Nous avons évoqué récemment ICI le tweet surréaliste d’un protégé du Pape, son biographe et conseiller médiatique et théologique (un nommé Ivereigh auquel le pontificat bergoglien a offert une certaine notoriété, mais l’exemple de Tucho rend tout possible) qui réclamait rien de moins que la tête du cardinal Sarah, coupable d’un crime de lèse-majesté (Le cardinal Sarah monte au créneau contre Fiducia Supplicans). L’important personnage ignore sans doute le principe de Peter, et il se croit intouchable, au point d’attaquer grossièrement un maître de la foi. Voici une nouvelle réaction qui suggère que cette fois, il est peut-être allé trop loin, et qu’aveuglé par son hostilité, il s’est tiré une balle dans le pied. Mais sans être désavoué par François.

Fiducia Supplicans : conflit à distance entre un journaliste et un cardinal

La controverse et les divisions provoquées par la publication de la déclaration controversée Fiducia Supplicans (FS) ne semblent pas s’être apaisées. Le ton monte et la dispute théologique se déplace sur Twitter (désormais ‘X’).

Dans une longue intervention publiée sur le blog de Sandro Magister, le cardinal guinéen Robert Sarah, ancien préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, a remercié les conférences épiscopales (notamment en Afrique) qui ont manifesté une « ferme opposition » à FS et a encouragé les évêques à s’opposer à « une hérésie qui porte gravement atteinte à l’Église, Corps du Christ, parce qu’elle est contraire à la foi et à la Tradition catholiques ».

Cette intervention (en réalité l’une des nombreuses interventions critiques des cardinaux et évêques du monde entier) n’a pas plu à l’un des journalistes les plus en vue du pontificat actuel : le britannique Austen Ivereigh.

Ivereigh est considéré comme le biographe officiel du pape François. En effet, il a publié le livre Le grand réformateur, la biographie la plus complète de l’actuel pontife et « Ritorniamo a sognare » [/Let us dream], un livre best-seller publié en plusieurs langues, fruit d’un long entretien avec le pontife et il a participé à la première session du synode sur la synodalité en tant que « facilitateur expert » de la délégation britannique.

Promoteur enthousiaste des innovations voulues par le pape François, Ivereigh se targue d’une grande amitié avec le pontife, est très actif sur les réseaux sociaux et a raconté ces jours-ci sur Avvenire comment sa ferme s’inspire et respecte les conseils écologiques de Laudato Si’, l’encyclique écologique de François.

Ivereigh, citant la formule de Profession de foi et de serment que les cardinaux doivent prononcer en entrant dans le Collège des cardinaux, affirme que le cardinal africain a violé son serment solennel et lui demande donc de « garder le silence ou de rendre la barrette de cardinal ». Une accusation très grave, celle de trahison et de manque de loyauté envers le souverain pontife, qui ne vient pas de l’ancien Saint-Office mais d’un « père » synodal.

Sèche la réponse du professeur américain de philosophie scolastique Edward Fesser qui est intervenu de manière accusatrice :

« Si Austen Ivereigh en savait autant sur la théologie catholique que sur le journalisme et la défense des hackers, il se rendrait compte qu’un cardinal qui soupçonne un pape d’erreur a le devoir de le faire savoir, même publiquement, comme un acte d’assistance au pape, comme l’a enseigné Thomas d’Aquin ».

« Le mépris masque souvent la peur et l’insécurité, répond le journaliste répond, concluant ‘Je n’ai plus de temps à perdre’. [effectivement, il a mieux à faire – et sans doute fort à faire, pour défendre son maître qui en a bien besoin! ndt]

En attendant, les cardinaux restent divisés et, en Afrique en particulier, une mise en garde est lancée [cf. Fiducia Supplicans: c’est NON. Honneur aux évêques africains.], d’abord une ligne commune à l’Afrique et ensuite l’application. C’est un sujet trop délicat pour être appliqué sans une réflexion approfondie car « les bénédictions aux couples homosexuels proposées par Fiducia supplicans ne peuvent être mises en œuvre en Afrique sans s’exposer au scandale », écrit le Secam (Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar).

La question est de savoir si le cardinal Fridolin Ambongo, président du Secam, sera également invité à rendre la barrette du cardinal.

Share This