Le 22 septembre dernier, les élections générales en Italie amenaient au pouvoir Giorgia Meloni du parti « néo-fasciste » Fratelli d’Italia, annoncée par les médias comme une dangereuse résurgence de la peste brune. Certains ont cru y voir un tournant, qui allait changer la donne (en bien ou en mal), en Italie, et plus largement en Europe. Après la sortie « scandaleuse » de Silvio Berlusconi (L’intouchable Zelensky. Et les (bonnes) idées de Silvio Berlusconi pour la paix), la récente visite du Premier italien en Ukraine, où elle a rencontré Zelensky et affiché publiquement son soutien, voire son amitié, tout en taclant au passage son prédécesseur et partenaire de gouvernement, prouve qu’il n’en est rien. La leçon ne vaut pas que pour l’Italie.

Meloni à Kiev. Elle ne représente pas les Italiens

Prof. Augusto Sinagra
Prof. Daniele Trabucco
www.marcotosatti.com

Le voyage à Kiev de la présidente du Conseil des ministres pro tempore, l’Onorevole Giorgia Meloni, a déplu à beaucoup. Le peuple italien, comme les autres peuples d’Europe, ne veut pas de guerre et craint l’escalade d’un conflit qui ne nous appartient pas puisque la République d’Ukraine n’est ni membre de l’Union européenne ni de l’Alliance de l’Atlantique Nord.

Par ailleurs, en marge des causes qui ont conduit, en février 2022 dernier, au déclenchement de l’opération spéciale de la Fédération de Russie, toute aide et soutien militaire à un pays agressé, au regard du droit international public, nécessite une délibération du Conseil de Sécurité des Nations Unies visant à tracer un cadre clair et uniforme dans lequel opérer. A ce jour, cette mesure fait défaut. Il existe des résolutions de condamnation adoptées par l’Assemblée générale des Nations unies qui ne sont pas juridiquement contraignantes, mais qui expriment simplement une orientation géopolitique. Certes, de par sa composition et son mode de scrutin, le Conseil de sécurité est un organe « bloqué », incapable d’adopter une quelconque décision en la matière, mais il reste le seul forum international permettant de légitimer l’envoi d’armes ou de tout autre élément jugé nécessaire.

L’Alliance de l’Atlantique Nord n’a pas le droit d’intervenir, car il s’agit d’un conflit « régional » qui n’implique aucun des États signataires du traité de 1949. Pour sa part, l’Union européenne a adopté des mesures restrictives, en vertu du traité de Lisbonne de 2007, pour frapper l’économie russe, sans résultat concret et sans avoir joué un rôle de médiation entre les deux États impliqués dans la guerre en cours.

Dans ce contexte, la position du gouvernement italien, conditionnée et forcée par les choix de l’exécutif précédent [Mario Draghi], a été celle d’une soumission absolue, et la visite intempestive de Meloni à Kiev le démontre sans équivoque.

Compte tenu de ses relations amicales avec Moscou, l’Italie aurait pu et dû se placer dans une position de neutralité, favorisant à tous égards le dialogue entre les parties. Un choix qui aurait trouvé le soutien de la Hongrie et qui, de toute façon, étant donné son rôle d’État fondateur des Communautés européennes dans les années 50, aurait eu un impact politique très fort.

Meloni n’a ni les compétences, ni la volonté, ni les hommes pour faire un tel choix, le seul véritablement patriotique au sein d’un patriotisme vide, réduit à un simple « flatus vocis » [un souffle de voix] , incapable de saisir les véritables intérêts nationaux.

Meloni ne peut pas parler de paix quand l’Italie soutient inconditionnellement l’un des États impliqués, ni de reconstruction (combien d’intérêts ?) quand c’est notre pays qui doit être reconstruit ou plutôt refondé dans son « âme ».

Nous savions que les élections législatives du 25 septembre 2022 ne changeraient rien. Nous n’en avons que la confirmation. Pour ces raisons, grâce aussi à la médiocrité de la classe parlementaire, nous sommes au bord d’une catastrophe que nous espérons tous ne pas vivre…

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