Giuseppe Nardi revient sur la célébration, prévue en mai prochain, d’une « messe » dans la cathédrale du Pape par Tawadros II, le « pape » de l’Eglise copte orthodoxe. Elle fait suite à celle d’une liturgie par 50 clercs anglicans le 18 avril dernier dans la même basilique. Elle soulève des problèmes dogmatiques non négligeables, car l’ « église » présidée par Twadros n’est pas en union avec Rome. A moins que tout cela ne soit que des vieilles choses du passé à reléguer au grenier. Ou bien que « le principe hégélien selon lequel la pratique précède la doctrine s’applique ici aussi »?
Voir aussi
- La « messe » anglicane à Saint-Jean-de-Latran
- Opération Portes ouvertes à la basilique pontificale romaine Saint-Jean de Latran
La basilique du Latran « prêtée » au patriarche copte
BOUSCULADE ŒCUMÉNIQUE DANS L’ÉGLISE PRINCIPALE DE LA CHRÉTIENTÉ
Giuseppe Nardi
katholisches.info
27 avril 2023
(Rome) Ce qui aurait pu n’être qu’un « malentendu œcuménique », comme la prétendue célébration d’un service anglican dans la basilique du Latran, a entre-temps été officiellement confirmé : Tawadros II, le pape de l’Eglise copte orthodoxe, se voit « prêter », « dans un esprit œcuménique », l’église du Latran, c’est-à-dire la cathédrale de l’évêque de Rome et l’église principale de l’Eglise catholique, afin qu’il ait la possibilité d’y célébrer une messe copte orthodoxe, bien qu’il ne soit pas en union avec le siège de Pierre.
Le processus est sans précédent : le chef d’une communauté a-catholique se voit attribuer l’église principale et mère de l’Eglise catholique. Toutes les questions doctrinales et liturgiques qui séparent les coptes de Rome depuis de nombreux siècles ont-elles été réglées ? Jusqu’à présent, aucune unité ainsi retrouvée n’a été signalée. Alors pourquoi l’ordre est-il bouleversé ?
A Rome, on se réfère officieusement au numéro 137 du Directoire pour l’application des principes et des normes sur l’œcuménisme du 25 mars 1993, appelé en abrégé Directoire de l’œcuménisme. Celui-ci a été édicté par le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. Il y est dit :
§137. Les églises catholiques sont des édifices consacrés ou bénits qui ont une importante signification théologique et liturgique pour la communauté catholique. Par conséquent, elles sont généralement réservées au culte catholique. Toutefois, si des prêtres, des ministres ou des communautés qui ne sont pas en pleine communion avec l’Église catholique n’ont pas d’endroit, ni les objets liturgiques nécessaires pour célébrer dignement leurs cérémonies religieuses, l’Évêque du diocèse peut leur permettre d’utiliser une église ou un édifice catholique, et aussi leur prêter ces objets nécessaires pour leurs services. Dans des circonstances semblables, la permission peut leur être accordée de faire des enterrements ou de célébrer des offices dans des cimetières catholiques.
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http://www.christianunity.va/content/unitacristiani/fr/documenti/direttorio-per-lapplicazione-dei-principi-e-delle-norme-sullecum.html
On peut maintenant se demander ce que ce paragraphe du Directoire pourrait avoir à voir avec la visite du patriarche Tawadros II à Rome. Il rend visite au pape au Vatican et bien sûr aux fidèles coptes-orthodoxes à Rome et en Italie.
Des mauvaises langues au Vatican disent que la prochaine annonce – après la référence au Directoire de l’œcuménisme – sera que Tawadros II ne dispose pas d’un lieu de culte suffisamment grand pour se réunir avec les 100.000 coptes égyptiens présumés vivant en Italie.
En même temps que cette prochaine communication, on assure que l’on veillera avec le plus grand soin à ce que Tawadros II reste à l’écart de l’autel papal. En réalité, c’est là qu’il célébrera, entre les reliques de saint Jean-Baptiste et de saint Jean Évangéliste. Le Saint-Siège haussera ensuite les épaules et regrettera de ne pas avoir été au courant. Il s’agissait d’un fait accompli.
Les coptes sont des miaphysites, en gros un sous-groupe des monophysites, et font partie du mouvement opposé à l’arianisme.
Que dit le représentant compétent du Vatican, le père Hyacinthe Destivelle, du Dicastère pour l’unité des chrétiens ? L’occasion de la visite de Tawadros II au pape François est le 50e anniversaire de la première rencontre entre un pape copte et un pape catholique. Mais qu’est-ce qu’un tel anniversaire change aux raisons qui ont empêché jusqu’à présent l’union des Églises ?
Ou alors le principe hégélien selon lequel la pratique précède la doctrine s’appliquerait-il ici aussi ?