Le défunt Pape continue à susciter un vaste intérêt, tant pour son œuvre et pour son immense stature intellectuelle que pour l’exemple de prière qu’il donnait par sa personne même. Hier 7 septembre, à Castelforte, petite ville du Latium non lui du Mont-Cassin et de l’abbaye construite par Saint Benoît, théâtre aussi de violents combats lors de la seconde guerre mondiale, s’est tenu un Symposium, significativement intitulé « Ratzinger inédit : les prières de Montecassino ». J’étais surprise de trouver l’information dans les colonnes de La Repubblica, mais l’auteur du très bel article , Orazio La Rocca, est aussi l’auteur d’un livre (non à charge, au contraire, et même préfacé par Mgr Gänswein!) sur Benoît XVI « Ratzinger, le choix : je n’ai pas fui » .

Beaucoup de souvenirs de Benoît XVI, y compris familiaux, sont liés à l’abbaye dont il porte le nom du fondateur et il s’y est rendu à plusieurs reprises en tant que Pape dont une en simple pèlerin, avec son frère Georg, dans les dernières années de son pontificat (je me souviens très bien du reportage, mais je n’arrive pas à retrouver l’article… à moins que je ne l’ai pas mis en ligne): Georg Ratzinger, en effet, comme il le raconte dans ses Mémoires à quatre mains coécrits avec Michael Hesemann, « Mon frère le Pape » (Bayard 2011, pour l’édition française), a vécu, en février 1944, les combats meurtriers entre l’armée allemande et celles britannique et américaine devant le Mont-Cassin (page 138 et suivantes)

Le Pape en prière au cimetière polonais du Mont-Cassin, 24 mai 2009

Des articles sur ce site:

« Ratzinger inédit :

Les prières de Montecassino »

Colloque à Castelforte le jeudi 7 septembre.

ORAZIO LA ROCCA
roma.repubblica.it
6 septembre 2023

« Les prières à l’abbaye de Montecassino, un Joseph Ratzinger inédit ».

………..

C’est un Benoît XVI tout à découvrir qui sera au centre du colloque qui se tiendra à Castelforte le jeudi 7 septembre, consacré à un aspect presque totalement inconnu du grand public. À savoir, les liens étroits que Joseph Ratzinger a entretenus, tant comme cardinal que comme pontife avec Montecassino, où il est souvent allé prier sur la tombe de saint Benoît placée au pied du maître-autel de l’abbaye bénédictine historique de Cassino, dans la province de Frosinone. Des rencontres publiques et privées que Benoît XVI, décédé le matin du 31 décembre dernier à l’âge de 95 ans, a tenues « pour respirer la spiritualité bénédictine », lors d’événements liés à son rôle de cardinal préfet de la Congrégation de la doctrine de la foi et de pape. Mais aussi en privé, loin de l’attention des médias, anonymement, en tant que pèlerin « ordinaire ».

En témoigne, avec un voile d’émotion, le père Fabio-Bernardo D’ Onorio, l’abbé émérite de Montecassino qui l’a accueilli lors de ces visites à la fois institutionnelles et strictement personnelles, véritables pèlerinages que Joseph Ratzinger a toujours vécus pour passer « avec une grande passion des moments de prière, de silence et de contemplation » immergé dans la fraternité bénédictine qu’il a toujours aimée, au point d’être « l’un des traits distinctifs de son pontificat ».

Il en sera question lors du colloque du 7 septembre – intitulée « Ratzinger inedito : le preghiere di Montecassino » (Ratzinger inédit : les prières de Montecassino) – . Parmi les intervenants, Luca Caruso, écrivain, secrétaire de la Fondation vaticane « Joseph Ratzinger-Benoît XVI », l’ institution du Saint-Siège qui veille à la protection des œuvres (théologiques, littéraires, spirituelles…) et de la mémoire historique, culturelle et pastorale liée au service que Ratzinger a rendu à l’Église en tant qu’évêque, cardinal, pontife et, surtout, en sa qualité de plus grand théologien des XXe et XXIe siècles.

Les révélations des pèlerinages de Joseph Ratzinger à l’abbaye de Montecassino seront la toile de fond idéale pour l’évocation de la riche production du théologien Ratzinger par Luca Caruso, notamment le récent livre publié par les éditions San Paolo consacré aux dix ans de papauté émérite, “Ratzinger, la scelta: non sono scappato” (Ratzinger, le choix : je n’ai pas fui, voir ICI), dont sera anticipé le contenu du dernier chapitre sur la mort, les funérailles et l’héritage de Benoît XVI, qui sera publié dans la deuxième édition en décembre prochain, à l’occasion du premier anniversaire de sa mort.

Suggestifs et poignants, les mots avec lesquels, même après tant d’années, l’abbé émérite de Montecassino D’ Onorio a coutume d’évoquer les visites de Ratzinger, en particulier les visites privées.

« Lorsqu’il s’éloignait de ses fonctions pour un court moment, on pouvait le voir se promener dans les jardins de l’abbaye ou marcher à pas lents sur la Loggia del Paradiso : ici, il s’arrêtait souvent pour jeter son regard vers la vallée en contrebas, ou sur le cimetière polonais tout proche, et son souvenir, uni à la prière, allait vers les morts de toutes les guerres ».

« Il nous confiait ces moments de réflexion quand, à la fin du déjeuner communautaire, le cardinal recevait toute la communauté dans la salle de l’appartement de l’abbé, et le plus souvent la conversation tombait sur l’histoire séculaire et glorieuse de Montecassino, sur les destructions qu’elle avait subies et sur les reconstructions relatives. Quand on s’arrêtait pour parler de la dernière tragédie subie par le monastère, devenu un tas de décombres à cause des bombardements de la Seconde Guerre mondiale, le sourire disparaissait de son visage… ».

Les moments de prière tout au long de la journée marqués par la devise bénédictine Ora et Labora ont été inoubliables pour l’abbé émérite. Dans ces moments, ‘j’ai saisi en lui le véritable esprit du moine à qui,’ conclut D’ Onorio, ‘saint Benoît nous demande de ‘ne rien faire passer avant l’amour de Dieu’ et de le faire avec joie’.

Un choix de vie que Joseph Ratzinger a honoré jusqu’à la fin de ses jours terrestres.

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