Dans son discours aux autorités de Lisbonne, mercredi 2 août, François a cité sans piper l’écrivain portugais José Saramago (1922-2010) athée proclamé, communiste actif (membre du parti communiste portugais), avant de finir engagé dans le mouvement altermondialiste… , Prix Nobel de littérature en 1998, auteur entre autre d’un roman « blasphématoire » et violemment anti-chrétien L’Évangile selon Jésus-Christ (1991) qui suscita au moment de sa sortie d’âpres polémiques dans les milieux catholiques . Est-ce de la provocation, ou de l’ignorance (la deuxième hypothèse étant à mon avis très peu probable dans ce cas)? Julio Loredo, l’auteur de l’article qui suit, conclut:
- Sur cette rencontre, voir aussi: Le « melting-pope » et le joueur de flûte de Hamelin
Quand le Pape cite un blasphémateur
Julio Loredo
Dans son discours aux autorités de Lisbonne, mercredi 2 août, le pape François a cité l’écrivain portugais José Saramago :
Parce que, comme l’a noté Saramago, « ce qui donne son vrai sens à la rencontre, c’est la recherche, et il faut aller loin pour atteindre ce qui est proche ».
Pour l’Italien moyen, le nom de Saramago ne dit peut-être rien. Pour les catholiques portugais, en revanche, il est l’incarnation du mal, du blasphème et de l’aversion pour l’Église. Athée, communiste et impie, Saramago a écrit en 1991 L’Évangile selon Jésus-Christ, qui a provoqué une vive réaction des autorités ecclésiastiques et des fidèles lusitaniens.
Accusant l’auteur d’être un « athée avoué et un communiste impénitent », Mgr Eurico Dias Nogueira, alors archevêque de Braga et primat du Portugal, écrit :
« L’œuvre contient une vie délirante du Christ, conçue dans la perspective de l’idéologie politico-religieuse [de Saramago] et déformée par ces paramètres, ce qui donne un livre blasphématoire, qui piétine la vérité historique et diffame les plus grands personnages du Nouveau Testament, tels que la Vierge, saint Joseph et les apôtres, ainsi que le Christ lui-même, qui est la cible principale. Ce livre est donc une insulte aux chrétiens croyants : à nous tous ».
Pour comprendre à quelle profondeur de mal Saramago arrive, et en m’excusant auprès des lecteurs pour la crudité de la scène, je rappelle que dans le livre, défiant la vérité historique, la foi et l’esprit chrétien, Saramago imagine un acte sexuel entre la Vierge et saint Joseph, au cours duquel Dieu le Père aurait mélangé sa semence à celle de Joseph, et à partir duquel Jésus aurait été conçu.
La virginité de Marie, immaculée avant, pendant et après l’accouchement, est scandaleusement niée en affirmant qu’elle aurait eu huit autres enfants de Joseph. Jésus aurait été le premier-né, et le seul à avoir échappé à l’anonymat. Jésus aurait ensuite quitté la maison de son père et rencontré Marie-Madeleine dans une maison close, vivant ensuite avec elle en concubinage.
Pour compléter le blasphème et l’hérésie, la relation de Jésus avec le Père éternel est tout sauf amicale. Le Jésus de Saramago est sceptique, plein de doutes, un esprit rebelle. Dieu le Père est vindicatif, colérique, impatient face aux problèmes existentiels de son Fils. Au point que, peu avant de mourir sur la croix, Jésus déclare, en déformant la phrase de l’Évangile : « Hommes, pardonnez-lui, car [Dieu] ne sait pas ce qu’il fait ».
Son désaccord avec l’Église était tel qu’à sa mort en 2010, L’Osservatore Romano – si prodigue en clins d’œil amicaux – lui a consacré un article plutôt acerbe (19 juin 2010); allant jusqu’à le décrire comme
un homme et un intellectuel sans aucune admission métaphysique, cloué jusqu’au bout dans sa foi obstinée dans le matérialisme historique, alias marxisme », qui avait choisi « lucidement » de se mettre « du côté de l’ivraie dans le champ de blé évangélique ».
Il est vraiment triste de voir un Pontife romain citer de manière positive un homme qui, pour reprendre l’expression de l’organe du Vatican, « s’est placée du côté de l’ivraie » laquelle, comme le rappelle l’Évangile, a été semée par le Malin.
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