Pour être précis sur le titre de cet article (du beau blog de Leonardo Lugaresi, auquel nous devons déjà, sur le sujet de la mort de Benoît XVI, un article de grande épaisseur: Le Pape que nous ne méritions pas), voici la définition du Larousse pour « acte manqué »:

Acte par lequel un sujet substitue, malgré lui, à un projet ou à une intention qu’il vise délibérément, une action ou une conduite totalement imprévues.

Ce n’est évidemment pas dans ce sens qu’il faut comprendre « l’acte manqué » de Jorge Mario Bergoglio lors des obsèques de son prédécesseur, qui n’avait rien d’involontaire (« malgré lui »), bien au contraire. Ici, il s’agit tout simplement de quelque chose qu’il n’a pas fait ou pas dit, alors qu’il aurait DÛ le faire. En ce sens, c’est plutôt une occasion manquée.
Mais au fond, tout est en ordre. C’est bien ainsi [(1)]

L’acte manqué de François

L’atto mancato di papa Francesco.

Leonardo Lugaresi, 5 janvier 2023

Tout est dit!

Le problème n’est pas que l’on voulait un panégyrique de Benoît XVI (je suppose d’ailleurs que Joseph Ratzinger n’aurait pas aimé que l’on mette l’accent sur sa personne). Ce n’est pas non plus que les propos du pape François dans sa très courte homélie, d’ailleurs construite sur quatre citations de discours de son prédécesseur, donnent lieu en soi à une quelconque objection. Ils sont en effet irréprochables.

Le problème, c’est que, dans la vie humaine, les circonstances comptent, et comment! Il y a des choses qu’à certains moments, on ne peut pas ne pas faire ou ne pas dire. La circonstance d’aujourd’hui, les funérailles d’un pape célébrées par son successeur, était exceptionnelle et exigeait un comportement idoine. Le pape, en prenant la parole, ne pouvait pas se soustraire au devoir d’interpréter le sens du moment actuel de la vie de l’Eglise, offrant aux fidèles avec son autorité [de Pape] une clé d’interprétation du pontificat de Benoît XVI et du sien, vue dans leur relation problématique. Il devait le faire précisément parce qu’il y a – comment ne pas le voir ? – une discontinuité entre l’un et l’autre pontife qui constitue un sérieux problème, d’un point de vue catholique. Il fallait donc illustrer, s’il y en a, les raisons d’une continuité plus profonde et plus cachée qui soude et sauve l’institution, sous les contrastes apparents. Ou bien assumer courageusement la responsabilité de la rupture introduite, par rapport à toute la tradition antérieure, tout en gardant l’estime pour l’œuvre du défunt et en la valorisant autant que possible.

Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, François ne pouvait éviter d’affronter Benoît XVI en parlant sérieusement de sa personne et de son œuvre. Il n’a peut-être pas pu le faire pendant le reste de ces presque dix ans, pensant qu’il pourrait s’en tirer avec des boutades élogieuses sur le « grand-père sage » et la personne gentille que l’on aime tant. Pas aujourd’hui. Malheureusement, quoi que l’on pense de l’homélie de François (et de son comportement en général en ce moment), il me semble indiscutable qu’il s’agissait d’un discours absolument générique, qui aurait été parfait pour n’importe quel autre défunt, voire utilisable presque sans modification pour n’importe quelle autre occasion. Un « discours de circonstance », mais pas un discours qui prend la circonstance au sérieux. Ainsi, dans l’optique de « l’église du pape François », Benoît XVI devient définitivement une présence résiduelle et inconfortable, un problème non résolu dont on espère se débarrasser. (En fait, je crois et j’espère qu’il comptera beaucoup plus dans l’expérience de l’église quand il sera mort que quand il était vivant).

Je peux imaginer certaines des raisons pour lesquelles François n’était pas en mesure de faire ce qu’il aurait faire aujourd’hui. Il n’en demeure pas moins que l’acte d’aujourd’hui est un acte manqué. Entre le pape mort et le pape vivant, c’est ce dernier qui semblait le plus absent Et ce n’est pas bon pour l’Eglise.

(1) Ndt

Je lis à l’instant sur le FC ce commentaire, que je partage entièrement:

…INUTILE D’ENRAGER, TOUT SE DÉROULE PARFAITEMENT!
______

… si François avait été bon acteur, s’il avait voulu faire les choses en ordre, si il avait été dithyrambique sur son prédécesseur, … quelle catastrophe ça aurait été.
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Là, au contraire, il y a quelque chose qui se voit, qui se sent, qui se palpe, … des gens lambdas s’en retrouve étonnés, ou gênés, ou interloqués.
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Moi je pense que le plan de Dieu se déroule parfaitement : Une fausse note dans un philharmonique n’est qu’une fausse note que tout le monde excuse, ça n’a aucune incidence sur le concert, et même si plusieurs musiciens ne sont pas dans leur assiette et jouent faux… on leur trouvera encore facilement des excuses. Cependant, s’il n’y a que quelques musiciens qui jouent parfaitement leur partition et que le chef d’orchestre en personne les rabroue pour favoriser les médiocres, tout les spectateurs commencent à sentir que le concert pue l’arnaque.
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C’est exactement ce que Dieu nous montre de plus en plus visiblement. Le Christ n’a pas donné pour mission à Pierre de montrer l’exemple, et heureusement, quand on voit certains papes du passé, ça aurait été une catastrophe. Jésus n’a donné qu’une seule mission à Pierre : « Confirme tes frères dans la foi ! »
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Et c’est précisément ce qu’ont fait tous les papes, même les pires. Benoît a essayé de le faire, mais comme je l’ai lu récemment en titre d’un article : « Benoît, le pape qu’on ne méritait pas. »
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Alors François est venu, et au lieu de confirmer ses frères dans la foi, il n’a produit que du brouillard, exactement le contraire de la mission que le Christ a confié à Pierre.
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Moi ça me renvoie au petits messagers de Fatima, ils parlent plusieurs fois du pape, sauf à la fin où ils mentionnent : « Un homme vêtu de blanc », on a eu l’impression que c’était le pape.

Eh oui, quand on regarde François, on a l’impression que c’est le pape, … mais bon, une impression reste une impression…

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