté M. Sziijártó. Les chrétiens, comme la conférence l’a entendu, sont la plus grande minorité persécutée dans le monde, avec quelque 245 millions de chrétiens dans le monde qui souffrent de persécutions extrêmes.

La conférence a également attiré l’attention sur la persécution des chrétiens au-delà du Moyen-Orient, en particulier au Nigeria, où des groupes islamistes Boko Haram et des membres de la tribu des Peuls ont commis des crimes atroces.
Mgr Oliver Dashe Doeme, évêque du diocèse de Maiduguri, cible d’attaques islamistes, a déclaré que le gouvernement du président Muhammadu Buhari, lui-même peul, est « fortement impliqué dans la persécution », qui, selon Mgr Doeme, est non seulement violente mais inclut la discrimination.
Le prélat nigérian, qui en 2015 a eu la vision d’une épée se transformant en chapelet et Jésus lui disant à trois reprises que Boko Haram serait chassé en priant le chapelet, a dit que son troupeau avait été gravement traumatisé par les attaques. Mais il a ajouté qu’ils avaient une foi « inébranlable » et qu’ils étaient devenus plus forts face à la persécution. Les sources de force, dit Mgr Doeme, étaient l’Eucharistie, l’adoration eucharistique (une heure avant la messe dans chaque paroisse) et la dévotion à la Sainte Vierge par le Rosaire.

La princesse Gloria von Thurn und Taxis

Dans une brève intervention, la princesse Gloria von Thurn und Taxis a dit aux participants à la conférence qu’elle espérait que la Hongrie ne serait pas le seul pays à se distinguer pour l’aide aux chrétiens. Elle a fait remarquer que « plus personne ne semble descendre dans la rue pour la liberté religieuse et la paix », mais que les gens semblent plutôt « plus préoccupés par le réchauffement climatique et la vie animale ».
« Où en sommes-nous si les plantes et les animaux ont plus de valeur que les êtres humains? » a-t-elle demandé. « Bien sûr, nous voulons tous vivre dans un environnement sain, mais comment pouvons-nous accepter et tolérer les procédures artificielles les plus atroces lorsqu’il s’agit de notre propre espèce », a-t-elle poursuivi, faisant référence aux traitements hormonaux pour prélever des ovules chez les mères porteuses et à la chirurgie du changement de sexe.

Mgr Matthew Hassan Kukah, évêque de Sokoto, au Nigéria, s’est fait l’écho de ses préoccupations en faisant remarquer que « les ambitions mondiales de l’islam prennent littéralement racine partout dans le monde », alors que la passion parmi les chrétiens est « en recul ». Les chrétiens ne sont ni « chauds ni froids; et parce que vous n’êtes ni l’un ni l’autre, je vais vous recracher », dit-il, citant l’Apocalypse. Le monde voit un « symptôme de notre propre échec », a-t-il dit, et les chrétiens ont pris « trop de choses pour acquises ».
« Les gens disent que le christianisme est en train de mourir, mais nous n’avons pas essayé de trouver la source de notre manque de passion », a-t-il poursuivi. « Regardez l’Europe, l’amour libre, le sexe des années 60 » qui a conduit à l’adoption d’une « philosophie nihiliste ». Les jeunes Européens, a-t-il dit, « n’ont pas rejeté le christianisme, mais on ne leur a jamais offert à la première place ».

L’aide des États-Unis ne parvient-il pas aux populations ?

L’adjoint à la présidence [des USA] Joe Grogan a lu un message du président Donald Trump, qui a transmis ses « salutations les plus chaleureuses » aux participants à la conférence. Le président s’est dit « heureux » que la Hongrie partage la même conviction que les Etats-Unis dans la défense de la liberté religieuse et a ajouté que son administration prend des « mesures concrètes » pour empêcher les attaques contre les citoyens en raison de leurs convictions.
Mais en dehors des représentations, le Register a appris que, malgré la décision de l’administration Trump en 2017 d’apporter une aide directe aux persécutés plutôt que par l’intermédiaire de tiers, les catholiques en Irak n’ont vu qu’une faible partie des quelque 373 millions de dollars que l’administration affirme avoir donnés, principalement aux chrétiens persécutés en Irak dans le cadre du programme « Genocide Recovery and Persecution Response ».
« Nous sommes perplexes quant à la destination de la plus grande partie de ces fonds », a déclaré une source de la région des plaines de Ninive, ajoutant que la région n’avait reçu qu’une fraction relativement faible (environ 700 mille dollars), qui était arrivée au cours des six derniers mois. L’aide a été administrée à travers l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), un organisme du gouvernement fédéral qui fournit une aide étrangère civile et une aide au développement.

Le dernier jour, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, a prononcé un discours dans lequel il a déclaré que la restauration des églises et des infrastructures au Moyen-Orient était « la priorité absolue » pour que les chrétiens puissent revenir dans la région.
De même, il a appelé les dirigeants du monde entier à écouter les chrétiens persécutés « être exterminés sous nos yeux » et a partagé les détails de la manière dont un groupe interreligieux en Russie aide les fidèles en Syrie à travers un « certain nombre d’initiatives humanitaires ».

Il a conclu en exprimant l’espoir que la conférence « aiderait les chrétiens d’Orient et d’Occident à unir leurs efforts en faveur du rétablissement de la paix ».

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