Les rédacteurs du site Silere non possum ont à l’évidence des entrées au Vatican, on peut dire que ce sont des initiés, et leur voix est celle d’un certain clergé mécontent du cours Bergoglio. Entre autre, ils ont été les premiers à « sortir » l’affaire Rupnik, et le pavé qu’ils ont ainsi jeté dans la mare a eu un certain écho derrière les murs vaticans. Ce dernier article, toujours autour de ce scandale pour l’instant en suspens faute de décision papale, revient sur la séance de questions-réponses du Pape dans l’avion de retour de Budapest, et sur son « cercle magique » médiatique, qu’il ne ménage pas – c’est une pieuse litote. On dira, peut-être à juste titre, que l’article est vraiment méchant, et qu’il sent le règlement de comptes. Mais premièrement, il est relayé par le site (ex-) semi officiel, ex-bergoglien, Il Sismografo , et ce n’est pas rien. Et deuxièmement, le plus important, il aide à comprendre à quel point la figure du Pape imposée par les médias (à laquelle il doit aujourd’hui encore sa popularité) est éloignée de la vraie. Soit, en négatif, exactement ce qui s’est passé avec Benoît XVI, dont tout le pontificat a été maculé et parasité par un récit médiatique falsifié.

Voir aussi:


Le pape et Andrea Tornielli, directeur éditorial du dicastère pour la communication

Le fils de la poule blanche


Silere non possum

Dans les petits villages de campagne, on a coutume de dire à ceux qui bénéficient d’un traitement de faveur : « Qu’est-ce que tu es ? Le fils de la poule blanche ? »

Evidemment, dans ce cas, il y a quelqu’un d’autre, également vêtu de blanc, qui permet à Marko Ivan Rupnik de faire ce qu’il veut. François, dans cette affaire comme dans d’autres, démontre le caractère diabolique de la « tolérance zéro » dont il s’est souvent vanté. Cette stratégie fantomatique fonctionne avec tout le monde mais pas avec ses favoris. Juan Domingo Perón a été une source d’inspiration dans la formation de Bergoglio.

Le Pape est également fort de ses positions car il bénéficie d’un bouclier d’exception: celui de la presse.

Les journalistes

Inutile de rappeler que cette affaire a été révélée grâce à Silere non possum qui, le 1er décembre 2022, a choisi de faire tomber un mur de silence qui enveloppait même les meilleures plumes vaticanes. Certains ont choisi de surfer sur la vague et demandent même aujourd’hui que chaque pièce de la mosaïque soit enlevée au marteau et au burin. Oubliant qu’avec ce système, il faudrait aussi blanchir la chapelle Sixtine et même les plafonds de leurs masures. D’autres, en revanche, ont fait la sourde oreille et n’ont fait que relancer les nouvelles fausses et contradictoires qui émanaient des différents bureaux à la suite des nombreuses demandes adressées au Borgo Santo Spirito [célèbre rue romaine où se trouve la Curie générale de la Compagnie de Jésus].

A présent, il est clair que personne n’a eu la liberté nécessaire pour affronter le Pape et le mettre face à ses propres contradictions. Que dire, la stature de ces « vaticanistes » est celle, pour ne donner qu’un exemple parmi tous, d’Austen Ivereigh, une personne indéterminée qui a du mal à formuler des phrases qui aient un sens et qui, il y a quelques heures, a relancé comme une grande nouvelle : « Le pape avec une Fiat 500 et le cardinal Peter Erdo, conservateur, avec une Mercedes », en joignant même des photos des deux à l’aéroport.

C’est sûr, voilà les problèmes de l’Église. Ivereigh, l’un de ceux qui a vendu des livres grâce à ses conversations avec le pape, tient également à souligner qu’Erdo serait conservateur. Un élément fondamental de la narration. Dommage que, dans son incapacité à formuler une pensée, il ait oublié d’expliquer à ses lecteurs combien coûte l’acheminement d’une Fiat 500 du Vatican en Hongrie. Il n’a pas expliqué à ses lecteurs, mais nous avons tendance à croire que lui-même ne l’a pas compris, le pauvre, qu’il aurait peut-être été « plus écologique » et « plus humble et plus pauvre » d’utiliser une Mercedes qui se trouvait pourtant à Budapest.

Telle est la médiocrité de tous ces gens qui écrivent pour divers journaux et sont accrédités auprès du Bureau de presse du Saint-Siège. Une médiocrité qui se transforme en adulation d’une divinité : Jorge Mario Bergoglio. Pas le pape, bien sûr. Jorge Mario Bergoglio. Oui, parce que « ce pape nous plaît », « ce pape nous nourrit », « ce pape sert nos intérêts ». Vous êtes-vous déjà demandé où seraient tous ces gens aujourd’hui si Bergoglio n’était pas sur le trône pétrinien ? En train de balayer les rues de Paris ? Probablement.

Il y a un fait malgré tout: lors de la conférence de presse dans le vol de retour de Hongrie, aucun d’entre eux n’a été capable de dire au pape : « Et alors ? Rupnik ? Vous attendez qu’on oublie qu’il existe ? ».

Non, rien de tel. Des questions posées, il n’en est pas ressorti une seule qui ait un sens. Deux questions ont émergé : l’une sur la santé, dont François a parlé avant même qu’on le lui demande. La seconde concerne une « négociation de paix » sur l’Ukraine.

Toutes deux ont un point commun : elles sont fausses.

La santé du pape

La journaliste Aura Maria Vistas Miguel, posant une question au Pape sur les JMJ, a donné pour certain que le Pape avait perdu connaissance. En effet, François, appelant un ami à Pesaro, avait déclaré : « J’ai perdu connaissance. J’ai passé un très mauvais moment ». L’homme l’a dit à la presse le 11 avril 2023, protégeant la vie privée du pontife comme le font tous les amis de Bergoglio.

Depuis qu’on a lu cette nouvelle à Sainte Marthe et qu’on a rappelé à François que « pour une pneumonie, on ne perd pas connaissance », le Pape a pris soin de dire [dans sa réponse à la journaliste, ndt]: « D’abord la santé ». Et, une fois de plus, il a commencé les pirouettes, se contredisant lui-même et contredisant tout son entourage.

Bergoglio, ensuite, a dit qu’il n’avait pas perdu connaissance mais : « ce que j’ai eu, c’est un fort malaise à la fin de l’audience du mercredi, je n’avais pas envie de déjeuner, je me suis un peu allongé, je n’ai pas perdu connaissance, mais oui il y avait une forte fièvre, une forte fièvre, et à trois heures de l’après-midi le médecin m’a immédiatement emmené à l’hôpital : une pneumonie aiguë et forte, dans la partie inférieure des poumons. Dieu merci, je peux le raconter, à quel point l’organisme, le corps, a bien réagi au traitement ».

« Dieu merci, je peux le raconter ». Il est pourtant notoire que François fait tout cela pour créer la confusion et ne pas dire clairement qu’il a eu une crise cardiaque, ce qui a conduit Strappetti [son infirmier] à entamer une véritable négociation avec le Pape qui ne voulait pas aller à l’hôpital.

Voilà ce ce qui s’est passé et à Santa Marta, de nombreuses personnes ont vu l’ambulance stationner devant la Domus [Santa Marta] pendant plus de vingt minutes.

Le dicastère du familialisme amoral

C’est ce qui s’est passé, au grand dam d’Andrea Tornielli [donc le directeur du dicastère pour la communication, d’où le titre] , qui s’est laissé aller à ses hystéries habituelles dès son retour de voyage apostolique en Hongrie.

Tornielli tient à faire valoir son point de vue pour réfuter ce que nous avons dit, alors qu’il devrait être la personne la plus silencieuse sur le sujet. (…)

Hier grand flatteur de Benoît XVI, aujourd’hui promoteur de l’Eglise des pauvres. « Si l’on élisait demain un homme qui porte dix centimètres de dentelle même pour dormir, il serait prêt à renier tout ce qu’il a dit au cours de ces dix années », rapporte un cardinal de la Curie. Oui, Andrea Tornielli ne jouit pas d’une estime particulière dans les murs sacrés, notamment parce qu’ici, on remarque ceux qui ne sont pas cohérents. Mais cet homme est de ceux qui sont prêts à tout pour obtenir quelque nomination ad hoc, pas de quoi s’étonner donc. « Nous attendons le 18 décembre 2023 avec beaucoup d’impatience », plaisante-t-on à la Secrétairerie d’État. Oui, car au bout de cinq ans, Tornielli devra faire ses valises. Tout ce processus pourrait être accéléré s’il y a des surprises particulières. Le directeur sait qu’un billet « aller simple » pour Venise [dont il est originaire, ndt] sera délivré à l’issue du prochain conclave.

Mais revenons aux faits. Il est clair que Tornielli ne s’attarde pas sur la vraie nouvelle de la réponse du Pape. C’est-à-dire le fait qu’il l’a démenti, lui et tout son dicastère. C’est le prix à payer pour un pape qui parle à tort et à travers. Les mensonges apparaissent aussi au grand jour. Un saint cardinal, proche de la retraite, disait toujours en plaisantant : « S’il faut pécher, il faut le faire bien« . Mais les temps ont changé et ce n’est plus comme avec les précédents pontifes qui choisissaient une ligne et la suivaient. Aujourd’hui, tout change, d’abord vous perdez connaissance, et ensuite plus. Tout est relatif.

Mais le Pape a bel et bien dit une chose : les contrôles n’étaient pas planifiés. Or, le 29 mars, c’est précisément ce que Tornielli écrivait sur son compte Facebook.

Ainsi, de retour de Hongrie, il aurait peut-être été plus correct de tweeter : « Le pape, contrairement à ce que j’ai pu prétendre, a été admis d’urgence et non pour des contrôles cliniques programmés ».

Telle est la dure épreuve à laquelle doivent se résigner ceux qui choisissent des gens incompétents.

L’autre démenti

Les mensonges proférés par François au fil des ans sont en effet nombreux. Il est inutile de les mentionner. Interrogé par la journaliste Eliana Ruggiero sur l’Ukraine, le pape a déclaré : « Maintenant, une mission est en cours, mais elle n’est pas encore publique. Voyons comment… Quand elle sera publique, je le dirai ».

La réponse de Vladimir Zelenski ne s’est pas fait attendre : il a tout sauf l’intention de s’asseoir à une table et de discuter, et il a fait savoir qu’ « il n’avait pas donné son accord à une telle discussion pour le compte de l’Ukraine : si des pourparlers ont lieu, ils se déroulent à notre insu et sans notre bénédiction »

L’archevêque orthodoxe Hilarion, à son tour, en a rajouté une couche: « Aucune question politique n’a été abordée. La rencontre était de nature personnelle entre deux vieux amis ».

Une fois de plus, donc, le pape est démenti et Kiev laisse entendre que sa figure ne lui est plus d’une grande utilité. Après tout, qu’y a-t-il de surprenant ? N’a-t-on pas voulu réduire la figure de la papauté à cela ? Ne nous plaignons pas ensuite qu’il ne soit pas pris en considération.

La crédibilité de François

Le pape François, lui, joue un autre jeu sur lequel toute sa crédibilité va se jouer. Cette fois-ci pour de vrai. Le traitement favorable de Gustavo Óscar Zanchetta, Óscar Andrés Rodríguez Maradiaga et Oscar Cantoni n’a pas suffi. Aujourd’hui, c’est l’affaire Marko Ivan Rupnik qui est également en jeu.

(…)

L’Église vit donc une véritable schizophrénie. D’un côté, il y a ceux qui demandent de tout démonter et de tout détruire, de l’autre, il y a ceux qui sont même prêts à commencer le travail. Tout cela ne peut s’arrêter qu’à la suite d’une intervention claire et décisive du Pape. « Elle ne viendra pas, elle ne viendra pas », s’agite un préfet d’un dicastère de la Curie romaine. C’est ce que disent ceux qui ont bien vu qui a levé l’excommunication de Rupnik et comment le Pape s’est comporté dans d’autres situations qui sont encore, pour peu de temps, « sub secreto ».

(…)

« Il est évident que même la Compagnie de Jésus ne sait plus sur quel pied danser », rapportent des sources du Borgo Santo Spirito. Si François poursuit cette défense, la solution sera probablement la suivante. Les jésuites le renverront de l’ordre religieux, mais le dicastère ne le renverra pas de l’état clérical. Cela conduira Rupnik, et probablement certains de ses disciples, à errer à la recherche d’un évêque pour l’incardiner et il continuera à faire ce qu’il veut.

(…)

Rupnik a continué à célébrer, à quitter la région du Latium [ce qui lui était théoriquement interdit] et maintenant aussi à poursuivre son activité artistique. Malgré cela, personne ne s’est demandé pourquoi cet homme continue à faire ce qu’il veut. Peut-être l’obéissance est-elle jésuitique, c’est-à-dire au pape. Et si le Pape ne lui dit rien, alors peu importe ce que dit la Compagnie.

Une chose est sûre, François joue sa crédibilité (s’il ne l’a pas déjà jouée). Il y a des presbytres qui ont été réduits à l’état laïc pour bien moins que cela, et injustement ; et il y a un homme qui continue à piétiner les diktats de l’Église sans que personne ne lui dise rien. Il n’y a rien d’autre à dire….

Share This