Les blogs catholiques réagissent avec un peu de retard aux incroyables propos tenus par le jésuite proche conseiller du Pape (nous en avons parlé dès le 22 août, grâce aux précieuses informations fournies par un blog italien « La Testa del serpente » et par Giuseppe Nardi ), qui commentait dans l’édition du dimanche 20 août d’un journal notoirement de gauche l’évangile de saint Matthieu racontant l’épisode de la Cananéenne implorant de Jésus la guérison de sa fille tourmentée par les démons.
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On se demande: de quoi se mêle cette feuille laïcarde, et en quoi l’évangile peut-il l’intéresser, sinon pour l’instrumentaliser? Et qu’est-ce qui a inspiré au leccapiedi jésuite « de telles énormités »? Tommaso Scandroglio tente aujourd’hui sur la NBQ une « explication » – bien charitable, à mon avis, mais non dénuée de pertinence.
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Mais ce que les médias ont peu relevé, pardon de me répéter, c’est que le Pape lui-même, lors de l’angélus du même dimanche où l’article de Spadaro a été publié, bien qu’il ne soit pas allé aussi loin que le courtisan de service (il n’a tout de même pas osé!) a prononcé des mots pas très éloignés dans leur substance et encore plus scandaleux si l’on tient compte de l’autorité suprême qui les a proférés: « Oui, il [Jésus] reste ferme, mais pas rigide. Il ne reste pas rigide sur ses positions, mais se laisse porter et émouvoir; il sait changer ses plans« .
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Heureusement, pratiquement plus personne ne l’écoute. La preuve!
A (re)lire
Jésus « rigide » et pécheur, l’hérésie du Père Spadaro
Tommaso Scandroglio
lanuovabq.it/it/gesu-rigido-e-peccatore-leresia-di-padre-spadaro
30 août 2023
Dans Il Fatto quotidiano (Le fait quotidien), le jésuite Antonio Spadaro commente l’épisode de Jésus avec la Cananéenne pour dire en substance que le Seigneur aurait été un pécheur comme les autres. Une hérésie flagrante, avec au moins deux « explications ».
Le père jésuite Antonio Spadaro, directeur de la revue La Civiltà Cattolica, dans les colonnes de Il Fatto quotidiano du 20 août, explique comment les nouveaux dogmes de l’Église actuelle – inclusion, dialogue et participation, interdiction de l’indietrisme, du cléricalisme, de la mondanité et de la rigidité – sont si absolus et vrais, si universels et définitifs qu’ils affectent la figure même de Jésus. Dont la figure est historicisée, éludée de sa nature divine, rejetée dans l’immanentisme transitoire dans lequel nous vivons tous. L’épée du jésuite s’est donc aussi abattue sur la tête de Notre Seigneur.
Le Père Spadaro, dans les pages de Il Fatto, commente le passage de l’Évangile de Matthieu (15, 21-28) dans lequel une femme cananéenne demande de l’aide à Jésus parce que sa fille est tourmentée par le démon. Jésus la traite apparemment durement et ce n’est qu’après avoir beaucoup insisté qu’il accomplit le miracle. Même les enfants savent que l’Église a toujours expliqué cette curieuse approche de Jésus par une clé pédagogique : parfois, voire souvent, Dieu ne nous accorde pas immédiatement ce que nous demandons – et parfois il ne nous l’accorde pas, précisément pour notre plus grand bien – afin d’accroître en nous de nombreuses vertus, en premier lieu la foi, et ensuite la patience, la persévérance, l’humilité, la docilité, l’obéissance, etc.
Le rédacteur en chef de La Civiltà Cattolica est d’un autre avis. Jésus serait « insensible ».
Le père Spadaro écrit:
La dureté du Maître est inébranlable. […] La miséricorde n’est pas pour elle. Elle est exclue. Cela ne se discute pas. [Jésus] répond à la pauvre femme de manière moqueuse et irrespectueuse. « Il n’est pas bon de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens », c’est-à-dire aux chiens domestiques. Une chute de ton, de style, d’humanité. Jésus apparaît comme aveuglé par le nationalisme et le rigorisme théologique
Puis la femme réplique en disant que même les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres.
Le commentaire de notre homme continue:
Quelques mots, mais bien exprimés et de nature à bousculer la rigidité de Jésus, à le conformer, à le « convertir » à lui-même. […] Et Jésus aussi apparaît guéri, et à la fin il se montre libéré de la rigidité des éléments théologiques, politiques et culturels dominants de son temps.
En résumé, selon le Père Spadaro : Jésus a péché par rigidité, mais il s’est ensuite converti et a été guéri. Jésus était donc un pécheur comme tous les hommes.
Cette hérésie flagrante s’articule de manière plus analytique. Notre Seigneur est insensible et dur de cœur : adieu au cœur miséricordieux du Christ qui s’est offert pour nous sauver. C’est à tous que s’adresse la miséricorde, mais pas à la Cananéenne. Jésus se moque, il manifeste donc de la moquerie et de la dérision cynique, cruelle, presque répugnante. Il ne respecte pas la dignité de la femme. Le Christ est donc peu élégant, parce qu’il manque de style, mais, ce qui est plus grave, il manque d’humanité, lui qui est l’homme parfait, le paradigme de toute l’humanité possible, le modèle auquel Dieu s’est inspiré pour créer chacun d’entre nous. Jésus a donc lui aussi besoin d’être sauvé et même converti, car il est lui aussi pécheur. Pécheur et nationaliste et, ajoutons-nous en toute logique, un homme de droite fermé au multiculturalisme ethnique. Il n’est pas non plus libéré des cages théologiques qu’il s’est construites – lui qui, étant Dieu, est le Tout-Puissant – libéré du conditionnement des coutumes de son temps, de la rigidité d’une forma mentis que l’on pourrait qualifier d’affectée par le cléricalisme. La Cananéenne est donc meilleure que Lui. Meilleure que Notre Seigneur.
Pourquoi ces énormités de la part du Père Spadaro ?
Les réponses peuvent être nombreuses. Nous en proposons ici deux, sans présumer qu’elles sont les bonnes.
La première : Spadaro a voulu, pour s’attirer les faveurs de ses supérieurs, insérer de la rigidité et du manque de miséricorde là où il est impossible d’en mettre. Bref, il a manié le crayon avec un peu trop de désinvolture pour être en phase avec son temps, pour marcher au son de l’ecclésialement coorect, pour déchiffrer l’Évangile avec les mots clés d’usage quotidien dans la pastorale d’aujourd’hui.
Deuxième hypothèse, peut-être plus probable. Depuis quelques années, de nombreux ecclésiastiques nous rassurent en nous disant que certaines conduites morales sont inaccessibles pour nous, mortels : être fidèle à son conjoint, être chaste si on est divorcé ou si on est marié à Jésus ou si on est homosexuel, etc. En ce sens, la figure du Christ est dérangeante. Certes, il est Dieu, mais il est aussi homme. La barre doit donc être abaissée. Pensons à un Jésus qui n’est plus parfait, mais qui est aussi pécheur, ou plutôt, comme nous le disons aujourd’hui, fragile, lui aussi mû par des passions débridées, dur, manquant de charité, rigide, faible et donc à convertir. Ce serait une « délivrance ». S’il tombe lui aussi, nous avons d’autant plus de raisons de le faire tous. Un Jésus comme nous est donc une délivrance efficace contre le péché, pour démolir cette doctrine catholique détestée que nous percevons comme un fardeau impossible à porter.
De « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5:48) à « Soyez pécheurs comme je le suis sur cette terre ». Tel est l’œuf de Spadaro.