La preuve par le message Urbi et Orbi du 25 décembre. Le philosophe argentin José Arturo Quarracino, neveu du cardinal Antonio Quarracino qui fut le prédécesseur de François dans l’archidiocèse de Buenos Aires, corrige un billet de Sandro Magister du 14 décembre dernier où le vaticaniste italien prétendait que le Pape était censuré par les médias lorsqu’il parlait de défense de la vie. Faux, dit Quarracino. Magister a eu l’élégance de publier le 17 décembre le rectificatif argumenté que lui a adressé ce dernier (une lettre en espagnol, malheureusement non traduite en français). Aujourd’hui, Quarracino écrit à Marco Tosatti.

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Selon Quarracino, même si le Pape François prononce des mots durs contre l’avortement, il le fait de telle manière que ceux-ci ne trouvent pas d’écho dans les grands médias, il ne subit donc pas une forme de censure mais c’est plutôt lui qui s’adapte volontairement à ce silence.
Car si le Pape voulait vraiment donner un plus grand impact à ses déclarations publiques sur l’avortement, pourquoi ne les prononce-t-il pas lors d’un Angélus dominical, ou au cours d’une grande audience publique, comme il le fait pour ses plaidoyers vibrants en défense de l’environnement ou des migrants, et pourquoi préfère-t-il les glisser dans des lettres privées dont même l’Osservatore Romano ne signale pas l’existence?

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Sandro Magister, 17 décembre

L’avortement en Argentine: l’indifférence du Pape François

Marco Tosatti, 26 décembre
Ci-dessous, ma traduction

Il y a des moments où avoir raison est tout sauf agréable, parce que, au contraire, cela laisse un goût très amer dans l’âme, par exemple, dans les affaires où sont en jeu la défense de la vie humaine naissante et le destin d’un pays, en l’occurrence l’Argentine.

Le 14 décembre, Sandro Magister a publié sur son blog Settimo Cielo un article intitulé « Le Pape François censuré, chaque fois qu’il s’exprime contre l’avortement« . À la suite de cet article, j’ai rédigé une série de considérations, dans l’intention de démontrer qu’en réalité ce qui semble être une censure de la pensée de Bergoglio sur l’avortement est en fait une stratégie froidement calculée, dans laquelle le Pape actuel est doctrinalement et théoriquement opposé à l’avortement, mais en réalité, dans la pratique, il permet et tolère la mise en œuvre et la légalisation des politiques abortives.

Mon ami Magister a eu la gentillesse de publier mes réflexions, le 17 décembre, dans un article intitulé « Pas de censure, mais un silence calculé. Une lettre d’Argentine sur le Pape et l’avortement » ,dans lequel j’affirme qu’en réalité, le pape Bergoglio accompagne l’initiative en faveur de l’avortement entreprise par le « président » Alberto Fernández et la vice-présidente Cristina Kirchner, avec lui et la hiérarchie de l’Église argentine qui exercent une opposition aimable « pour les photographes » pour dissimuler le soutien voilé apporté à l’initiative génocidaire criminelle visant à légaliser la peine de mort prénatale.

Le 11 décembre, la Chambre des députés de la Nation a prononcé un demi-jugement pour légaliser l’avortement, en un temps très court dans son traitement dans les commissions et dans la session officielle qui a fini par approuver le projet et l’envoyer au Sénat national pour l’approbation finale.

En trois jours, les commissions sénatoriales ont préparé un rapport ratifiant le demi-jugement, et le vendredi 11, le rapport a été approuvé, pour être discuté en session officielle le mardi 29 décembre prochain.

Mais avant cela, une immense majorité du peuple argentin était descendue dans la rue dans différentes villes et provinces, manifestations qui se sont terminées le 28 novembre par des journées massives de défense de la vie humaine naissante et de rejet du projet d’avortement du gouvernement. Les médias ont dû couvrir ces manifestations dans leurs programmes d’information. D’autre part, des sondages sérieux affirment, selon leurs dernières enquêtes, que le rejet de la légalisation atteint 60% des personnes interrogées, contre 27% qui soutiennent l’avortement.

Dès le lundi 14 décembre, un appel à une Marche pour la Vie a été lancé pour le lundi 28 décembre: celle-ci partira de la Plaza de Mayo (où se trouve le siège du gouvernement national), en direction du Congrès national, où l’approbation ou le rejet du projet de loi sera discuté le lendemain. La marche sera menée par l’image de la Vierge de Luján, patronne de la République argentine.

Mais pour les 26 et 27 décembre, des marches et des manifestations ont été appelées dans pratiquement toutes les 23 provinces d’Argentine, dans leurs capitales respectives et dans d’autres villes importantes.

Les hiérarchies religieuses, qu’elles soient catholiques, protestantes ou évangéliques, sont bien conscientes de toutes ces initiatives, mais ont décidé de les accompagner d’une déclaration purement institutionnelle et d’une journée de « prière et de jeûne », en même temps qu’une grande majorité de la population a appelé à des manifestations publiques. Il semble que les « bergers à l’odeur de brebis » aient perdu leur odorat et ne sentent plus leurs brebis, ce qui coïncide de manière significative avec les bergers mercenaires mentionnés dans l’Evangile selon Jean (chapitre 10).

Mais ce qui est frappant et surprenant, c’est le silence tonitruant et assourdissant du pape Bergoglio sur ce sujet, sur lequel il est suffisamment informé, mais sur lequel il ne fait aucune déclaration publique, mais garde un silence absolu.

La preuve en est le Message Urbi et Orbi qu’il a officiellement proclamé le jour de Noël, comme le veut la tradition dans l’Église. Dans ce message, Bergoglio fait explicitement référence aux thèmes qu’il aborde habituellement – la question écologique, le covid-19 et la pandémie, la fraternité universelle, les vaccins en cours – et aux pays au sujet desquels il demande des prières et un accompagnement spirituel : Syrie, Irak et Yémen ; Libye ; Méditerranée orientale, Juifs et Palestiniens ; Liban ; Haut-Karabakh et Ukraine : Burkina Faso, Mali et Niger ; Ethiopie, Mozambique, Soudan du Sud, Nigeria et Cameroun ; Amérique, en particulier Chili et Venezuela ; Philippines et Vietnam ; et enfin le peuple Rohinya à Myannar.

De l’Argentine, son pays natal, pas un mot. Dans son message, Bergoglio « a parcouru » plusieurs pays sur les cinq continents, mais aucune nouvelle de l’Argentine, comme si elle n’existait pas.

Cette indifférence confirme ce qui est habituellement commenté par les évêques et les prêtres proches de Bergoglio : « l’avortement n’est pas une question aussi importante que l’environnement ou les migrants ».

Lorsqu’il existe un risque sérieux de légalisation de la peine de mort prénatale en Argentine, le pape argentin est officiellement muet. Mais malheureusement, avec cette attitude, Bergoglio semble tolérer qu’une telle abomination devienne officielle, devenant ainsi un complice passif de la légalisation de l’avortement, au-delà de ses lettres privées.

Le pape Bergoglio a-t-il décidé d’agir comme Ponce Pilate, en se lavant les mains de l’affaire de l’avortement en Argentine?

Et étant donné qu’il y a quelques jours, le 8 décembre, sa « nomination » comme aumônier de la Synarchie mondialiste internationale, au sein du Conseil pour le capitalisme inclusif, a été officialisée, il est clair que le prix à payer pour une telle position est le silence officiel du Vatican sur la légalisation de l’avortement, promue depuis plusieurs décennies par les mêmes puissances qui l’ont fait « aumônier » de leur appareil politique mondialiste.

Que dit saint Ignace de Loyola à propos de tout cela ?

José Arturo Quarracino

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