En décembre 2011, juste avant Noël, Benoît XVI avait visité la prison romaine de Rebibbia. Ses échanges avec les détenus avaient été chargés d’émotion, chaleureux et spontanés, j’avais à l’époque fait un petit reportage d’après le direct sur KTO, que j’avoue avoir relu avec plaisir ici: benoit-et-moi.fr/2011-III.

Le Pape ne les avait pas oubliés et à Pâques suivant, il leur avait adressé une belle lettre qui avait été publiée par l’OR et que j’avais traduite

Message du Saint-Père aux prisonniers de Rebibia
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Chers frères

J’ai été heureux de savoir qu’en préparation de Pâques, vous donnerez vie, à la prison de Rebibbia, à un Chemin de Croix qui sera présidé par mon Vicaire général pour Rome, le cardinal Agostino Vallini, avec la participation des détenus, des agents pénitentiaires et de groupes de fidèles de différentes paroisses de la ville.

Je me sens particulièrement proche de cette initiative, parce que le souvenir de la visite que j’ai faite à la prison de Rebibbia peu de temps avant Noël dernier est toujours vivant dans mon cœur; je me souviens des visages que j’ai rencontrés et des paroles que j’ai entendues, et qui ont laissé une trace profonde sur moi. C’est pourquoi je m’unis spirituellement à votre prière, et peux ainsi donner continuité à ma présence parmi vous, et de cela, je remercie en particulier vos aumôniers.

Je sais que ce Chemin de Croix veut aussi être un signe de réconciliation.
En fait, comme l’a dit l’un des détenus lors de notre rencontre, la prison sert à se relever après être tombé, pour se réconcilier avec soi-même, avec les autres et avec Dieu, et pouvoir ensuite retourner à nouveau dans la société. Quand, dans le Chemin de Croix, nous voyons Jésus, qui tombe à terre – une fois, deux fois, trois fois – nous comprenons qu’Il a partagé notre condition humaine, le poids de nos péchés le fait tomber; mais par trois fois, Jésus s’est relevé et a poursuivi le chemin vers le Calvaire; et de même, avec son aide, nous pouvons nous aussi nous relever de nos chutes, et peut-être aider un autre, un frère, à se relever.

Mais qu’est-ce qui a donné à Jésus la force de continuer?
C’était la certitude que le Père était avec lui. Même si dans son cœur, il y avait toute l’amertume de l’abandon, Jésus savait que le Père l’aimait, et justement cet amour immense, cette infinie miséricorde du Père céleste le consolait et était plus grande que la violence et les outrages qui l’entouraient. Même si tous le méprisaient et ne le traitaient plus comme un homme, Jésus, dans son cœur, avait toujours la ferme certitude d’être son fils, le Fils bien-aimé de Dieu le Père.

Ceci, chers amis, est le grand don que Jésus nous a fait avec son Chemin de Croix: il nous a révèlé que Dieu est amour infini, est miséricorde, et porte au plus profond tout le poids de nos péchés, afin que nous puissions nous relever et nous réconcilier et retrouver la paix. Nous aussi, alors, nous n’avons pas peur de parcourir notre « Chemin de Croix », de porter notre croix avec Jésus. Il est avec nous. Et avec nous, il y a aussi Marie, sa mère et la nôtre. Elle reste fidèle même au pied de notre croix, et prie pour notre résurrection, parce qu’elle croit fermement que, même dans la nuit la plus sombre, le dernier mot est la lumière de l’amour de Dieu.

Avec cette espérance fondée sur la foi, je souhaite à chacun d’entre vous de vivre la prochaine Pâque dans la paix et dans la joie que le Christ nous a achetés par son sang, et avec une grande affection, je vous donne la Bénédiction apostolique, l’étendant de tout coeur à vos familles et à vos proches.


Du Vatican, le 22 Mars 2012
Benedictus PP. XVI
© Copyright 2012 – Libreria Editrice Vaticana (© L’Osservatore Romano, 31 Mars, 2012)

[*] Voir: Jeudi Saint (encore cette année): l’étrange boycott du Pape

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