Marco Tosatti a lu « Papa eretico, rinuncia, sede vacante” , le livre de Massimo Viglione (interviewé par AM Valli, voir ci-dessous) qui tente de démêler les questions posées par la démission de Benoît XVI et l’élection de Jorge Bergoglio. En vain, car personne ne peut avoir une certitude absolue (c’est mon opinion personnelle depuis le début). Massimo Viglione évoque en particulier la thèse d’Andrea Cionci, envers lequel je le trouve assez sévère (sans parler de sa sévérité envers Benoît XVI, alors qu’il ne fait que donner son propre sentiment, qu’il ne sait pas plus que moi ce qui a pu provoquer la démission, et ignore délibérément toute la dimension surnaturelle qui se cache peut-être derrière les apparences). Il admet toutefois

L’hypothèse de Cionci… n’est pas, totalement et indiscutablement, réfutable au-delà de tout doute possible, mais est en tout cas hautement improbable

« Habemus Papam ? Oui, non, peut-être. Un nœud inextricable.

Marco Tosatti

Nous avons lu ces derniers jours un livre d’un grand intérêt: « Habemus Papam ? Papa eretico, rinuncia, sede vacante » de Massimo Viglione . Il s’agit d’un ouvrage de plus de 260 pages, dans lequel les problèmes relatifs aux questions dont nous discutons tant ces jours-ci sont examinés avec grand soin : la validité de la démission de Benoît XVI, le corollaire de la validité ou non de l’élection du pape Bergoglio, l’innovation singulière de deux papes contemporains, et ainsi de suite. Problèmes auxquels s’est ajoutée au fil des ans la question de l’éventuelle position hérétique de Jorge Mario Bergoglio.

L’auteur rend compte des nombreuses contributions apportées par les chercheurs et les théologiens ces dernières années, en les analysant et en les mettant en relation les unes avec les autres.

Ceux qui suivent Stilum Curiae ont dû comprendre que son auteur [donc Marco Tosatti] pense que Benoît XVI n’aurait jamais dû quitter son poste ; il y a des positions que l’on ne peut pas quitter, au prix de sa vie. Comme l’a commenté l’ancien secrétaire de Wojtyla, Stanislas Dziwisz, « on ne descend pas de la Croix ».

La situation dramatique de confusion dans laquelle nous baignons a pour origine ce renoncement ; et les modalités du renoncement, comme Viglione le montre clairement, n’ont fait que rendre les choses plus difficiles, plus incompréhensibles et plus confuses.

Viglione écrit, et nous nous sentons tout à fait d’accord avec lui :

« En ce qui concerne la question de la renonciation de Benoît XVI et de l’élection de François, il est impossible à ce jour de posséder et de se vanter d’une certitude absolue en la matière et de toute façon il n’y a en fait aucune homogénéité de jugement entre les théologiens et les experts mais seulement une sorte de guerre de tous contre tous avec d’innombrables nuances de distinction même entre ceux qui, en substance, pensent de la même façon. Et c’est à notre avis la preuve irréfutable de l’impossibilité évoquée plus haut.
.
Il y a trois possibilités [toutes trois convergeant vers une vacance du Siège, ndt] concernant François/Bergoglio : a) il n’est pas pape en raison de l’invalidité de la renonciation de Benoît XVI b) il n’est pas pape en raison de l’invalidité de son élection c) son élection est valide mais étant un hérétique manifeste et obstiné, il y a le problème très grave et concret de la perte du trône papal et donc de la vacance actuelle du siège pontifical.

Le problème est que personne n’est en mesure d’affirmer avec une totale certitude laquelle des trois hypothèses est incontestable.

L’auteur écrit par ailleurs :

« Benoît XVI en fidélité à son approche théologique et philosophique dialectique habituelle a clairement manifesté qu’il n’a pas démissionné de la papauté et même pas du munus mais seulement du ministerium accomplissant ainsi un acte impossible et illégitime et invalide. Non pas tant pour schismatiser son successeur, mais avant tout pour tenter de changer la nature même de la papauté en une sorte de dyarchie divisée entre l’aspect sacramentel – munus – et l’aspect juridictionnel – ministerium. Il a ainsi, selon toute vraisemblance, rendu invalide sa renonciation et par conséquent l’élection d’un successeur, même s’il ne peut y avoir de certitude absolue. De plus, il a créé une institution inexistante, l’éméritat pontifical, et a eu pendant dix ans un comportement ambigu et mystifiant auquel il n’a jamais remédié jusqu’à sa mort. Il est donc le premier responsable de la confusion inextricable dans laquelle nous nous trouvons et que nous avons documentée ».

Une partie de l’analyse de Massimo Viglione est consacrée à la thèse avancée par Andrea Cionci :

« L’hypothèse de Cionci due au comportement inacceptable de Joseph Ratzinger à partir du 11 février 2013 n’est pas, totalement et indiscutablement, réfutable au-delà de tout doute possible, mais est en tout cas hautement improbable. Et en tout cas superflue par rapport aux autres causes possibles d’invalidité. Son hypothèse est excessive et démesurée faisant passer Ratzinger non seulement pour une victime sacrificielle mais aussi pour un génie stratégique digne de la Renaissance la plus cérébrale. ce qui le conduit à l’extrême limite de la réalité : et c’est un extrémisme totalitaire dans le ton et la pression médiatique quasi quotidienne et ininterrompue depuis des années. Précisément parce qu’il a besoin du consensus populaire pour se maintenir comme tout totalitarisme. C’est l’insistance médiatique obsessionnelle et ininterrompue et le relatif consensus du peuple en colère qui rendent Cionci de moins en moins crédible, comme c’est toujours le cas avec ceux qui veulent imposer leurs idées à tout prix et attaquer et critiquer ceux qui ne sont pas d’accord avec elles. Parce que la vérité n’est jamais décidée par les masses qui participent émotionnellement, mais s’impose d’elle-même’.

Viglione écrit encore, et encore une fois, il nous semble qu’il met le doigt sur le problème :

« Nous avons voulu faire ce résumé schématique pour deux raisons bien précises : la démonstration incontestable du bellum omnium contra omnes [la guerre de tous contre tous] et la démonstration convaincante que personne ne peut prétendre en la matière à une certitude absolue et incontestable telle qu’elle condamne ceux qui ne sont pas d’accord avec lui.

(…)

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