Le (sacro-saint) peuple, comme nous l’avons dit ce matin, s’était porté pâle (Consistoire. Et la Place Saint-Pierre quasiment vide…), et les évêques et cardinaux présents en nombre étaient déjà là pour le Synode. Parmi les nouveaux cardinaux, le nonce en Italie, le Suisse Tscherrig, celui qui a ôté sa croix pectorale pour saluer la dépouille de Napolitano. Le Sacré Collège est plus monochrome que jamais (on est loin du temps de Benoît XVI). Et François a fait autant de consistoires en 11 ans que Jean-Paul II en 27!!! Le récit de Nico Spuntoni.

Parmi les nouveaux cardinaux, il y a aussi le nonce qui a enlevé sa croix pour Napolitano

Le Suisse Tscherrig, tout juste revenu de la cérémonie laïque pour le président émérite, parmi les nouvelles recrues du Sacré Collège.

Tra i nuovi cardinali c'è anche il nunzio che si è tolto la croce per Napolitano

Nico Spuntoni
www.ilgiornale.it
1er octobre 2023

Il n’y avait pas la foule des grandes occasions hier sur la place Saint-Pierre pour le consistoire par lequel François a créé vingt-et-un nouveaux cardinaux. Sur le parvis, pourtant, il y avait de nombreuses barrettes rouges et violettes pour assister au rite. De nombreux cardinaux et évêques sont déjà à Rome, en provenance du monde entier, pour participer à la première session du Synode sur la synodalité qui sera inauguré mercredi prochain. Tant la liste des pères synodaux que celle des nouveaux cardinaux présentent la forte empreinte du pape, qui entend donner une continuité aux réformes mises en œuvre au cours de cette décennie.

Le Sacré Collège à l’enseigne de François

Avec celui d’hier, François a égalé Jean-Paul II: neuf consistoires, la différence étant que Wojtyła a régné pendant 26 ans alors que Bergoglio est dans sa 11e année de pontificat. En cas de conclave, 136 cardinaux entreraient dans la chapelle Sixtine, et 106 ne sont pas électeurs. Parmi ces derniers, il y en a un qui n’est pas octogénaire : le cardinal Angelo Becciu, en effet, bien qu’âgé de 75 ans seulement, continue à figurer sur la liste des non-électeurs après avoir perdu les droits du cardinalat il y a trois ans. Une exclusion sur laquelle tous les canonistes ne sont pas d’accord et qui pourrait devenir un motif de discussion dans une éventuelle période de sede vacante.

Pas moins de 98 cardinaux électeurs ont été créés au cours de l’actuel pontificat, alors que 40 seulement sont les « survivants » de l’ère Wojtyła -ratzingerienne. Toutefois, les consistoires de Jean-Paul II et de Benoît XVI étaient caractérisés par un plus grand équilibre en ce qui concerne les orientations des nouveaux cardinaux : par exemple, le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich, 70 ans, a reçu la pourpre de Ratzinger, à qui il n’a pas épargné les critiques au cours du temps [*]. Au contraire, François – à quelques exceptions près, notamment lors des premiers consistoires – a voulu que le Sacré Collège revête l’image de l’ « Église sortante » qu’il souhaitait. D’autre part, sa vision de l’Église dépasse la durée de ce pontificat, comme le montre la plaisanterie récurrente sur Jean XXIV, le nom qu’il pense que son successeur devrait porter.

Les nouveaux cardinaux

François les avait annoncés en juillet dernier lors de l’Angélus sur la place Saint-Pierre. Hier, les nouveaux cardinaux ont prêté serment d’allégeance et d’obéissance au pape sur le parvis de la basilique. Le seul absent était Luis Pascual Dri, un capucin argentin de 96 ans qui a été « récompensé » pour ses services en tant que confesseur. Il n’était pas le seul compatriote du pape : le jésuite Ángel Sixto Rossi, archevêque de Cordoue, et Víctor Manuel Fernández, nouvellement nommé préfet du dicastère pour la doctrine de la foi, ont également reçu l’anneau. Ce n’est pas seulement la nationalité qui lie ces deux derniers prélats à Bergoglio, mais une longue relation d amitié qui remonte aux années de Buenos Aires

Parmi les fidèles présents sur la place, le nom le plus applaudi a été celui de François-Xavier Bustillo, espagnol de naissance mais archevêque d’Ajaccio, qui n’a que 54 ans mais s’est fait connaître et apprécier pour ses écrits dénonçant la marginalisation de Dieu en Occident. L’un de ses livres sur le rôle des prêtres, « Témoins, pas fonctionnaires », a été loué à plusieurs reprises par le pape qui l’a fait remettre aux prêtres à la fin de la messe chrismale en 2022. Dans son homélie d’hier, François a également fait référence au concept du livre de Bustillo, les invitant à être  » des évangélisateurs évangélisés, pas des fonctionnaires » .

Les quelques groupes présents ont également applaudi le recteur des Salésiens Ángel Fernández Artime, l’évêque élu de Setúbal et organisateur des JMJ de Lisbonne Américo Manuel Alves Aguiar, l’archevêque de Łódź Grzegorz Ryś, le patriarche latin de Jérusalem Pierbattista Pizzaballa, l’évêque malaisien Sebastian Francis et l’archevêque coadjuteur de Tabora, Protase Rugambwa. Sur la place, lors de l’imposition de la barrette à l’évêque de Hong Kong Stephen Chow Sau-yan, ce sont les drapeaux de la région qui ont été brandis, et non ceux de la Chine.

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Pourpre, aussi, pour deux nonces apostoliques : le Français Christophe Pierre, actuellement aux Etats-Unis, et le Suisse Emil Paul Tscherrig, qui occupe le siège principal de la Villa Giorgina [la nonciature apostolique en Italie] et qui s’est fait remarquer cette semaine en enlevant sa croix pectorale lors de la cérémonie de commémoration du président émérite de la République italienne, Giorgio Napolitano.

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Vers le Synode

Malgré les accolades et les félicitations que les vétérans du Sacré collège ont échangées avec les nouveaux venus, le climat dans l’Église est loin d’être serein. À propos du Synode, François a plaisanté à plusieurs reprises sur le coup de téléphone qu’il a passé à une religieuse qui exprimait sa crainte de voir la doctrine changer [cf. Confidence surréaliste du pape dans l’avion] .

En réalité, la crainte que cette religieuse a eu le courage d’exprimer au pape lui-même est répandue encore plus haut après la publication de l’Instrumentum laboris. Les doutes concernent également l’implémentation du synode lui-même qui, pour la première fois, verra la possibilité pour certains laïcs – choisis par le pape sur indication des conférences épiscopales – de voter alors que Paul VI voulait que cette institution soit un synode d’évêques, en adhésion avec les enseignements du Concile Vatican II.

L’opposition aux instances qui voudraient réviser le Catéchisme de l’Église catholique s’exprimera-t-elle pendant la période des travaux synodaux ou restera-t-elle souterraine ?


Ndt

[*] Il est de bon ton dans les milieux progressistes de se moquer des craintes des conservateurs en affirmant que les choix du Pape n’obèrent en rien le futur conclave et que le futur pape ne sera pas forcément dans la ligne Bergoglio. L’argument donné, misérable dans sa mauvaise foi, est que François a été élu par un collège cardinalice majoritairement nommé par Jean-Paul II et Benoît XVI. Mais on voit bien qu’il n’y a aucun rapport.

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