Cette fois c’est le très informé et très impitoyable blogueur argentin The Wanderer qui apporte une petite contribution au « dossier » (voir plus bas), selon lequel l’objet de la rencontre entre le Pape et le secrétaire de Benoît XVI n’était pas ses mémoires (prétendument polémiques mais au fond bien anodines, et qui écornent bien peu l’image papale) mais plus prosaïquement, l’argent du Pape défunt. Selon lui, la cupidité de François est notoire, comme l’illustre un épisode de l’époque où il était archevêque de Buenos Aires.

Précision très importante: bien entendu, il n’est pas question de dire que François est corrompu, l’argent ne l’intéresse que comme instrument de contrôle, et évidemment pas pour son usage personnel.

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Le pape François et l’héritage de Ratzinger

caminante-wanderer
13 février 2023

Ces derniers jours est parue une nouvelle intéressante : lors de la rencontre houleuse du pape François avec l’archevêque Georg Gänswein, peu après les funérailles de Benoît XVI, ils n’ont pas discuté du livre de mémoires écrit par le prélat allemand, mais plutôt de l’héritage du pape. Le fait est que Gänswein est son héritier universel [càd que le secrétaire est responsable de l’argent, évidemment pas pour son usage personnel, j’imagine que Benoît XVI a donné des instructions très précises], et que les biens qui constituent l’héritage sont la très riche bibliothèque de Ratzinger, pour laquelle Bergoglio ne devrait pas avoir le moindre intérêt, et les droits sur ses livres, qui devraient rapporter plusieurs millions d’euros par an en royalties.

Gänswein aurait été sommé de céder ces droits au Saint-Siège, et menacé d’excommunication pour avoir révélé des secrets du dernier conclave ( ?) s’il n’obtempérait pas.

De nombreux lecteurs peuvent raisonnablement dire que ce n’est rien de plus qu’une fable concoctée dans le moulin à ragots du Vatican. Et c’est bien possible. Cependant, le passé de Bergoglio en tant qu’archevêque de Buenos Aires et son avidité pour l’argent pourraient également indiquer que les faits sont vrais. Je reproduis ici ce que j’ai publié en 2015 à propos d’un cas notoire qui s’est produit dans le Siège de Buenos Aires.

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Au XVIIIe siècle, la bienheureuse María Antonia de Paz y Figueroa a fondé la congrégation religieuse féminine des Filles du Divin Sauveur, dont la mission était d’aider les prêtres dans leur travail de prédication de retraites spirituelles. Cela a toujours été une petite congrégation, avec peu de maisons, mais profondément enracinée dans la tradition porteña [càd du peuple de Buenos Aires]. Elles sont propriétaires de la Santa Casa de Ejercicios [Sainte Maison de Retraite], un bâtiment aux racines coloniales et très traditionnel à Buenos Aires.

La congrégation est également propriétaire du sanctuaire de San Cayetano de Liniers, le sanctuaire le plus visité d’Argentine et, par conséquent, celui qui reçoit la plus grande quantité d’aumônes. Par un accord signé au début du XXe siècle, elles ont cédé l’usage de l’église à l’archevêché, tout en prenant une précaution : la tirelire située à côté de l’image du saint va dans la caisse des petites sœurs et l’argent – ce qui est beaucoup – déposé là par les fidèles ne va pas dans le patrimoine de la paroisse ou de la curie. Le cardinal Bergoglio a fait pression pendant des années pour le transfert définitif de l’église, du terrain et de la tirelire, mais les bonnes petites religieuses, à juste titre, n’ont pas cédé.

Le cardinal-archevêque est entré dans une colère noire et a décidé de dissoudre la congrégation, en invoquant le faible nombre de membres. De cette façon, le problème aurait été résolu et l’archevêché aurait récupéré non seulement la tirelire convoitée de San Cayetano mais aussi la Sainte Maison de Retraite, qui occupe un pâté de maisons entier dans le centre de Buenos Aires et qui représente des millions de dollars pour sa valeur immobilière et pour les innombrables trésors artistiques qu’elle possède.

Ainsi, à la demande de l’ordinaire de Buenos Aires [Bergoglio], le Saint-Siège a décrété l’intervention de la congrégation [pour les ordres religieux], le déplacement de sa supérieure générale au milieu des calomnies et des humiliations, la nomination d’un jésuite comme intervenant et d’un évêque auxiliaire de Buenos Aires, Monseigneur Eduardo García, comme commissaire apostolique. En d’autres termes, les religieuses ont été laissées entre les mains de Bergoglio, qui est devenu à la fois accusateur et juge.

On peut accéder ICI à une longue lettre envoyée par les religieuses au cardinal Rodé, préfet de la Congrégation pour les ordres religieux, dans laquelle elles expliquent en détail tous les événements et la situation auxquels elles ont été soumises par l’archevêque de Buenos Aires. Une copie a également été envoyée à la Signature Apostolique et directement au Pape Benoît par l’intermédiaire de son secrétaire.

Je ne sais pas comment le conflit s’est terminé, et ce n’est pas le sujet ici.

Mais il est démonstratif d’une autre des faces du cœur polyédrique [petite pique: c’est un mot cher à François, qui aime beaucoup l’image du polyèdre] bergoglien.

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