A ne SURTOUT pas manquer. La « Rolls des vaticanistes », publie désormais moins d’articles, mais ce qu’il met en ligne vaut généralement le détour. Si l’on peut ne pas être d’accord avec ses interprétations personnelles, peut-être biaisées par son parti-pris anti-Bergoglio, les faits qu’il rapporte ne peuvent pas être mis en doute. Nous avons largement traité dans ces pages, en particulier récemment (voir par exemple Les deux bureaux de presse du Vatican), de la communication inédite (pour user d’une litote « cléricale ») de François, mais là, Sandro Magister met les points sur les « i » et confirme les pires impressions. Il parle de « gigantesque fouillis » et même de « grossièreté de corps de garde ». Bref, c’est du lourd.

Texte original en italien: magister.blogautore.espresso.repubblica.it
(traduction française du site Diakonos)

Extraits (savoureux)

En partance le 28 avril pour Budapest, le Pape François ne manquera certainement pas les deux grands moments médiatiques de chacun de ses voyages : la conférence de presse dans le vol de retour vers Rome et l’entretien avec les jésuites locaux, tenu à huis clos, mais ensuite transcrit et publié par « La Civiltà Cattolica ». Dans les deux cas, il parlera comme toujours à bâtons rompus, de ce qu’il voudra, sans aucune retenue, pas même par rapport à ce qu’il a dit auparavant, qu’il n’aura d’ailleurs pas peur de changer ou de contredire, si cela lui semble opportun, comme il l’a fait à plusieurs reprises. Il ne restera plus aux services du Vatican qu’à transcrire et à consigner, dans ce gigantesque fouillis désordonné de discours prononcés et écrits qui constitueront pour les futurs historiens le « magistère » du pape Jorge Mario Bergoglio.

Un « magistère » dans lequel on trouve de tout. Et de trop. À tel point que, depuis quelque temps, les secrétaires chargés d’archiver ses discours doivent parfois couper et éliminer l’un ou l’autre excès, locution vulgaire ou grossièreté de corps de garde.

(…)

Le 24 octobre dernier, en recevant des séminaristes et des prêtres qui étudiaient à Rome et en répondant à une question innocente sur le monde digital, le Pape s’était laissé aller à une digression emphatique sur le vice consistant à visionner des images pornographiques, comme s’il s’agissait d’un vice de tous les prêtres présents et absents, et même des religieuses et des personnes consacrées.

Mais le 10 décembre suivant, c’était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase parce que pendant l’audience accordée à des séminaristes et à des éducateurs de Barcelone, là encore mettant de côté le texte écrit sous prétexte qu’il était « ennuyeux », le Pape François a dépassé les bornes de ce qu’on peut publier, en lançant des bordées d’injures contre les carriéristes et les arrivistes.

(…)

En réformant la Curie à sa manière, François a institué un dicastère dont le rôle est censé être celui de s’occuper de la communication, avec à sa tête deux journalistes laïcs, Paolo Ruffini et Andrea Tornielli. Mais Bergoglio n’a jamais semblé affectionner particulièrement les canaux de communication officiels.

Les quelques rares fois où il a rendu visite au quotidien « L’Osservatore Romano », il en a profité pour humilier ceux qui y écrivaient, du directeur Andrea Monda jusqu’au bas de l’échelle, avec des moqueries impitoyables sur le faible nombre de copies vendues.

(…)

La quantité démesurée d’interviews que François accorde aux journaux les plus divers et variés ne passe pas par le filtre du dicastère pour la communication. « L’Osservatore Romano » et les autres canaux officiels sont mis devant le fait accompli. Par exemple, avec un compte-rendu des 83 minutes d’entretien de François en compagnie d’une dizaine de jeunes du monde entier mise en ligne le 5 avril dernier sur la plateforme de streaming Disney Plus qui avait été enregistrée plusieurs mois auparavant dans un studio de cinéma de la banlieue romaine.

Un entretien surréaliste, ponctué de questions effrontées et souvent hostiles, où une interlocutrice déclare vendre des vidéos pornographiques « pour se mettre davantage en valeur et mieux vivre avec sa fille », et avec le Pape qui joue le jeu et lui conseille de ne pas avoir peur de demander de l’argent au Vatican pour aider quelqu’un : « N’hésite pas à demander, leur dis-je, de toute manière ils volent tout le monde là-dedans ! Donc je sais où on peut voler et je t’envoie les sous ».

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