Le 17 décembre dernier, le responsable du site, Luis Badilla, jetait l’éponge [1] . Il invoquait entre autres des raisons de santé et d’âge, mais c’était en grande partie un prétexte. Pour lui, la mesure était comble et la fameuse « goutte d’eau qui fait déborder le vase » avait été l’issue du procès Becciu. Mais on peut penser que Luis Badilla connaissait l’imminence de la publication de la déclaration sur la bénédiction des couples homos, et qu’il ne voulait pas avoir à la commenter.
Quoi qu’il en soit, la fermeture de ce blog de référence (dans lequel beaucoup d’autres blogs catholiques allaient quotidiennement « faire leur marché »… il va beaucoup manquer!) est un évènement dont la signification dépasse largement les frontières vaticanes (et on en a parlé aussi au-delà des frontières italienne mais pas chez nous: en France, on est au-dessus de ça!). Le blog ami de Leonardo Lugaresi nous offre à ce sujet un réflexion très intéressante, qui va au coeur du problème. En gros, TROP C’EST TROP.

Si le Seigneur permet qu’une si grande partie de sa maison soit détruite ou au moins endommagée, cela signifie qu’il y a beaucoup à reconstruire

Il Sismografo s’arrête, les secousses vont continuer, mais maintenant, nous sommes sereins.

Avec deux articles qui méritent absolument d’être lus [1], hier, Il Sismografo, l’un des sites en ligne les plus importants et les plus utiles traitant des informations sur la vie de l’Église, a cessé sa publication.
En ces heures, nombreux sont ceux qui rendent hommage à son fondateur et animateur, Luis Badilla, qui n’est certes pas hostile au pontife actuel, qu’il a d’ailleurs toujours chaleureusement soutenu, mais qui n’a jamais suivi le courant d’une grande partie du système médiatique dans l’œuvre révoltante de mystification et de dissimulation omniprésente qu’il associe à chaque action du pape régnant, et qui a toujours fait avec respect et honnêteté les remarques, objections et critiques que sa conscience lui dictait, sur la base de faits qui sont évidents pour tout le monde.

La fermeture du Sismografo est une perte grave et, au-delà des raisons personnelles que Badilla a invoquées pour justifier sa décision de « jeter l’éponge », le lien qu’elle a, comme il le précise dans les deux articles cités plus haut, avec la situation actuelle du gouvernement de l’Église est extrêmement significatif. Le lien avec la conclusion du procès Becciu, que Badilla dit avoir attendu avant de fermer son site et qu’il appelle « un tournant décisif parce qu’il dénonce une modalité singulière de l’exercice du pouvoir par le Pape François », est particulièrement frappant.

Je n’ose rien dire sur ce procès parce que je ne suis pas compétent et que je ne l’ai pas suivi : les personnes compétentes et honnêtes qui l’ont fait me disent que c’était un obrobrium [/infamie] juridique, mais, je le répète, je ne sais pas comment argumenter un tel jugement. (Je ne note qu’un détail marginal et certainement sans importance : ce que nous lisons ICI à propos du motu proprio du 4 décembre, par lequel le pape, deux semaines avant le verdict, attribue un riche traitement financier au juge et à l’accusateur du procès, ne semble pas être le comble de l’élégance, en raison de la coïncidence temporelle avec le verdict).

Je crois cependant que chacun a son propre « point de non-retour » : pour Badilla, ce fut le procès Becciu, pour d’autres, ce fut autre chose, mais pour tous, je pense que s’applique le dicton: enough is enough.

C’est le moment où s’installe une « sérénité paradoxale ». Même sans Sismografo, les secousses telluriques dans l’Église continueront, et seront peut-être encore plus fortes et plus destructrices ; cela causera de nouvelles souffrances aux fidèles, mais si le Seigneur permet qu’une si grande partie de sa maison soit détruite ou au moins endommagée, cela signifie qu’il y a beaucoup à reconstruire ab imis fundamentis [jusqu’aux fondations] .

La sérénité dont je parle dérive de la conviction que la destructivité très évidente du système de gouvernement actuel est le meilleur gage pour avoir raisonnablement confiance qu’ensuite, quand ce gouvernement prendra fin (parce qu’il finira de toute façon un jour), il ne sera pas possible de continuer de la même manière et que le moment sera venu de reconstruire. D’une manière ou d’une autre. Et peu importe ce que le dirigeant actuel invente maintenant pour l’en empêcher.

Ndt

Voir ces deux articles du 17 décembre:

Share This