AM Valli publie une lettre d’un prêtre (peut-être connu?) qui signe « un chasseur de sangliers dans la vigne du Seigneurs ». Des sangliers, en effet, qui arrachent, dévastent et piétinent sauvagement depuis 10 ans, avec un acharnement redoublé depuis la mort du bon pasteur.
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Son exposé bien structuré (mais très long, ce qui le destine à un public concerné – le seul qui compte) se propose de dresser le tableau général de toutes les questions, juridiques, morales, théologiques… que pose la question de savoir si, oui ou non, François est vraiment Pape.
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Ne rêvons pas, la question ne pourra pas se résoudre à court terme. Dans l’immédiat, le but, c’est que de plus en plus de gens prennent conscience de la situation de l’Eglise et « remettent sérieusement en cause la crédibilité – puis la légitimité – de celui qui en est le principal responsable ».

La clarification complète du « problème Bergoglio » n’appartient pas à la base de l’Église, mais à son plus haut sommet ; et cela peut être réalisé dans les temps et selon les modalités que seule la Divine Providence est en mesure de décider et de mettre en œuvre.

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  • Et aussi l’exposé de Mgr Vigano du 2 octobre dont il est question plus bas:

Et si le pape Bergoglio n’avait jamais existé ?

Hypothèses de nullité canonique

Un prêtre, un religieux, qui signe « Un chasseur de sangliers dans la vigne du Seigneur » m’écrit et explique : « Je ne mets pas ma signature parce que je voudrais que l’attention se porte non pas sur mon identité, mais sur les choses qui sont dites [ndt: cela signifie-t-il que son nom est connu?]. J’espère que vous voudrez bien m’excuser ».

Cette contribution s’inscrit dans le contexte de la réflexion initiée par Mgr Carlo Maria Viganò [cf. Bergoglio “Inimicus Ecclesiae”].

Aldo Maria Valli


Un chasseur de sangliers dans la Vigne du Seigneur

Je vous demande de me suivre patiemment dans cette tentative pour encadrer un problème qui nous empoisonne la vie depuis des années.

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1. « Mais ce pape, est-il vraiment pape ? »

Plus le temps passe, plus la confusion et l’opposition grandissent au sein de l’Église catholique à tous les niveaux : laïcs, prêtres, évêques et cardinaux… Et ce, non seulement sur les aspects doctrinaux, moraux, liturgiques et disciplinaires individuels…, mais aussi en ce qui concerne la personne même de Jorge Mario Bergoglio, alias François.

Oui, parce qu’au terme de chaque raisonnement privé et de chaque discussion publique sur l’Église, la même question revient toujours : « Mais ce pape est-il vraiment pape ? Autrement dit, occupe-t-il ce trône légitimement ou illégitimement ? Et la question est toujours aussi pertinente car, s’il y a mille raisons de le considérer comme légitime, il y en a au moins mille autres de le considérer comme illégitime.

Si, dix ans après que Bergoglio a revêtu cette soutane blanche, nous continuons à débattre de manière toujours plus animée de cette question, cela ne signifie peut-être qu’une seule chose : qu’aujourd’hui, aucun d’entre nous – simples laïcs et prêtres, mais aussi évêques et cardinaux à titre individuel – n’est en mesure de clarifier de manière irréfutable et définitive soit que Bergoglio est un pape effectif, soit que Bergoglio est un pape abusif. Car si cela était paisible et évident, il n’y aurait aucune raison d’avoir de tels doutes.

Mais cette situation paradoxale ne nous empêche pas – et même nous oblige – à nous faire une idée personnelle, aussi argumentée que possible, pour ne pas céder passivement, ni contrer âprement, les positions de ceux qui ne pensent pas comme nous.

Examinons donc les deux solutions possibles au grand dilemme, en rappelant que nous ne sommes pas dans le domaine des démonstrations mathématiques, ni dans celui des sentences définitives, mais dans celui des simples hypothèses canoniques.

2. Bergoglio serait un pape légitime

Cette thèse est certes plus commode sur le plan pratique, mais elle est de moins en moins tenable sur le plan logique.

En effet, Bergoglio occupe déjà ce trône de facto (et après la disparition de Benoît XVI, il n’y a plus personne pour lui tenir tête) ; il est ouvertement reconnu comme souverain pontife par les principales institutions sociales, politiques et religieuses du monde, et – peut-être – même par la majorité de ceux qui se disent catholiques. Il ne peut donc être évincé de la position qu’il occupe sans provoquer un authentique tremblement de terre ecclésial, avec le risque subséquent d’une scission et d’un schisme.

Mais ici se posent des questions incontournables, auxquelles devraient surtout répondre ceux qui, d’une part, se disent convaincus de la régularité de son élection et, d’autre part, dénoncent avec une conviction croissante le caractère confus et ambigu, voire carrément hérétique, de l’ensemble de son pontificat.

Voici donc les questions qui se posent :

  • Si Bergoglio est un pape voulu ou au moins permis par le Seigneur, pourquoi avons-nous parfois l’impression qu’il ne dispose pas d’un minimum de grâce d’État ou d’onction spirituelle pour mener à bien sa mission ?
  • Pourquoi non seulement ne confirme-t-il pas ses frères dans la foi, mais, de manière de plus en plus étendue et dévastatrice, les aigrit-il et les plonge-t-il dans la confusion et l’égarement, devenant lui-même la question la plus épineuse et la plus conflictuelle au sein de l’Église ?
  • Pourquoi ne se contente-t-il pas d’hésiter sur certains points de foi théoriques ou pratiques, mais va-t-il jusqu’à imposer, dans un style de plus en plus despotique, une véritable révolution anticatholique, une sorte de nouvelle révolution d’octobre, habilement déguisée sous le nom d’Église synodale et réalisée, précisément, avec les synodes d’octobre ?
  • Et donc : quel sens y a-t-il à reconnaître la validité de fond de son élection et à se voir ensuite obligés de dénoncer quotidiennement et sur un ton de plus en plus amer ses continuelles et croissantes ambiguïtés, qui ont conduit à de véritables hérésies ? En effet, s’il s’agit d’un pape légitime, il faut l’excuser, le protéger et l’interpréter de la manière la plus bienveillante possible (comme on le ferait avec son propre parent qui, à cause de l’âge ou de la maladie, commencerait à perdre le bien de l’intelligence).
  • En outre, quel sens cela a-t-il – comme effet secondaire de la légitimité présumée de son élection – de devoir accuser sévèrement le pauvre Benoît XVI d’être le responsable ultime de tout ce qui s’est passé depuis sa démission, le transformant ainsi de victime probable en bourreau ?

Logiquement donc, cette première thèse ne me semble pas très simple, précisément au vu de la charge destructrice que ce pontificat exerce sur l’Église catholique dans son ensemble ; une charge destructrice comparable au terrible tremblement de terre qui, le 30 octobre 2016, a détruit la basilique Saint-Benoît de Norcia, ne laissant subsister qu’une façade branlante.

3. Bergoglio serait un pape illégitime

Cette thèse est certes plus problématique et déstabilisante sur le plan pratique, mais elle semble beaucoup plus éclairante et concluante sur le plan logique.

Comme nous l’avons déjà dit, le point de départ qui oblige à développer également cette hypothèse est l’absurdité totale de la situation qui s’est produite dans l’Église catholique ces derniers temps, une situation peut-être sans précédent en deux mille ans d’histoire : celui qui devrait être le Vicaire du Christ sur terre, en vient à être – comme certains le diraient – un véritable inimicus Ecclesiae, c’est-à-dire quelqu’un qui lie tout ce qui devrait être délié, et qui délie tout ce qui devrait être lié.

Voici donc les possibles chefs de nullité – tous très graves et même cumulatifs – pour lesquels Jorge Mario Bergoglio, alias François, pourrait un jour être officiellement et définitivement déclaré comme un pape qui n’a jamais existé :

a. La renonciation forcée du pape Benoît XVI en février 2013 (cf. CIC, cann. 188 ; 332, § 2) [code de droit canonique, ndt], situation qui l’a ensuite conduit pendant près de dix ans à ces comportements et distinctions plutôt atypiques que nous connaissons tous (nom, habit, résidence, exercice actif et contemplatif, etc.) Comment ne pas mentionner ici : le bombardement continu des principaux médias contre lui, à cause des scandales sexuels du clergé un peu partout dans le monde ; l’exclusion, à l’époque de sa renonciation, de la Banque du Vatican du circuit bancaire international rapide ; ce « brouhaha meurtrier » [cf. Dans son livre posthume, Benoît XVI s’est auto-censuré...] dont le pape émérite a parlé plus tard dans une interview, en se référant aux milieux allemands qui l’ont le plus combattu ; et la condition dans laquelle se trouvent certains prélats encore en vie, qui ont vécu ces événements personnellement et qui ne parlent peut-être pas par crainte de représailles disciplinaires ?

b. L’application au conclave de 2013 de deux canons invalidants du droit canonique matrimonial : la tromperie malveillante [inganno doloso] (CIC, can. 1098) et le vice ou défaut de consentement (CIC, can. 1101). Cette double hypothèse de nullité (formulée de façon géniale il y a quelque temps par Mgr Carlo Maria Viganò et appliquée par analogie au conclave précité) signifierait qu’à cette occasion le cardinal Bergoglio aurait délibérément trompé au moins une partie de ses électeurs (= tromperie volontaire), simulant à leurs yeux un objectif pastoral correct qu’il a au contraire lucidement exclu par un acte positif de volonté (= vice de consentement), ayant déjà à l’esprit de réaliser un véritable plan révolutionnaire au détriment de l’Église catholique, comme cela s’est effectivement produit par la suite. Or, si ces dispositions légales sont capables de rendre un mariage canonique nul et non avenu, pourquoi n’annuleraient-elles pas aussi l’acte par lequel Bergoglio a accepté l’élection pontificale, qui – avec un anneau au doigt – l’a lié par un nouveau lien conjugal à l’Église de Rome et à l’Église universelle tout entière ? Peut-il être le vicaire terrestre de l’Époux céleste qui, depuis le début, a des intentions opposées aux siennes ?

Il y aurait aussi l’accusation explicite d’hérésie – sinon même d’apostasie (cf. CIC, can. 751) -, qui ressort en particulier :

  • des dubia que les cardinaux ont présentés en 2016 et 2023 ;
  • des diverses interventions doctrinales que le cardinal Müller a faites à partir de 2017 ;
  • ainsi que des programmes liés au Synode sur la synodalité de 2023-2024 (cf. l’Instrumentum laboris spécial de 2023) ;

hérésie qui, lorsqu’elle affecte des tiers (cf. CIC, can. 1330), produit une excommunication latae sententiae, c’est-à-dire automatique ou immédiate (cf. CIC, can. 1364, § 1) ; et qui – selon certains théologiens et canonistes comme le cardinal saint Robert Bellarmin – lorsqu’elle concerne un pape et qu’elle est évidente et notoire, produirait ipso facto aussi une sorte d' » autodéposition  » du pape lui-même.

Si l’hypothèse de l’hérésie notoire ou manifeste – qui, comme nous le savons, n’a pas encore de procédure canonique claire et officielle – peut être appliquée à un pape qui est vraiment pape (c’est-à-dire valide), pour tenter de limiter les dégâts et de l’écarter progressivement sans compromettre la stabilité et l’unité de l’Église…, cette hypothèse acquiert une valeur simplement supplémentaire ou démonstrative dans le cas d’un pape qui, dès le premier instant de son élection, est totalement illégitime (c’est-à-dire invalide).

En d’autres termes : dans le cas de Bergoglio, la réalisation progressive de ses multiples hérésies pourrait servir de point de départ ou de test décisif, en ce qui concerne les différents chefs de nullité indiqués ci-dessus : a) renonciation forcée de Benoît XVI ; b) tromperie volontaire et consentement défectueux de Bergoglio lui-même.

4. « Et toi, qu’en penses-tu? »

Si, après cette explication, on me demandait : « Et toi, qu’en penses-tu ? », je répondrais : « Ayant à choisir – et plus le temps passe, plus un choix du camp s’impose -, l’hypothèse de la nullité me semble plus logique et plus décisive ».

En effet, si Bergoglio était un pape légitime, il faudrait que plus tard – quand le Seigneur aura repris en main les destinées de son Église (car tôt ou tard il interviendra !) – il y ait un futur pape catholique qui se mette à rechercher et à condamner toutes les ambiguïtés, les inexactitudes et les hérésies que Bergoglio lui-même a diffusées verbalement et par écrit au cours de toutes ces années. Une tâche vraiment prohibitive !

Si, par contre, il était possible de prouver qu’il est tout simplement illégitime, son nom pontifical et son magistère romain disparaîtraient de la surface de la terre en une fraction de seconde. C’est beaucoup plus facile et efficace !

Or, il est évident qu’une telle clarification officielle et définitive ne peut se faire qu’ « à l’arrêt », c’est-à-dire quand Bergoglio ne sera plus là et que la barre de la barque de Saint-Pierre sera à nouveau entre des mains plus sûres.

Oui, parce que tant qu’il est en fonction, il est presque impossible pour un cardinal de tenter de le contester en raison d’un soupçon d’invalidité de son élection : outre que ce serait très risqué d’un point de vue juridique, ce serait également trop dangereux pour l’unité même de l’Église. Mieux vaut attendre les résultats définitifs de son œuvre révolutionnaire – des résultats de plus en plus désastreux et infructueux – pour que le monde entier puisse dire un jour : « Bergoglio a creusé sa propre tombe de ses propres mains !

Par conséquent, les possibles chefs de nullité que nous avons tenté d’identifier ci-dessus, s’ils sont utiles et éclairants sur le plan théorique, ne sont certainement pas immédiatement applicables sur le plan pratique : peut-être en reparlerons-nous dans cinq ou dix ans !

5. « Et en attendant, qu’est-ce qu’on fait?

Quand j’essaie d’expliquer ces concepts aux fidèles qui s’insurgent contre la situation actuelle, j’entends la réponse : « Et pendant ce temps, on fait quoi ?

La réponse ne peut certainement pas être celle de certains journalistes qui, avec leurs obsessions d’investigation, prétendent décoder et prouver tout et n’importe quoi, en recourant au moindre indice, y compris – si c’était possible – la couleur des sous-vêtements de Sa Sainteté Benoît XVI, né Joseph Aloisius Ratzinger ! Ce ne peut être non plus celle de certains clercs qui, avec leurs pathologies narcissiques, prétendent se substituer au pape renonçant et au pape usurpateur !

La solution devrait plutôt être la suivante :

  • rester fermement dans l’Église catholique, par une fidélité effective à ce qu’elle a toujours enseigné ;
  • se  » contenter  » de toute initiative réfléchie et raisonnée prise par des cardinaux et des évêques faisant autorité ;
  • prendre, dans le secret de sa conscience, une position de plus en plus claire et tranchée contre un certain magistère dément de Bergoglio.

Mais peut-être – ou peut-être pas – ces trois indications ne suffisent-elles pas encore : et là, le discours devient beaucoup plus difficile, pour ne pas dire lacérant.

En effet, en poursuivant dans cette voie, d’autres questions émergent inévitablement :

  • Est-il possible de se limiter à rejeter les enseignements erronés du magistère de Bergoglio, sans aller plus loin ?
  • Ou bien, si à un certain moment la corde se rompt, est-il licite et approprié de prendre ses distances de sa personne même en allant – dans le secret de sa conscience – jusqu’à le déclarer ‘auto-déposé’ comme hérétique et excommunié, ou à le juger ‘illégitime’ comme totalement inapte à la fonction qu’il occupe ?

Je réponds : « Et qui suis-je pour empêcher de telles évaluations subjectives, surtout lorsqu’elles sont le résultat d’un discernement long et douloureux de la situation générale de l’Église et du comportement obstiné de ceux qui la dirigent? »

Il est clair, cependant, que de tels actes, précisément parce qu’ils émanent de la conscience, sont de nature purement privée : ils ne peuvent donc pas être présentés comme des vérités absolues, déjà démontrées et officialisées ; ils ne peuvent pas non plus être imposés avec des tons impératifs à ceux qui n’en ont pas encore compris le sens ou la nécessité.

En ce sens, on peut dire que des initiatives comme celles des cardinaux des dubia en 2016 et 2023, bien qu’elles puissent apparaître à certains comme peu incisives, sont en réalité très utiles, surtout dans les milieux cléricaux et conventuels, parce qu’elles contribuent à la croissance d’un salutaire sens critique à l’égard du magistère de Bergoglio, et – à terme – peut-être aussi à l’égard de son élection pontificale.

Car l’essentiel est bien là : il ne s’agit pas ici d’opposer au coup d’État de 2013 un coup d’État instantané et décisif (car, même si beaucoup ne veulent pas le comprendre, c’est quasiment impossible !) ; mais de travailler de manière calme et raisonnée, afin que la conscience de ce qui se passe dans l’Église grandisse chez le plus grand nombre ; et que l’on remette sérieusement en cause la crédibilité – puis la légitimité – de celui qui en est le principal responsable.

En effet, sans une diffusion large et profonde de ces évaluations critiques au sein de tout le Peuple de Dieu, il sera plus difficile pour un futur Pape catholique – disons un Pie XIII – de décider d’ordonner une enquête canonique, visant à évaluer l’hypothèse d’une nullité complète de l’élection comme évêque de Rome de celui qui, selon toute vraisemblance, entrera dans l’histoire comme « le grand apostat » (cf. CEC 675).

6. En conclusion

Si nous voulons récapituler, voici ce que nous pouvons dire.

  1. Le « problème Bergoglio » existe, et c’est un problème de plus en plus évident et dévastateur pour toute l’Église catholique.
  2. Non seulement il nous oblige à réfuter point par point les ambiguïtés et les erreurs de son magistère, mais il nous permet aussi de formuler des hypothèses de nullité canonique sur son élection elle-même et sur l’ensemble de son pontificat (très intéressantes sont les hypothèses de malice et de vice du consentement, par analogie avec CIC, cann. 1098 ; 1101).
  3. Cette situation conduit de nombreux fidèles à formuler un jugement de conscience très sévère à son égard, au point de lui retirer toute confiance et de nier intérieurement sa validité ou sa légitimité en tant que Souverain Pontife.
  4. Un tel jugement, cependant, même s’il est compréhensible, a un caractère totalement privé et subjectif ; il ne peut donc pas être considéré comme officiel et définitif, ni être imposé à d’autres de manière impérative.
  5. La clarification complète du « problème Bergoglio » n’appartient pas à la base de l’Église, mais à son plus haut sommet ; et cela peut être réalisé dans les temps et selon les modalités que seule la Divine Providence est en mesure de décider et de mettre en œuvre.

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